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© Getty Images

Aux indignés du clitoris géant à Paris: lisez ceci

Justine Rossius

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, un clitoris gonflable de 5 mètres de haut a été installé sur le parvis des Droits de l’Homme à Paris. Un happening militant dont le message n’est pas passé auprès de tout le monde.


Le 8 mars, un clitoris gonflable a été installé sur le parvis des Droits de l’Homme, dans la Ville Lumière. Cette œuvre couillue a été réalisée par Julia Pietri, artiste féministe et créatrice du compte « Gang du Clito » pour dénoncer l’analphabétisme sexuel institutionnel à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Mais visiblement, ce message n’est pas passé auprès de certaines personnes, qui ont cru à une blague. Sur les réseaux sociaux, l’initiative a provoqué une vague d’indignation, beaucoup dénonçant un acte « ridicule » et « puéril ». « Du grand n’importe quoi », peut-on aussi lire en commentaires d’articles reléguant l’action, ou encore « Quelle représentation de la femme, c’est réducteur et dégradant ! », « Ça ne fera pas avancer les droits des femmes ». Notre préféré ? « Malheur aux petits garçons qui vont croire que ça ressemble à ça ? C’est ça qu’elles veulent ? Terroriser les mâles en devenir ». Force est de constater que le clitoris fait encore peur. Et qu’en érection, il suscite l’indignation.

 

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Cachez ce clitoris que je ne saurais voir


Si les pénis sont partout, le clitoris n’est nulle part. Comme l’exprime l’artiste à l’origine de cette œuvre dans le magazine militant Causette, la première échographie du clitoris date seulement de 2008. Si vous nous lisez ici, vous étiez donc certainement déjà né·e depuis belle lurette lorsque cette partie de votre anatomie commençait seulement à susciter l’intérêt du monde scientifique. Le clitoris est pourtant un organe à part entière, comme l’estomac, la langue ou le pénis. La différence : sa seule et unique fonctionnalité est le plaisir féminin. Plaisir… et déplaisir d’ailleurs. La plupart des gynécologues n’ayant pas creusé le sujet du clitoris durant leurs études, leurs connaissances en la matière sont souvent limitées. Comme l’exprime la tribune publiée dans Causette,

Le clitoris n’a pas de liste officielle de pathologies médicales comme son homologue le pénis. (…) Comme tous les organes, il possède sûrement ses pathologies, mais conséquence du manque de recherches publiques, elles restent inconnues des praticien·ne·s ; ce qui engendre des retards considérables de diagnostics médicaux.


Si vous souffrez de vaginisme ou de vulvodynie et que vous en parlez avec un·e médecin, vous vous verrez encore entendre que c’est dans votre tête ou qu’il suffit de vous détendre. Et ça, c’est un réel problème. Tout ça alors que de l’autre côté, les recherches concernant les problèmes érectiles du pénis existent. Quand on sait que la moitié de la population est pourvue d’un clitoris, il serait temps de se pencher sur ses éventuels soucis.

Lutter contre l’analphabétisme sexuelle


Alors ce clitoris qui fait la course vers le ciel avec la Tour Effel n’est pas qu’un simple ballon, dont la vocation est de faire sourire les passants ou de provoquer l’indignation. C’est une œuvre qui donne à réfléchir, qui interroge sur la place du clitoris dans la société. Qui tente de le rendre davantage visible que dans les manuels scolaires, où il reste en grande partie absent. Ce n’est pas une blague de « touche-touche-pipi », c’est d’un enjeu sociétal dont on parle ici. Car comme l’exprime l’artiste, comment peut-on enseigner la conscience du consentement aux jeunes filles si on ne traite pas leur sexe de la même manière que celui des hommes ? « S’il n’y a rien entre les jambes, il n’y a rien à protéger. Parler du clitoris s’inscrit aussi dans une lutte contre la culture du viol. » Visibiliser le clitoris reste encore un acte politique, dans une société qui peine à l’exhiber. En tant qu’organe longuement nié, oublié, méprisé, le clitoris est aussi et avant tout un symbole fort dans le combat pour l’égalité. Le clitoris: un organe aussi puissant qu’invisibilisé, invisibilisé parce que puissant. À l’instar des femmes puissantes et invisibilisées que nous sommes et avons été.

 

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