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Ghosting - Getty
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Guide bienveillant pour se remettre du ghosting, l’art de disparaître sans nouvelles

Manon de Meersman

Les relations en ligne réservent leur lot de surprises, bonnes comme mauvaises. Et après l’échange de premiers messages enjoués et qui remplissent les cœurs d’espoir, il arrive parfois que la relation cesse d’un jour à l’autre, sans aucune explication. C’est ce qu’on appelle plus communément le “ghosting”.

Selon Bumble, application de rencontres, “le ghosting, c’est lorsqu’une personne coupe tout contact avec quelqu’un d’autre. Messages laissés sans réponse, appels ignorés, la personne disparaît du jour au lendemain, sans explication, tel un fantôme.” Et si vous en avez déjà fait les frais, vous devez sans nul doute savoir de quoi on parle.

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Un phénomène courant

“Je me suis fait ghoster quelques fois, nous raconte Marie. Les fois où ça m’est arrivé, c’était avec des garçons que j’avais vus plusieurs fois, on avait passé des soirées ensemble, on s’était embrassés et puis... Plus rien, aucune nouvelle ni réponse à mes messages, sans explication alors qu’au début c’était eux qui avaient l’air super emballés.” Même son de cloche du côté d’Élise. “Le tout premier vrai ghost a commencé il y a plus ou moins 2 ans, commence-t-elle. J’étais assez novice sur les apps de rencontre. J’avais matché avec un gars, ça a vite collé. On s’est vus, le date s’est super bien passé. On échange quelques messages après et puis... Je n’ai plus eu de nouvelles pendant une semaine. Je lui envoie un message pour savoir si tout va bien. Et il m’annonce qu’il a rencontré quelqu’un d’autre. Coup classique... Après cet épisode j’ai vécu 3 relations de plus ou moins 3 mois où tout se passait à merveille et où des paroles et des promesses ont été dites.

Le début d’une belle histoire à chaque fois. Mais du jour au lendemain, plus de nouvelles. Le mec disparaît de ma vie, pour finalement m’annoncer (après avoir creusé pour comprendre) qu’il ne veut plus continuer, “c’est pas toi, c’est moi”. On connaît toutes cette excuse.

Edouard s’est aussi retrouvé ghosté en se rendant sur des applications de rencontres. “Ça m’est arrivé deux fois, dont une fois où j’ai fini par avoir une réponse, ce qui m’a permis de mettre un terme définitif à mes questionnements, explique-t-il. Avec une fille, du jour au lendemain, plus de news du tout, malgré que le match était toujours présent dans l’app’. Puis on s’était échangés nos Insta et j’étais en « vu ». 0 réponse. Nada.”

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Une vague d’incompréhension

D’une personne à l’autre, les sentiments générés par ces ghostings ne sont pas évidents à gérer. “Se faire “ghoster” n’est pas une mince affaire, et selon les relations et les liens noués avec le fantôme en devenir, les réactions et les émotions de chacun peuvent diverger” précise Bumble. “Je me suis sentie rejetée et incomprise, nous avoue Élise. Le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal et de ne jamais pouvoir connaître la vraie raison.” Pour Edouard, c’est également se sentiment d’incompréhension qui prend le dessus. “Tu te remets en question en fait, explique-t-il. Comme c’est du ghosting, tu n’as pas les éléments de réponses à tes questionnements. Je me remets en question en me demandant si j’ai fait quelque chose de mal et si oui, de quoi s’agit-il? Si j’avais manqué de courtoisie ou de respect, je m’en serais rendu compte.” Pour Élise, il y a également ce sentiment où on n’ose plus dire les choses. “On n’ose plus discuter des sujets sensibles et on préfère ghoster plutôt que de confronter la vérité ou simplement discuter.” Une situation relatée par Edouard. “Je me suis fait ghoster par une nana que je voyais et avec qui j’avais l’impression de construire quelque chose. Mais au lieu de me dire qu’en réalité elle n’était pas prête, elle a préféré disparaître du jour au lendemain.”

