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““Evitez les protections hygiéniques comme filtre à masques””, le conseil qui fait bouillir le sang

Kathleen Wuyard

Comme de nombreux Belges en ces temps anxiogènes, ce mardi soir, Anysia était devant le journal télévisé. Soudain, surprise: lors d’un sujet sur les masques faits maison, la journaliste rappelle qu’il ne faut pas utiliser de serviettes hygiéniques comme filtres, “en raison des produits chimiques qui pourraient être inhalés”.


Devant son écran, le sang d’Anysia Costa Silva Ducastel ne fait qu’un tour. “Si ces produits chimiques sont si dangereux, pourquoi est-ce qu’on autorise la vente de serviettes pour l’hygiène intime?” s’interroge la jeune bruxelloise. Qui, dans la foulée, décide de filmer sa réaction à chaud, dans une vidéo vue entretemps plus de 2 500 fois en moins de 24 heures. “Ce n’est pas dans mes habitudes de me filmer, mais je suis scandalisée par ce que j’ai entendu, et c’est important que certaines voix s’élèvent pour dénoncer ça” commence la jeune femme.

C’est assez hallucinant: on nous dit qu’on ne doit pas utiliser de protections périodiques parce qu’elles sont bourrées de produits chimiques, mais en même temps, que les femmes utilisent chaque mois ces mêmes protections bourrées de perturbateurs endocriniens, ce n’est pas un problème”.


Une indignation qui fait écho à un mouvement grandissant d’opposition aux protections hygiéniques, qu’il s’agisse des fameuses serviettes ou des tampons, tous deux accusés d’être bourrés de produits nocifs pour la santé. Sans pour autant qu’on mette ces dangers en avant: l’auteure de l’article a ainsi découvert au détour d’une conversation alarmée avec son frère, alors étudiant en médecine, qu’il lui fallait remplacer les tampons par la cup, “parce qu’il y a plein de produits chimiques et de perturbateurs endocriniens dans les tampons et que c’est très mauvais pour ta santé”.

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Des pesticides interdits


En 2018, un rapport français de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), signalait ainsi la présence de lindane et de quintozène dans les protections hygiéniques commercialisées en France. Ces produits ne vous disent rien? Ils sont pourtant tout sauf inoffensifs, puisqu’il s’agit non seulement de pesticides, mais aussi que leur usage est interdit en Europe depuis 20 ans. Et comme si leur présence seule n’était pas suffisamment inquiétante, on retrouvait aussi phtalates, dioxynes et même glyphosate dans la liste des ingrédients, autant de substances aux effets cancérigènes et/ou reprotoxiques. Pas étonnant, donc, qu’on déconseille d’utiliser une serviette hygiénique comme filtre. Même si, s’il est tout à fait déconseillé de se coller une serviette hygiénique sur la bouche pour respirer, cela ne veut pas dire qu’il faut céder à la panique pour autant.

Voie cutanée vs voies respiratoires


Malgré une liste plutôt inquiétante de substances relevées dans les composants des protections hygiéniques, l’Anses avait toutefois conclu à “l’absence de risque sanitaire par voie cutanée”, les substances nocives étant toutes présentes en très faibles concentrations, “sans dépassement des seuils sanitaires”. De quoi expliquer, autrement qu’en faisant appel aux théories complotistes, pourquoi on nous autorise à glisser des serviettes dans nos sous-vêtements mais pas dans nos masques. Reste que l’Anses avait toutefois précisé que ses calculs de risque ne prenaient pas en compte les effets perturbateurs endocriniens de ces substances chimiques. À l’hiver 2019, 60 Millions de Consommateurs avait à son tour tiré la sonnette d’alarme et dénoncé la présence de substances chimiques dans les produits d’hygiène intime. Des accusations auxquelles le syndicat français des fabricants Group’hygiène avait répliqué la quantité infime dans lesquels ces produits, qui permettent notamment de blanchir le tissu ou de neutraliser les odeurs, sont présents. Un taux qui “peut être si faible qu’il équivaut à un carré de sucre dans 2 000 piscines olympiques” assurait le syndicat. Une tentative de noyer le poisson? Quel que soit votre mode de protection hygiénique de choix, soyez en tout cas certaines de ne pas l’utiliser comme filtre dans votre masque.

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