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© jonas weckschmied via unsplash

TÉMOIGNAGES: elles ont tout quitté pour leur amour de vacances

Barbara Wesoly

Les histoires d’amour de vacances durent parfois plus longtemps qu’un été. Pour Gaëlle, Sylvie et Kathy, ce qui ne devait être qu’un flirt estival s’est transformé en véritable conte de fées. Éperdument amoureuses, elles ont tout quitté pour celui qu’elles ont rencontré à l’ombre des cocotiers.

Gaëlle, 24 ans, a laissé sa vie derrière elle pour un coup  d’un soir qu’elle a rencontré sur Tinder en Espagne

« Il y a deux ans, j’ai obtenu mon ­baccalauréat en Criminologie et j’ai décidé de partir faire mon master à Barcelone. Une aventure que j’attendais avec ­impatience. Tomber sous le charme d’un Espagnol, par contre, ce n’était absolument pas prévu. Je n’avais jamais eu d’amour de ­vacances et je n’avais pas l’intention de tomber amoureuse de quelqu’un qui vit à des milliers de ­kilomètres de chez moi, alors que je ne restais sur place que quelques mois. Quelques semaines après le début de ­l’année scolaire, ma mère et ma sœur sont venues nous rendre visite. À 22 h, elles voulaient déjà retourner à l’hôtel dormir. Ce qui n’était pas mon cas! J’ai donc ouvert Tinder dans le but de me trouver de la compagnie pour la soirée. Je suis tombée sur le profil de Bruno, qui était croupier au casino du coin, et de deux ans mon aîné. Comme beaucoup de jeunes Espagnols, il vivait encore chez ses parents. Alors, un peu éméchée, je l’ai invitée chez moi et nous avons couché ensemble. La soirée s’est super bien passée, mais pour moi, c’était juste un coup d’un soir et je ne m’attendais à rien de plus. J’étais donc très surprise de recevoir un message de sa part le lendemain. Mais, qu’avais-je à perdre à lui ­répondre? Nous avons donc planifié un deuxième ­rendez-vous et avons commencé à nous revoir plus ­régulièrement par la suite.

Contre les relations longue distance

Pour moi, Bruno n’était qu’un amour de vacances. Je ne voulais pas me retrouver dans une relation longue ­distance après mon Erasmus. Mais, après quelques mois, j’ai commencé à avoir des sentiments pour lui. Des ­sentiments qui étaient réciproques.

En mars dernier, quand on lui a proposé un job à Amsterdam, il m’a ­demandé de partir avec lui. Puis il y a eu la crise sanitaire... Et le confinement était très strict à Barcelone. Comme son père était à risque, je n’ai pas vu Bruno durant trois mois. Nous sommes restés en contact grâce à FaceTime et aux réseaux sociaux. J’étais très triste. Alors, au mois de juin, après avoir obtenu mon diplôme, je l’ai rejoint à Amsterdam. Je me suis mise à chercher du boulot là-bas et j’ai décroché un job. Mes parents ont eu du mal à se faire à l’idée que je ne ­rentrerais pas en Belgique. Mais, ils étaient heureux que je sois à Amsterdam, une ville proche de chez nous. Bruno devait commencer son nouveau travail en septembre et moi en novembre. Deux semaines avant notre départ, Bruno m’a annoncé que, finalement, il n’aurait pas le poste et qu’il était contrait de rester en Espagne. De mon côté, je suis rentrée en Belgique et j’ai commencé à travailler à distance pour mon nouvel employeur aux Pays-Bas. Nous avons eu une relation longue distance pendant huit mois et avons dépensé des centaines d’euros en billets d’avion juste pour nous voir une fois par mois. La ­situation était tout ­simplement intenable.

En route vers Barcelone

Alors, j’ai décidé de me lancer et de me mettre à la recherche d’un emploi à Barcelone. J’ai quitté mon boulot aux Pays-Bas et, il y a trois semaines, j’ai suivi mon cœur et j’ai emménagé à Barcelone. Mes proches étaient inquiets de me voir tout abandonner pour partir en Espagne par amour. J’ai eu du mal à dire au revoir à mes grand-parents, à ma famille et à mes amis. J’ai beaucoup pleuré en faisant mes valises. J’avais peur. Dans la panique, je me suis même mise à chercher un emploi en Belgique, au cas où. À Barcelone, nous avons galéré pour trouver un appartement abordable. Pour le moment, je loue une petite chambre et Bruno est toujours chez ses parents, le temps que tous nos papiers soient en ordre. Bruno a dit adieu à la vie nocturne et est devenu agent immobilier. Je viens de commencer à travailler dans une banque espagnole. Nous avons encore pas mal de choses à régler et c’est parfois stressant, mais nous sommes confiants. Le véritable amour triomphe toujours! »

