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Témoignage: ““J’ai été ménopausée à 23 ans””

Barbara Wesoly

Des os plus fragiles, des bouffées de chaleur, une perte de cheveux… La ménopause apporte son lot d’effets indésirables. Mais comment la vit-on quand elle survient avant même que l’on ait pu avoir des enfants? C’est le cas de Gladys, 26 ans, qui a eu un lymphome malin il y a dix ans: une chimiothérapie agressive, qui a gravement endommagé ses ovaires et a provoqué la ménopause.


“Je suis ménopausée depuis quelques années: je ne peux donc pas tomber enceinte, à moins de trouver une donneuse d’ovules. À 26 ans, je suis encore jeune, mais je suis coincée dans un corps trop vieux pour moi… Mon histoire a commencé il y a dix ans. À 16 ans, j’ai attrapé une toux persistante qui ne passait pas. Je ressemblais à ma grand-mère de 80 ans qui fumait un paquet de cigarettes par jour, mais selon mon médecin, ça venait d’une allergie au pollen. On m’a prescrit des médicaments adaptés, mais le temps a passé, l’hiver est arrivé et la toux était encore là alors que le pollen, lui, avait disparu depuis longtemps…

 

Une tumeur de dix centimètres


‘On dirait que tu es en train de mourir’, m’a dit ma grand-mère après avoir assisté à une de mes quintes de toux. Elle m’a forcée à consulter son propre médecin, qui m’a fait faire une prise de sang. Celle-ci a révélé que j’avais un taux d’inflammation anormal, ce qui est rarement une bonne nouvelle. Après un CT scan, j’ai appris que j’avais une tumeur de dix centimètre de large entre le cœur et les poumons. Je souffrais de la maladie de Hodgkin, qu’on appelle aussi ‘lymphome de Hodgkin’, une forme de cancer du système lymphatique qui s’était étendu à mon cou. J’ai pensé: ‘Oh non, je ne pourrai plus faire la fête et je vais perdre mes cheveux, ma joie, ma fierté…’ On m’a opérée pour m’enlever la tumeur et on a traité les métastases avec une chimiothérapie. J’ai vécu la pire chimio, celle qui non seulement fait perdre les cheveux, mais aussi les sourcils, les cils et tous les poils du corps.

J’avais besoin de cette chimio pour rester en vie, mais elle m’a détruit le corps. Cinq ans après le diagnostic, quand je suis entrée en rémission, les médecins m’ont annoncé que le traitement avait gravement endommagé mes ovaires. Cela a été un choc énorme pour moi.


D’un côté, j’étais folle de joie à l’idée d’être en vie, de l’autre, je devais me faire à l’idée que je ne pourrais jamais avoir d’enfant… J’ai grandi dans une grande famille, avec beaucoup de nièces et de neveux. J’avais toujours une tante ou une cousine qui venait de devenir maman. J’ai toujours aimé les enfants, c’est pour ça que je suis devenue nounou. Je rêvais de devenir maman jeune… Pour moi, l’âge idéal était 21 ans, mais quand j’ai appris que mes ovaires ne fonctionnaient plus, mon rêve s’est brisé en mille morceaux.

Entrée en ménopause


Après avoir versé beaucoup de larmes, je n’ai pas voulu abandonner pour autant: peut-être que le médecin s’était trompé… J’ai donc consulté un autre gynécologue pour avoir un second avis. Celui-ci m’a expliqué que je fabriquais encore des ovules, mais en nombre très limité. J’ai pensé: ‘L’important, c’est que je peux encore tomber enceinte, donc nous allons essayer’. Mais mon copain est militaire, il bouge beaucoup, et à cette époque-là, il partait en mission à l’étranger. Le timing n’était donc pas idéal et finalement, c’est seulement il y a trois ans que nous avons décidé de nous y mettre. Nous avons essayé pendant un an, puis nous avons tenté une insémination artificielle, mais ça n’a rien donné. Ensuite, nous avons tenté trois fécondations in vitro, toujours sans succès… Comme nous voulions absolument cet enfant, nous sommes allés consulter à l’UZ Bruxelles, qui a un service spécialisé dans les problèmes de fertilité liés au cancer. J’allais commencer un traitement quand le médecin m’a appelée pour me dire que mon cycle s’était interrompu. Il m’a dit: ‘Il ne se passera rien, vous entrez dans la ménopause’. Il m’a immédiatement expliqué que la fécondation in vitro n’avait aucune chance d’aboutir et m’a conseillé de réfléchir à un don d’ovocytes.

À la recherche d’une donneuse


Nous n’avions pas encore envisagé le don d’ovocytes, mais quand nous avons appris que c’était notre seule piste, nous avons dû encaisser un nouveau choc. Le don d’ovocytes implique que mon enfant ne recevra jamais mes gènes… Mon copain a encore plus de mal à gérer cette idée, même s’il sait que c’est la seule possibilité pour nous. Ça me fait mal de ne pas être capable de lui donner un enfant…

Si demain nous apprenions que je fabriquais à nouveau mes propres ovocytes, il voudrait réessayer, alors que moi, je ne pourrais plus. Pour les traitements précédents, j’ai dû me faire 20 à 30 injections: c’est non seulement éprouvant physiquement, mais aussi mentalement, surtout quand ça n’aboutit à rien.


Comme nous voulions vraiment cet enfant, nous nous sommes mis très rapidement à la recherche d’une donneuse d’ovocytes. Nous avons assez vite trouvé une femme – dont je préfère taire l’identité – qui voulait bien nous faire don de ses ovules. De mon côté, j’étais tout en haut de la liste d’attente pour le don, mais malheureusement, elle a été refusée par le psychologue après deux entretiens, et nous avons dû tout recommencer.

 

Plus de libido


J’ai vraiment envie de porter un enfant, mais je commence à être fatiguée. D’abord le cancer, et ensuite ça… Il m’arrive de me demander ce que j’ai fait de mal. Mon corps aussi témoigne du fait que je suis en ménopause précoce: ma libido est beaucoup plus faible, parfois j’en viens à me dire que je n’ai plus du tout besoin de sexe. J’ai des bouffées de chaleur, mais aussi les os plus poreux: l’année dernière, je me suis cassé le genou en faisant juste un faux mouvement. Je suis donc beaucoup plus fragile, au sens propre comme au figuré. Mes cheveux aussi étaient beaucoup plus épais avant: à chaque fois que je me douche, j’en perds énormément. J’ai déjà perdu à peu près les deux tiers de mes cheveux. Mais le pire reste de ne pas pouvoir être enceinte. Notre désir d’enfant est si grand que nous nous proposons spontanément pour garder ceux de nos amis et de notre famille. Nous essayons toujours de regarder la vie de façon positive: j’espère que la chance basculera de notre côté, parce qu’un avenir sans enfants, c’est tout simplement inenvisageable.”

 

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