Pour Élise, il y a également “le sentiment qu’on passe hyper facilement d’une personne à une autre. Car on a trop le choix. On s’arrête au premier obstacle. On ne discute plus. On prend la solution de fuir, comme un lâche, pour essayer de trouver mieux ou d’éviter les conflits.” Pour Elisabeth Meur-Poniris, professionnelle de l’éducation aux médias et artiste protéiforme à l’origine du projet “Intimités Numériques” avec la “Voix de Femmes”, cela s’explique par le fait que nous soyons aujourd’hui dans une société de la rentabilité.

On est dans l’idée que tu veux rencontrer quelqu’un, alors tu vas maximiser tes chances pour atteindre ton but, sans attendre que la rencontre se fasse de manière organique via des cercles”,

explique-t-elle. Tu vas choisir l’app’ de rencontres qui te correspond le mieux car tu souhaites rencontrer la personne que tu voudras. Il y a cette question d’optimisation de la rencontre et cette idée, fausse, que selon les paramètres proposés, tu peux trouver LA personne qui colle à ta personne. Pourtant, à force de vouloir chercher la personne parfaite, on passe à côté d’une rencontre dont la surprise fait partie intégrante. On cherche absolument une personne qui remplit les critères et si elle ne les remplit pas, on peut se permettre de la mettre de côté, et donc, de la ghoster.”

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Selon elle, cette pratique s’explique également par la vision consumériste des relations aujourd’hui avec les réseaux sociaux et les applications de rencontres. “On a accès à une multitude de profils, on passe d’un profil à un autre, on peut parler avec plein de monde en même temps. Si tu n’es pas satisfait, tu ne cherches pas plus loin car tu as d’autres occasions via cette multitude de profils.”

Appréhender les relations avec un nouveau regard

Se faire ghoster comporte de nombreuses conséquences, pouvant évoluer d’une personne à l’autre en fonction d’une série de facteurs propres à elle. Marie explique qu’aujourd’hui, elle tourne en boucle dans sa tête ces scènes de ghosting dès qu’une nouvelle rencontre ne lui répond pas directement. “Je me dis à chaque fois: ‘han non, il va, lui aussi, encore me faire ce coup-là'”. Élise a également développé une véritable crainte du ghosting vis-à-vis de chaque nouvelle personne qui rentre dans sa vie. “J’essaie de me montrer distante au début, me montrer cool, précise-t-elle. Je veux pas une réponse dans l’heure à mes messages, non, je suis du genre à laisser la liberté aux hommes. Mais dès qu’ils mettent trop longtemps à répondre je psychote et j’ai peur d’être rejetée de nouveau donc je me ferme et j’ose de moins en moins m’ouvrir à quelqu’un. J’ai peur qu’on se foute de ma gueule de nouveau et j’ai du mal à faire confiance.”

Pour Edouard, ces ghostings ont renforcé un mal-être déjà présent: celui d’un manque de confiance en soi. “Je suis sorti d’une lourde rupture et lorsque j’ai rencontré cette fille, qui a fini par me ghoster, cela m’a redonné de la confiance en moi. Ça m’a rendu heureux. Et lorsqu’elle a disparu du jour au lendemain, il y a eu cette nouvelle perte de confiance. Cette perte de confiance peut faire mal car tu te poses des questions avec les autres filles avec qui tu parles. C’est troublant. En réalité, lorsque je regarde les nouvelles rencontres que je fais aujourd’hui, je me sens davantage dans la retenue. Malgré le sentiment d’euphorie, je n’ose pas trop, et je mets une barrière psychologique. ‘Souviens-toi de la dernière fois’ me dit la petite voix dans ma tête. Quand t’as vécu déjà quelques déceptions, liées au ghosting, alors forcément ça affecte la façon dont tu appréhendes de potentielles nouvelles relations et la façon dont aborder via des messages les filles sur des apps de rencontres.” Un constat relaté par l’oeil professionnel d’Elisabeth Meur-Poniris en la matière. “Quand tu es ghostée, ta confiance est mise à mal. La sécurité que tu as à te montrer tel que tu es n’est plus et tu te sens trahi·e dans la confiance mise dans ces relations.”

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Le ghosting, un phénomène né des réseaux sociaux?