Sylvie, 30 ans, a trompé, puis quitté son petit ami, pour son nouvel amoureux, rencontré au Cap-Vert

« Adolescente, je rêvais de partir à l’étranger après mes études. Mais, je n’étais pas prête à franchir le pas... Alors, quand j’ai terminé mes études d’enseignante, j’ai décidé d’emménager avec mon amour de ­jeunesse. Ma sœur avait déjà fait du ­volontariat à l’étranger, et quand elle m’a encouragée à partir au Cap-Vert pour faire du bénévolat pendant trois semaines, mon envie de partir s’est ravivée. Mon copain savait à quel point je voulais me lancer dans cette aventure et m’a soutenue. Nous avons pleuré à chaudes larmes en nous disant au revoir et j’ai, ensuite, pris l’avion direction le Cap-Vert. Les premiers jours, je me sentais perdue.

Et puis, j’ai rencontré Jayson. Le chef de projet local. Comme il était responsable de mon travail sur place, nous étions en contact étroit. Un soir, nous nous sommes mis à parler et j’ai eu un déclic. Nous étions sur la même ­longueur d’onde.

J’avais l’impression de le connaître ­depuis des ­années. Quelques jours plus tard, j’apprenais par le biais d’une autre personne du groupe que Jayson venait de devenir papa. Cette ­nouvelle m’a bouleversée et, c’est ainsi que j’ai réalisé que j’étais en train de tomber amoureuse de lui.  

Premier baiser

Au début de notre troisième semaine de mission sur place, une randonnée était prévue et je me suis retrouvée assise dans le bus à côté de lui. Une fois de plus, la magie a opéré. Nous avons passé toute la journée ensemble et n’avions d’yeux que l’un pour l’autre. À la tombée de la nuit, il a essayé de m’embrasser et je l’ai laissé faire. Ce baiser était tellement passionné, j’étais sur un petit nuage. Je ne me sentais même pas coupable. À partir de ce ­moment-là, nous essayions de nous retrouver ­secrètement à chaque fois que c’était possible. Nos adieux ont été déchirants. Dès que j’ai posé un pied sur le sol belge, j’ai éclaté en sanglots. J’ai fait croire à mon petit ami qu’il s’agissait de larmes de joie, parce que j’étais heureuse de le revoir. Dès que j’ai pu, j’ai envoyé un message à Jayson. Quand nous sommes partis en vacances en Italie, je ­trouvais même des prétextes pour aller ­appeler Jayson en cachette. Pendant deux ans, je n’ai parlé de cette relation à personne. Je n’ai jamais osé dire à mon ­copain que je le trompais. Je lui ai dit que mon travail en tant que bénévole au Cap-Vert me manquait terriblement. J’ai ­dépensé toutes mes économies dans mes factures téléphoniques, pour appeler
Jayson, et ensuite partir le retrouver. J’y suis retournée, mais je n’y ai plus jamais fait de bénévolat. À chaque fois que je partais, c’était pour passer du temps avec lui sur une île voisine, où personne ne le reconnaîtrait. Nous avons commencé à imaginer un futur ensemble. Jayson a quitté sa petite amie et nous nous sommes mis à chercher une propriété que nous voulions transformer en B&B.

Le désir s’est envolé

Quand je rentrais chez moi, mon petit ami m’attendait impatiemment et moi, je me sentais perdue. J’ai démarré un programme de réorientation professionnelle et j’ai commencé à suivre une ­thérapie. Mon psychologue m’a dit que j’étais sur le point de faire une dépression, car je souffrais du fait d’être ­malhonnête envers mon ­copain.

En août 2019, après un voyage au Cap-Vert, j’ai dit à mon ­petit ami que je voulais rompre. Je ne lui ai donné aucune autre explication et je suis retournée vivre chez mes parents.

Et puis, la crise sanitaire a éclaté. Je venais d’emménager seule quand le confinement a été annoncé. Au début, j’appelais souvent Jayson en vidéo. Mais, j’étais souvent seule. Après ma rupture, j’ai perdu tous mes amis. Il n’y a qu’un seul de nos proches qui est resté en contact avec moi. J’ai profité de ce temps, en solitaire, pour marcher et penser à mon futur. Et, petit à petit, mon envie de partir au Cap-Vert pour rejoindre Jayson a disparu. Jayson a essayé de me convaincre du contraire, mais j’ai préféré rompre tout contact. Est-ce qu’aujourd’hui je ­regrette d’avoir tout quitté pour mon amoureux de ­vacances? J’ai beaucoup pleuré, mais le confinement m’a permis de grandir, de gagner en confiance en moi et de me sentir mieux dans mes baskets. Même si je vis dans un minuscule appartement, que j’enchaîne deux boulots pour joindre les deux bouts et que je dois tout ­recommencer à zéro, je sais que je trouverai ma voie. »

Kathy, 30 ans, a déménagé à l’autre bout du monde pour son amour des vacances en Australie.

