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Comment s'affranchir de la FOMA DR Flair Canva

Comment se libérer de la FOMA quand on ne boit pas en soirée

Kathleen Wuyard

La FOMA? C’est le même principe que la FOMO, ou “fear of missing out”, sauf qu’ici, ce qu’on craint de regretter, c’est de ne pas boire d’alcool. Un sentiment qui peut s’avérer franchement saoulant en soirée.

D’autant que la FOMA, ou “fear of missing alcohol” (“peur que l’alcool nous manque”, en français), comme la FOMO, a quelque chose d’un peu irrationnel, puisqu’il s’agit d’une peur liée à une décision pourtant a priori prise en âme et conscience. Ce qui n’empêche pas d’angoisser à l’approche d’une soirée, d’autant que dans nos sociétés occidentales, où l’alcool reste un vecteur important de socialisation, parfois dès la puberté, la plupart des adultes n’ont jamais vraiment fait l’expérience d’un contexte festif entièrement sobre. Et se rendent compte, une fois qu’ils y sont confrontés, que socialiser en soirée sans les effets désinhibants de l’alcool demande quelques efforts.

Le vous qui aime tout le monde d’amour, se fait 3 BFF supplémentaires à chaque passage aux toilettes et est l’âme de la fête? C’est parfois (voire, chaque fois) plus difficile d’y accéder sans la moindre ébriété. Et pourtant, quand on sait qu’ainsi que le rapporte Sudinfo, “Delhaize prévoit de vendre 200.000 bouteilles de vins et mousseux sans alcool pour les Fêtes” en 2022, et que de manière plus générale, ces cinq dernières années, le volume des spiritueux sans alcool vendus en Belgique a plus que triplé, il est temps d’envisager la fête autrement. Et d’apprendre enfin à apprivoiser sa FOMA. Un processus qui passe aussi par l’acceptation de la personne qu’on est quand on est sobre.

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Braver la FOMA et autres angoisses

Même si ce n’est pas toujours simple d’y parvenir. Chloé (prénom d’emprunt), la trentaine, s’est ainsi découverte plutôt timide, voire même réservée là où elle se croyait sociable et extravertie.

Quand je n’ai plus pu boire en soirée parce que j’étais enceinte de mon aînée, j’ai vite réalisé que la tendance que j’avais à papoter avec tout le monde et mettre l’ambiance sur la piste de danse était entièrement liée à ma consommation d’alcool. Sobre, c’est limite si je ne m’écrasais pas contre les murs et j’avais beaucoup plus de mal à engager la conversation. J’ai d’abord blâmé ça sur la fatigue de la grossesse, mais après l’accouchement, les gueules de bois ne me manquaient pas, je n’avais plus envie de boire d’alcool et j’ai dû me rendre à l’évidence: cette meuf timide et pas toujours à l’aise en soirée, c’était celle que j’étais ‘pour de vrai'”.

Une réalisation partagée par la journaliste Ruby Warrington, qui après des années à enchaîner les événements alcoolisés (“C’était l’époque où Kate Moss titubait ivre en fin de soirée et tout le monde trouvait ça hyper cool”), a dû faire face à ses peurs quand elle a décidé d’arrêter de boire. La FOMA, donc, mais aussi “la peur d’être jugée, la peur d’être mise de côté par mes potes, la peur que ma vie devienne tout à coup super ennuyeuse et puis surtout, la peur de réaliser que j’avais un problème avec l’alcool” confie-t-elle au “Guardian“.

Si vous avez appris à votre cerveau dès l’âge de quinze ans que l’alcool est la condition sine qua non pour se sentir à l’aise dans des situations de sociabilisation, c’est normal que retirer cette substance de l’équation vous fasse flipper” analyse la journaliste.

Qui a découvert, pour sa plus grande surprise, que plus elle confrontait sa FOMA, en enchaînant sobre les événements où elle aurait bu d’ordinaire (un mariage, un anniversaire, un réveillon), plus elle réalisait ne pas avoir besoin d’alcool pour s’amuser, se sentir désinhibée ou avoir plus confiance en elle. “Au final, j’ai réalisé que je n’avais pas du tout besoin d’alcool, point”.

D’autres en viennent même à réaliser que loin d’être une solution, l’alcool est le problème. Une de nos journalistes, qui se pensait condamnée à finir chaque soirée en s’embrouillant vaguement avec son mec, se donnant plus ou moins en spectacle et passant le lendemain à repenser à la veille en grinçant des dents, a réalisé que sans l’alcool, ces situations disparaissaient.

Je croyais que c’était dans mon caractère, d’être un peu teigneuse et d’avoir tendance à parler trop vite ou chanter trop fort, me faire remarquer. En arrêtant de boire, j’ai découvert que j’avais juste ‘l’alcool pénible’ comme d’autres ont l’alcool triste, et que c’était seulement quand j’étais ivre que j’étais chiante”.

Et de savourer désormais des soirées où “non seulement je m’amuse super bien, mais en plus, je me dispute avec personne et je n’ai pas mal à la tête et au coeur le lendemain”. Mais comment en arriver à ce stade quand on a pris l’habitude d’associer fête et ébriété, ou du moins, consommation de boissons alcoolisées?

Se jeter à l’eau

Sobre désormais depuis plusieurs années, Ruby Warrington recommande de se forcer à accepter les invitations plutôt que de les refuser parce que “ce sera chiant sobre”, jusqu’à ce que faire la fête sans boire d’alcool devienne votre nouvelle habitude. Dru Jaeger, le co-fondateur de Club Soda, recommande quant à lui de vous trouver un·e camarade de sobriété, soulignant qu’en moyenne “une personne sur trois ne boit pas d’alcool, ce qui veut dire que vous n’êtes pas obligé·e de rester dans votre coin pendant que tout le monde s’enivre autour de vous”. Millie Gooch, la créatrice de la Sober Girl Society, insiste pour sa part sur l’importance de trouver de nouvelles boissons festives qui vous plaisent, plutôt que de vous rabattre par dépit sur de l’eau ou un soda. “Que ce soit du prosecco sans alcool ou un chocolat chaud, vous réjouir de siroter votre verre permet d’alléger la FOMA que vous pourriez ressentir” assure-t-elle à nos consoeurs de l’édition britannique de “Glamour“. Important également: avoir une explication toute prête de votre décision, afin d’éviter les “mais allez, juste un verre” insistants – et pour le coup, sincèrement saoulants.

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