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© Getty Images/iStockphoto

TÉMOIGNAGES: « J’ai la vingtaine et je gère une entreprise »

La rédaction

Dynamisme, persévérance et enthousiasme contagieux sont les points communs de Hassan et Colin. Nous leur avons demandé leur secret pour parvenir à occuper des postes aussi importants à un si jeune âge.

Ils sont jeunes et s’investissent corps et âmes dans leur job, ces deux entrepreneurs nous racontent leurs parcours.

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Hassan al Hilou, 24 ans, a été, à 15 ans, le plus jeune entrepreneur de Belgique

« À 15 ans, quand je n’ai pas pu décrocher un job d’étudiant, j’ai lancé mon propre projet. J’y voyais le seul moyen de m’élever, tant socialement que financièrement. Mon ambition a toujours été plus grande que ce que mon entourage pensait possible. Je voulais créer un succès dont moi, mais aussi ma famille et mes amis, pourrions profiter, mais j’ai vite réalisé que je voulais plus qu’une réussite commerciale. J’ai ressenti une sorte de devoir social. Au fil des ans, j’ai compris que l’entrepreneuriat était un puissant levier d’impact collectif. Il ne s’agit pas seulement de faire du profit. Ça offre aussi l’opportunité de ­contribuer à une ­société meilleure. À 20 ans, j’ai fondé ­Capital, une ­organisation à but non lucratif qui cible les jeunes à Bruxelles, en promouvant l’esprit d’entreprise.

Aujourd’hui, nous avons déjà touché plus de 10.000 jeunes, à Bruxelles. Je donne également des ­conférences et des ateliers sur la diversité et l’inclusion, tant pour les grandes entreprises que pour le ­gouvernement. Mon histoire symbolise les possibilités qui existent quand on est ambitieux et que l’on s’engage à avoir un impact social. Tout le monde a des talents uniques qui peuvent être développés, et je veux encourager les jeunes à les exploiter.

Un café avec un ministre

En tant que jeune, on peut vite être étiqueté, mais ça ne limite en rien mes ambitions et mes rêves. C’est quoi être jeune? Je n’ai peut-être que 24 ans, mais je suis entrepreneur depuis 9 ans. Au fil des ans, j’ai appris que l’entrepreneuriat est un état d’esprit qui vous permet d’être créatif et proactif, que vous ayez ou non un numéro de TVA. Il n’est pas nécessaire de diriger une entreprise pour avoir l’esprit d’entreprise. L’état d’esprit entrepreneurial c’est avant tout la poursuite d’objectifs communs. Pour ­certains entrepreneurs, l’objectif est de devenir le plus grand possible, mon enjeu est l’inclusion et la diversité. Si je fais du bon travail, à long terme, je n’aurai plus d’emploi parce que la culture de l’inclusion sera partout.

Avec les amis de mon âge, je pars en vacances ou je fais des ­activités, mais parler de mon travail, je le fais surtout avec des gens du monde de l’entreprise. Par exemple, je vais prendre un café avec des ministres et des PDG qui me soutiennent dans ma carrière. Je recommande aux gens de mon âge qui aspirent à une carrière ­similaire de bien expliquer la raison qui les pousse à ­entreprendre.

Si je fais du bon boulot, à long terme, je n’aurai plus d’emploi, car la culture de l’inclusion sera partout.

Quel est l’impact que vous voulez obtenir? Si vous savez pourquoi vous le faites, vous conserverez votre énergie, même dans les moments difficiles. Un autre conseil important est de s’entourer des bonnes ­personnes. C’est en travaillant ­collectivement que l’on ­obtient des résultats. Mon rêve est de contribuer à réduire le chômage des jeunes. Je veux apporter un vrai ­changement social. Pour les 5 prochaines années, c’est mon objectif. »

