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Double vie - Getty
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À COEUR OUVERT: ““Il menait une double vie””

Manon de Meersman

Parfois, il arrive que l’on fasse confiance aveugle aux mauvaises personnes. Mais la vérité finit toujours par éclater. Ambre* nous raconte comment, après cinq ans de relation, elle a découvert que son compagnon menait une double vie.

Ambre*, 32 ans, était avec Baptiste*, 30 ans, depuis cinq longues années. Ils s’étaient rencontrés via des amis communs, lors d’un anniversaire. “Je peux réellement parler d’un coup de foudre”, se rappelle Ambre. “Je lui trouvais beaucoup de charme, en fait! Il avait un sourire magnifique, et dès que j’ai commencé à parler avec lui, j’ai compris qu’il était intéressant, en plus d’être séduisant”, nous confie-t-elle. Mais ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que cet homme qui se dressait devant elle allait lui faire vivre un cauchemar, sans même qu’elle ne s’en rende compte...

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Une histoire d’amour idyllique

Très vite après cet anniversaire, Ambre et Baptiste se sont mis à se fréquenter. “Il sortait le grand jeu à chaque rendez-vous. J’avais droit à des surprises, à des fleurs, à des pâtisseries... Vraiment, il a eu mon cœur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire! Et je pense qu’il était foncièrement gentil, qu’il ne faisait pas semblant...”, ajoute Ambre, qui nous raconte avoir emménagé dans l’appartement de Baptiste après six mois de relation, tant tout se présentait comme une évidence entre eux. “Baptiste était quelqu’un qui me parlait facilement de sa vie. Il me racontait ses journées au travail, ses histoires de soirée avec ses potes, ses soucis familiaux... Vraiment, il n’avait aucune gêne à m’expliquer les détails de son quotidien.” Après trois ans de relation, Baptiste propose à Ambre de déménager, et de prendre un appartement à eux deux. “Il me disait que, comme ça, je me sentirais vraiment chez moi, car ici, ça restait son appart’ à lui, où il avait vécu plein d’histoires”, nous explique Ambre.

On a alors déménagé. On allait avoir notre appartement à tous les deux. En revanche, je ne voulais pas acheter, car je n’en avais pas les moyens, même si lui, c’était l’option qu’il préférait.

, ajoute Ambre, qui au final, se remercie aujourd’hui d’avoir pensé de la sorte. “On était merveilleusement bien dans cet appartement! On filait réellement le parfait amour avec Baptiste, mais ce déménagement a été le basculement de notre équilibre. Jusqu’ici, évidemment, comme tous les couples, on avait eu des hauts et des bas, mais trois fois rien. Jamais de disputes malsaines, jamais de reproches, jamais rien qui aurait pu me faire croire qu’un jour, le Baptiste que je connaissais alors prendrait les traits d’une mauvaise personne.”

La puce à l’oreille

En trois ans, Ambre avait eu l’opportunité de rencontrer toute la famille – ou presque – de Baptiste. “Je m’entendais super bien avec sa maman, qui me considérait comme sa fille. Il faut dire qu’elle a eu trois garçons, alors elle était ravie d’avoir une belle-fille avec qui le contact passait si bien!”, explique Ambre, qui a commencé à douter de son compagnon au détour d’une conversation avec sa belle-mère. “J’étais à un repas de famille lorsque j’ai entendu une conversation que je n’aurais pas dû... C’est super cliché, mais je ramenais les assiettes dans la cuisine quand j’ai entendu Corine dire d’un ton sec à son fils quelque chose du genre: ‘Tu penses pas que ça serait bien de lui parler de Salomé*?’. Mon coeur s’est arrêté, mais j’ai fait comme si de rien était. Je me suis dit que j’avais mal compris. De toute façon, j’étais incapable de dire quoi que ce soit. J’étais stupéfaite...”, confie Ambre, qui a préféré se réfugier dans le déni. “Je me suis convaincue que j’avais mal entendu, que c’était trop gros pour que ça soit réel. Malgré tout, je suis restée en alerte, et j’ai commencé à devenir parano. Autant Baptiste que moi avions des gros horaires au travail, et dès qu’il rentrait tard, je le suspectais d’avoir fait quelque chose de mal. Mais j’étais incapable de lui en parler. J’avais trop peur de tout perdre, ou pire, de passer pour une folle”, explique Ambre.

Jusqu’au jour où la réalité l’a emporté sur la paranoïa. “J’ai laissé couler plusieurs mois sans dire quoi que ce soit à propos de ce que j’avais entendu. Des mois à me torturer l’esprit, des mois à me poser mille questions, des mois à me sentir incapable d’évoquer ce que j’avais entendu dans la cuisine ce jour-là. Ce que je remarquais, en revanche, c’est que Baptiste avait changé. Ou alors, c’est mon regard sur lui qui avait, inconsciemment, évolué... Toujours est-il, il s’absentait de plus en plus souvent, et là où, avant, je me disais qu’il était avec ses potes, désormais je doutais totalement. J’ai laissé ces doutes m’envahir, jusqu’à ce qu’un jour, je m’évanouisse de stress et d’angoisse, alors que j’étais au boulot. Directement, Baptiste est venu me voir à l’hôpital. J’ai été obligée de lui dire, je n’avais plus le choix.

