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Témoignage: ““Mon homme m’a quitté à cause de mon cancer du sein””

Barbara Wesoly

L’amour est censé être plus fort que tout. Mais quand la tragédie frappe, certains couples ne s’en sortent pas indemnes. Wendy, 38 ans, a été plaquée par son mari à cause de son cancer du sein et racontecomment leur relation a succombé à la douleur, au chagrin et au désespoir.


“Nous avons été mariés pendant sept ans et nous avons eu deux enfants. Nous avons essuyé pas mal de revers par le passé. Je nous considérais donc comme un couple solide, capable d’affronter les difficultés. À 33 ans, j’étais une jeune femme en bonne santé, qui n’avait presque jamais été malade… Jusqu’à une nuit, dans mon lit, lorsque j’ai senti une boule dans ma poitrine. Dès le lendemain, j’ai appelé mon gynécologue. Il m’a reçue le jour même et a confirmé mes craintes: la boule saillait sous la peau de façon alarmante. J’ai fait plusieurs tests et, après quelques jours, j’ai eu le diagnostic: cancer du sein. J’étais en panique totale, je pensais à mes enfants, à ce qui allait leur arriver si je ne survivais pas au cancer… J’ai fondu en larmes. Mon mari, lui, est resté très calme. Il a tout de suite dit: ‘Ensemble, on va s’en sortir.’ Il ne m’a pas aidée dans les tâches ménagères, mais il a été un énorme soutien moral pour moi.

Un corps mutilé


Deux semaines après le diagnostic, je suis passée sous le bistouri. A priori, on devait juste m’enlever la tumeur. Mais peu de temps avant l’opération, le chirurgien a changé d’avis… Il ne voulait pas prendre de risque, il a préféré l’ablation totale. J’étais complètement perdue, je n’avais pas eu le temps de me préparer. Je pensais qu’après la chirurgie, je ne pourrais plus me considérer comme une femme et que je serais dégoûtée par ma propre apparence… Mais mon mari a insisté, m’a convaincue d’accepter cette amputation. C’est en pleurant que je suis partie à l’anesthésie. Après l’opération, j’ai été soulagée de ne plus avoir la tumeur, mais terrorisée à l’idée d’affronter mon corps mutilé. J’avais perdu ma féminité et je me sentais incroyablement fragilisée. Une fois rentrée chez moi, j’ai fait du mieux que j’ai pu pour reprendre le cours de ma vie. Mais l’incertitude sur mon état et mon corps meurtri me poussaient à me refermer sur moi-même. Mon mari rentrait de plus en plus tard du travail et disait qu’il était très occupé. Mais quand il est rentré ivre, un soir, et que j’ai trouvé des traces de maquillage sur sa chemise, je me suis mise à enquêter. Et j’ai rapidement découvert qu’après le travail, il allait souvent passer la soirée avec des amis.

12 kilos en moins


Je l’ai immédiatement confronté avec ce que j’avais découvert, mais il a nié avec véhémence. À cette époque, notre vie sexuelle n’était pas au beau fixe: mon mari se dérobait souvent. J’avoue que ça ne me posait pas nécessairement de problème… Jusqu’à ce que je trouve, dans sa voiture, une boîte de viagra.

Tout à coup, j’ai eu l’impression d’être un vrai monstre, une sorte de demi-femme qui ne parvenait même plus à plaire à son propre mari… Il trouvait vraiment dommage que je sois mutilée de cette façon, mais nous n’avions pas les moyens de payer une chirurgie reconstructrice.


Via une association, nous avons pu organiser une collecte et j’ai programmé ma reconstruction mammaire. J’espérais que cette opération me permettrait de reconquérir mon mari: je me trompais, il aurait fallu bien plus qu’un nouveau sein pour sauver notre mariage. J’ai appris, par une connaissance commune, qu’il s’était inscrit sur un site de rencontres… En se décrivant comme un homme divorcé avec deux enfants. Alors que nous étions encore mariés à l’époque et qu’il ne me disait rien… D’un seul coup, j’ai eu l’impression que toute ma famille se désagrégeait, c’était horrible. En quelques semaines, j’ai perdu 12 kilos, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Au fond de moi, j’espérais qu’il éprouve du remords… Trois mois plus tard, je suis allée me faire opérer: en tant que femme, j’attendais ce moment avec impatience. Mais la joie que cette opération m’a procurée a vite été éclipsée par mes problèmes conjugaux.

Une nouvelle vie


À l’hôpital, il est venu me rendre visite une seule fois. C’est la dernière fois que j’ai vu mon mari. Quand je suis rentrée de l’hôpital, la maison ressemblait à une décharge, et lui n’y était pas. Heureusement, les enfants étaient chez leurs grands-parents et une amie m’a aidée à ranger la maison. Quelques jours plus tard, il est revenu prendre ses affaires et il est parti pour de bon. Pendant quelque temps, j’ai caressé l’espoir qu’il revienne. Il n’a jamais clairement dit qu’il m’avait quittée parce que je n’étais plus une vraie femme après ma mastectomie, il m’a juste dit que moi et les enfants étions devenus trop lourds à gérer pour lui. Mais je connais la vraie raison… Aujourd’hui, deux ans plus tard, nous sortons d’un divorce difficile, mais j’ai pu reprendre ma vie en mains, j’ai retrouvé l’amour et avec mon nouveau compagnon, j’ai choisi de regarder vers l’avenir au lieu de me lamenter sur mon passé.”

Texte Jill De Bont et Julie Rouffiange.


 

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