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Pourquoi le docu ““Je ne suis pas une salope”” fait scandale en France

Kathleen Wuyard

“Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”: dès le titre, le documentaire réalisé par la journaliste de sport Marie Portolano sur le quotidien de ses consoeurs annonçait la couleur. Sauf que chez Canal+, on a plutôt ri jaune en réalisant que le chroniqueur sportif phare de la chaîne, Pierre Ménès, était impliqué. Des passages que Canal+ a simplement choisi de censurer, même si ce choix est loin d’avoir eu l’effet escompté.


C’est que depuis, le nom de Pierre Ménès est sur toutes les lèvres, les accusations à son égard se multiplient et des compilations de ses moments les plus inacceptables circulent déjà en ligne, entre référence aux “jouets” (des femmes, ndlr) de Ronaldinho qu’il acceptait de “prêter” et celui où il embrasse de force la journaliste sportive Francesca Antoniotti sur un plateau. Des coup-francs bien susceptibles de mettre le chroniqueur hors-jeu, le hashtag #PierreMenesout étant dans le top des tendances Twitter depuis que “Les Jours” a révélé la censure effectuée par Canal+ pour le protéger.

https://twitter.com/salomesaque/status/1374074267445432330

“Je ne suis pas une salope” censuré par Canal+


D’après Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, qui ont dénoncé l’affaire pour “Les Jours”, “des passages où le chroniqueur foot maison était mis face aux atteintes sexuelles qu’il a commises sur deux femmes, journalistes de sport à Canal+”. Dont une agression sur Marie Portolano elle-même, qui l’accuse d’avoir soulevé sa jupe avant de lui attraper les fesses hors-antenne en 2016, alors qu’ils collaboraient au Canal Football Club. Quant à l’autre séquence censurée, elle montrerait Pierre Ménès, toujours sur le plateau du Canal Football Club, embrassant sans son consentement la journaliste Isabelle Moreau en 2011. Deux séquences qui laissent supposer que Canal+ n’a peut-être pas tant voulu le protéger lui qu’elle-même, la chaîne étant attaquée de tous les côtés sur les réseaux pour son manque de réaction alors que “d’autres ont été suspendus pour moins que ça”.

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Et Pierre Ménès lui alors? Il nie en bloc et se dit victime d’une chasse aux sorcières, accusant notamment Isabelle Moreau d’avoir réagi “à l’aune de #MeToo” et assurant qu’il y a cinq ans, l’affaire “serait passée crème”. Avant de jouer la carte éculée de la victimisation et de la mémoire défaillante sur le plateau de “Touche Pas à Mon Poste”.

C’est horrible pour moi et pour ma femme. Il y a eu une déferlante de haine sur les réseaux sociaux. Je ne l’ai peut-être pas volé. Dans cette séquence, je dis une seule connerie : que je le referais”.


Et d’ajouter au sujet de “cette histoire de jupe”, que “je sais pourquoi je ne m’en souviens plus. Les faits remontent au 28 août 2016, lors de ma dernière émission avant que je tombe malade. Je n’étais pas dans mon état normal. J’ai essayé de fouiller dans ma mémoire pour me souvenir”.

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“Hallucinant de se dire qu’il est encore en place”


Qu’à cela ne tienne: si sa mémoire le trahit, la mémoire collective, elle, ne faiblit pas, et d’autres journalistes ont ajouté leurs témoignages à ceux du documentaire. Interviewées par “Le Parisien”, elles racontent “un gros lourd”, un “mec à l’ancienne” qui se “croit entre couilles et refuse le changement”, l’une d’elles confiant trouver “assez hallucinant de se dire qu’il est encore en place” tandis qu’une autre refuse tout bonnement de témoigner, de crainte que “lui et ses soutiens me reconnaissent et nuisent à ma carrière”. Quant à savoir si cela va nuire à celle de Pierre Ménès, à l’heure d’écrire ces lignes, il semblerait qu’il n’ait rien à craindre, ou du moins c’est ce qu’il affirme: sur le plateau de Cyril Hanouna, il a ainsi assuré avoir le soutien entier de Canal+ et ne pas s’inquiéter pour son avenir sur la chaîne.

https://twitter.com/ImVador/status/1374285438718971904

Et d’ajouter encore ne pas pouvoir “m’expliquer comment j’ai pu faire ça. Je peux comprendre qu’on me critique de façon violente. Ils ont raison d’être en colère et de m’en vouloir. J’ai beaucoup changé depuis ma greffe (en 2016, ndlr). Je suis plus apaisé et on ne me reprendra plus jamais à faire des choses comme ça”.  C’est que contrairement à “il y a cinq ans” (sic), ça ne passe plus vraiment crème maintenant.

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