Et si le ghosting avait en réalité déjà existé sous une autre forme et était antérieur aux réseaux sociaux? Selon Elisabeth Meur-Poniris, “les réseaux sociaux ne changent pas la dimension des relations romantiques et de l’amour. Ils ne transforment pas l’amour. Ce qu’ils peuvent faire en revanche, c’est intensifier certains comportements, certaines dérives. Le numérique intensifie nos modes de communication et certaines tendances. Dans le cas du ghosting par exemple, on va dire que c’est à cause des réseaux sociaux, alors qu’en réalité, ce n’est pas forcément le cas. C’est l’histoire du mec qui part chercher ses clopes et qui revient jamais. Ça a toujours existé. C’était déjà le cas lorsque deux personnes correspondaient par lettres en réalité. Mais là où se situe la nuance et où la pratique est davantage démocratisée, c’est qu’avec les réseaux sociaux, c’est beaucoup plus simple de bloquer une personne. C’est un geste simple.” Pour la spécialiste, la décision est simplifiée par la technologie, à l’image de cet épisode de Black Mirror où il est possible de bloquer quelqu’un dans la vraie vie; celle-ci apparaît alors floue, tu ne l’entends plus, tu ne la vois plus.

Pour Elisabeth Meur-Poniris, on en revient également à cette vision consumériste de la société au travers des applications de rencontres et les réseaux sociaux. “On est dans une vision utilitariste des relations: on ne va pas tant chercher quelqu’un qui nous correspond mais quelqu’un qui remplit les cases. Le fait de ne pas donner d’explications et juste bloquer la personne, ça découle de la déshumanisation, tu te coupes de toute empathie. Ce geste de juste bloquer ou ne pas répondre, il est possible, mais il découle d’un tas de représentations et de conceptions de ce que sont les relations romantiques. C’est un continuum de représentations qu’on se transmet de génération en génération et se modifie avec les circonstances matérielles de chaque époque.”

Mais alors, comment réagir face au ghosting?

Histoire de s’y retrouver face à ce phénomène qui touche énormément de monde, Bumble nous livre ses meilleurs conseils “pour aiguiller celles et ceux qui ne savent pas comment affronter cette situation parfois délicate.”

Envoyer un message pour prendre de ses nouvelles

Les aléas de la vie font parfois qu’une personne avec laquelle nous avons l’habitude de discuter tous les jours, ne donne plus signe de vie pendant quelque temps. Avant de tirer la sonnette d’alarme, Bumble conseille d’attendre quelques jours avant d’envoyer un message pour prendre simplement de ses nouvelles et de déterminer si vous êtes vraiment en train de vous faire “ghoster”.

Se concentrer sur la suite

S’il l’on se retrouve face à un manque de réponse, ou si l’on ne souhaite pas envoyer un message, la meilleure des choses à faire est de passer à autre chose et de se concentrer sur les belles choses à venir. La question qui est alors à se poser est la suivante : “est-ce la façon dont j’ai envie de me faire traiter ?”. Au lieu de passer du temps à se concentrer sur les “et si”, il est important pour les célibataires en quête d’amour de prendre du temps pour eux, avec leurs proches et s’ils en ressentent le besoin, ne pas hésiter à bloquer celui ou celle dont on ne doit pas prononcer le nom sur tous leurs réseaux sociaux. La reine du rangement sera très fière du grand ménage effectué !

Se transformer en “ghostbuster”

Oublier un crush peut se révéler être une tâche difficile pour de nombreuses personnes. Pour tourner la page, ils auront peut-être besoin d’extérioriser leurs sentiments et d’exprimer au “ghost” ce qu’ils ressentent. Attention tout de même à ne pas attendre une réponse de sa part. Le message envoyé doit uniquement parler des émotions du “ghosté” et de ce que la disparition du “ghosteur” a pu provoquer. Et cela, toujours dans la bienveillance et le respect !

Ce n’est pas moi, c’est eux

Se faire “ghoster”, c’est tout simplement dû à un problème de communication. Cela relève des défauts du “ghosteur”, des traits de sa personnalité et ne vient en aucun cas de ce que vous auriez pu dire ou faire. La meilleure réponse au “ghosting”, c’est de passer à autre chose et de garder la tête haute !


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