Colin Deblonde, 25 ans, a créé son entreprise à 21 ans

« Juste avant la crise sanitaire, j’ai créé, avec 2 amis, Dripl, un distributeur ­automatique de boissons gazeuses saines sans emballage. Mes ­cofondateurs et moi étions encore étudiants et comme il n’y avait rien d’autre à faire à cause de la Covid, nous avions le temps de développer notre idée. Aujourd’hui, Dripl compte 20 employés et j’en suis le directeur ­général. Durant mes études en dévelop­pement de produits, nous avons été encouragés à résoudre des problèmes importants de la manière la plus durable possible. À ce moment-là, nous avions déjà envie de créer quelque chose parallèlement à nos études. Ces 2 éléments ont constitué le ciment du projet. Le déclic s’est produit lorsque nous sommes passés devant un ­distributeur de boissons dans une gare et que nous avons trouvé ridicule de ne pas pouvoir remplir nos gourdes avec des boissons fraîches. Nous nous sommes alors dit qu’il fallait peut-être réinventer l’industrie des boissons fraîches. Nous avons commencé à construire des ­prototypes pour une remplisseuse. Une semaine avant le confinement, nous l’avons testée sur un campus. Ça s’est très bien passé et, après une couverture médiatique, l’intérêt des investisseurs a suivi.

Quand je rencontre quelqu’un, je dis que je bosse dans une start-up, pas que je l’ai cofondée. 

Parallèlement, j’ai ­entamé un master en Économie d’entreprise, mais comme Dripl fonctionnait très bien, j’ai interrompu mes études. Peut-être obtiendrai-je un jour ce diplôme supplémentaire. En tout cas, ma maman serait ravie, même si mon travail quotidien sur le terrain est le meilleur moyen d’apprendre. C’est du pur développement personnel. Au début de notre activité, j’ai remarqué un décalage avec mon entourage. Le contraste entre les occupations de mes amis et les miennes était très grand. Maintenant qu’ils sont diplômés et qu’ils ­travaillent, cet écart se réduit un peu. Ils me taquinent parfois en disant: ‘Voilà le PDG’. D’ailleurs, quand je ­rencontre de nouvelles personnes, je leur dis que je travaille dans une start-up. Ce n’est que lorsqu’ils me posent des questions que je confie être cofondateur.

Peut-être obtiendrai-je ce diplôme supplémentaire plus tard, mais mon travail quotidien est le meilleur moyen d’apprendre.

Grand optimiste

Je souffre encore parfois du syndrome de l’imposteur, mais plutôt quand je suis ailleurs qu’au sein de notre équipe. Quand vous êtes si jeune, vous avez besoin d’être entouré de personnes expérimentées. C’est ce que nous recherchons. Nous donnons à nos ­collaborateurs beaucoup de liberté, mais aussi beaucoup de responsa­bilités. Parfois, je me dis: ‘Ne devrais-je pas profiter ­davantage de ma jeunesse?’ Mais j’aime vraiment mon travail et je n’ai jamais l’impression de bosser. Ma ­copine n’apprécie pas toujours mes longues journées, mais nous avons aujourd’hui un meilleur équilibre qu’avant. Au ­début, j’ai dû renoncer à certaines choses comme voir des amis ou partir skier. Aujourd’hui, je peux à nouveau dormir 8 heures et avoir des loisirs (rires).

Récemment, j’ai commencé la boxe. Je marche et je nage régulièrement, et je trouve que la cuisine est très ­méditative. Il m’arrive de prendre une semaine de ­vacances dans le sud de la France, en Italie ou en Espagne pour travailler de là-bas. J’aimerais beaucoup vivre un jour à l’étranger, près ou loin, car j’attache beaucoup ­d’importance à ma liberté. Mais c’est encore un peu flou pour l’instant. Ma plus grande compétence, c’est mon ­optimisme. En tant ­qu’entrepreneur, on est confronté à tant d’obstacles et on doit renoncer à tant de choses, qu’il vaut mieux être optimiste par nature. Il faut continuer à y croire, mais aussi être réaliste. Mon rêve est de faire de Dripl une grande entreprise, car je pense que notre ­mission est utile. Il y a tellement d’emballages en ­plastique, c’est absurde. Notre ambition est de permettre d’éviter 1 milliard d’emballages d’ici 2030. Actuellement, nous en sommes à 2,2 millions, mais nous voulons opérer à l’échelle mondiale et ­travaillons activement notre plan d’expansion. »

Texte d’Arkasha Keysers et Emilie Van de Poel

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