« Il y a six ans, j’ai obtenu mon diplôme en Biotechnologie biomédicale. Et pour fêter ça, j’ai décidé de partir en sac à dos en Australie pendant un mois avec une copine. Nous allions rendre visite à une amie commune qui découvrait le pays et travaillait au sein d’un camping. Là-bas, nous avons fait la connaissance de Michael, un Belge qui, après une année sabbatique, a décidé de s’installer en Australie définitivement. Cela faisait neuf ans qu’il vivait au pays des kangourous. Il travaillait lui aussi au camping. Mon amie m’a appris que Michael et moi, drôle de hasard, venions du même village. J’avais même fréquenté la même école primaire que sa sœur. Nous nous sommes mis à discuter, nous avons organisé un barbecue tous ensemble et, le ­lendemain, on lui proposait de venir visiter le pays avec nous. Entre nous, il n’y a pas eu de coup de foudre. ­D’ailleurs, au début, mon amie et moi trouvions Michael un peu bizarre. Mais en voyageant ensemble, nous avons vite découvert que nous avions beaucoup d’intérêts communs. Et notre relation a rapidement évolué.

Devoir rentrer en Belgique après un mois a été très dur. J’étais tombée amoureuse et j’ai dû laisser l’homme que j’aimais à l’autre bout du monde.

Pour lui aussi, les adieux furent déchirants. Je venais juste d’obtenir mon diplôme, j’habitais chez mes parents et je n’avais pas encore de travail. Il avait un emploi stable de gérant au camping et vivait dans un petit studio ­derrière la réception. Si nous voulions construire un avenir ensemble, je n’avais pas d’autre choix que de quitter la Belgique pour emménager en Australie.

À l’autre bout du monde

Très vite, il m’a demandé de revenir en Australie et m’a proposé un job de trois mois au sein du camping. Cela me permettrait de voir si j’étais réellement amoureuse de lui et si j’étais prête à vivre en Australie pour toujours. Avant que je ne parte là-bas pour la première fois, ma mère m’avait dit : ‘S’il te plaît, ne tombe pas amoureuse d’un Australien’. À l’époque, j’avais rigolé car je n’avais pas l’amour en tête, je voulais juste passer du bon temps avec mes amies. Quelques ­semaines après mon retour à la maison, j’ai avoué à ma famille que j’avais ­rencontré quelqu’un en Australie, que ­j’allais retourner là-bas pour trois mois et que j’envisageais même de m’y installer définitivement. Ils ont très mal réagi. Ma sœur m’a carrément dit que je ne pouvais pas tout quitter pour un amour de vacances, que c’était juste un flirt, que ce n’était pas réel, que je ne ­pouvais pas me laisser guider par mes émotions. Mais, la vie au camping était fantastique. J’étais dans mon ­élément, en pleine nature, et nous aimions passer nos journées ensemble. Trois mois se sont transformés en neuf mois au terme desquels Michael est revenu en ­Belgique. Ma mère espérait toujours que je reste à la ­maison, mais ma décision était prise. J’ai dit au revoir à mes amis belges et j’ai laissé ma famille derrière moi pour m’installer à l’autre bout du monde.

Un grand manque

J’ai vécu avec Michael dans son studio au camping pendant quatre ans. L’an dernier, nous avons acheté une maison à l’extérieur du domaine. Michael travaille toujours au camping. Un an après mon
emménagement, j’ai ­commencé à travailler comme chercheuse au sein d’une entreprise agricole. Il y a peu, on m’a proposé de faire un doctorat ici.

Cela fait six ans maintenant que je vis en Australie. Je me suis installée à Victoria, mais la Belgique me manque énormément. Ma famille ne comprend ­toujours pas que je sois partie si loin par amour et, leur réaction rend la situation d’autant plus difficile pour moi.

J’ai dû abandonner beaucoup.Je vois les enfants de mon frère et de ma sœur grandir via Skype. Les fêtes de famille se déroulent sans moi depuis six ans maintenant, et je vais malheureusement devoir manquer le mariage de mon frère – car peu de gens ont été vaccinés en Australie et ils ont toujours des mesures Corona très strictes ici. Resterons-nous en Australie pour de bon? On ne sait pas encore. Tant que mon doctorat est en cours, nous ne quitterons pas le pays. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve. »

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