Il m’a dit que Salomé était en réalité sa tante, que sa mère a retrouvé des années plus tard, alors qu’elles avaient coupé le contact des années avant. Il a ajouté que Salomé était atteinte d’un cancer, et que ses jours étaient comptés.

, explique Ambre. “Je lui ai alors posé mille questions: ‘Pourquoi tu ne m’en as pas parlé?’, ‘Comment cette tante a redébarqué dans vos vies alors qu’elle n’avait plus donné de signe de vie?’, ‘Pourquoi est-ce que le sujet avait l’air si tabou?’ Bref, je l’ai assailli de nombreuses interrogations. Et pour chacune d’entre elles, il avait une réponse. Il m’a expliqué que Salomé n’était pas une bonne personne, et qu’elle avait fait beaucoup de mal à sa maman, et que c’est la raison pour laquelle il ne m’en avait pas parlé. Il a ajouté que lorsqu’elle a appris qu’elle avait un cancer, elle est venue demander pardon à sa mère, et qu’elle voulait rattraper le temps perdu pour les mois de vie qui lui restait. Il m’a dit qu’il ne voulait pas me mêler à ça, qu’il voulait me protéger de cette dame, en qui il n’avait aucune confiance. En vrai, son histoire tenait debout, et tout s’emboîtait parfaitement. Il m’a même expliqué qu’il allait la voir certains soirs, pour faire plaisir à sa maman. Il s’est excusé de ne pas m’en avoir parlé, il se sentait terriblement mal. Jamais il n’a voulu que j’atterrisse à l’hôpital parce que j’avais des doutes. Voyant sa détresse, je lui ai fait confiance. Et pendant plusieurs mois, tout s’est bien passé à nouveau. Je ne posais pas de questions, car il m’avait bien dit que c’était un sujet qui le mettait mal à l’aise, et je n’en ai pas parlé à sa mère non plus. Je voulais respecter leur histoire.

Une relation basée sur le mensonge

Plus ou moins deux ans après ça, au bout de cinq ans de relation, Ambre a fini par découvrir que tout ce que lui avait raconté Baptiste était faux. “Je l’ai découvert de la manière la plus débile du monde”, confie Ambre. “On était à un festival entre potes, et on avait bien bu. Je n’étais pas complètement ivre, mais Baptiste, lui, en revanche, était vraiment bien entamé! C’était d’ailleurs rare que ça arrive. Il m’a filé son téléphone pour que je prenne une photo de lui et d’un de ses amis. Sauf que par erreur, j’ai supprimé l’une des photos d’eux deux qui était géniale! Je lui ai demandé de faire le Face ID pour récupérer dans ses éléments supprimés la photo. Et là, j’ai cru que j’allais m’effondrer. Il y avait des photos d’une petite fille... Comme j’étais sous l’emprise de l’alcool, toutes mes peurs de le perdre si je posais des questions se sont effondrées et je lui ai demandé sans détour de qui il s’agissait. La petite fille avait l’air d’être si jeune... ‘C’est pas ce que tu crois’, a-t-il bredouillé, avant que j’enchaîne en lui demandant: ‘Salomé, c’est pas ta tante, en fait...’. Même moi j’étais choquée d’entendre ces mots sortir de ma bouche. J’étais désemparée, car au plus il essayait de se justifier, au plus je perdais confiance... Avec l’alcool, le moment est flou... On est rentrés du festival, on a fait chambre à part, et le lendemain, je l’ai confronté.

Il m’a alors tout avoué. Il m’a dit que Salomé était sa fille. Qu’elle était effectivement âgée de près de deux ans.

, explique Ambre. “Cela voulait dire qu’il m’avait trompé, et qu’en plus, il avait eu un enfant avec une autre. Il avait tellement bien caché son jeu, que je n’ai rien vu. Je me suis sentie tellement bête, tellement humiliée, tellement trahie! Il m’avait trompée quelques mois avant qu’on déménage. La fille est tombée enceinte, et elle lui a dit qu’elle voulait le garder, qu’il s’en occupe ou non. Dans un premier temps, c’est pour cela qu’il a voulu déménager: pour s’éloigner de cette nana. Et c’est aussi pour ça qu’il voulait acheter, pour consolider le lien qu’il avait avec moi. Sauf qu’une fois que la petite est née, la femme avec qui il m’avait trompé lui a envoyé une photo, et il s’est dit qu’il ne pouvait pas laisser cette petite fille grandir sans son père. Alors il est passé en mi-temps au travail, sans que je le sache et que je ne m’en rende compte, et il s’est occupé de Salomé. Et visiblement, tout le monde était au courant, sauf moi.”

Ambre explique avoir quitté Baptiste sur-le-champ, et avoir sombré dans une terrible dépression qui a duré près d’un an. “C’était l’enfer, il m’a fallu des mois pour accepter la vérité. J’en voulais à la terre entière, je me sentais sale, et je me culpabilisais de n’avoir rien vu, volontairement aussi, sûrement.” Aujourd’hui, Ambre n’a plus aucun contact avec Baptiste, ni avec sa famille. “Aujourd’hui, je vais mieux, mais je suis suivie par une thérapeute, car je ne parviens plus à croire quiconque, et j’ai développé de gros soucis de confiance. J’avance, petit à petit... Je m’occupe de moi-même, je prends du temps pour moi, et je soigne mon coeur et mon esprit chaque jour un peu plus”, conlut-elle.

*prénoms d’emprunt afin de garantir l’anonymat.

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