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TÉMOIGNAGES: ““On voyage à deux, nous n’avons pas de maison””

Linsay et son copain voyagent à plein temps ensemble et le font avec le moins de budget possible. Ils se sont confiés sur leur vie sur la route.

« Depuis ma tendre enfance, on m’a inculqué qu’il n’y a qu’une seule voie dans la vie: louer un appartement, acheter une propriété, se marier, avoir des enfants et surtout travailler très dur et beaucoup. Donc, j’ai fait ce qui était attendu de moi. À l’âge de 21 ans, j’étais dans une relation sérieuse et je travaillais de 5 h du matin à 13 h, pour ensuite pouvoir exercer ma profession indépendante dans l’après-midi. J’ai pu acheter une jolie maison avec 2 voitures garées dans l’allée. Pour l’emprunt, je prenais chaque mois dans mes économies. Mais je me ­sentais aussi coincée de tous les côtés et je me suis rendu compte que ce n’était pas la vie que je voulais avoir.

Certaines personnes disent que le travail acharné est récompensé, mais je trouvais de plus en plus étrange que quelqu’un d’autre décide à ma place quand et combien je devais ­travailler. Quelqu’un qui demandait toujours plus et donnait moins en ­retour. On nous fait croire de toutes parts que travailler à temps plein est nécessaire pour (sur)vivre, alors que ce n’est pas le cas. Et nous nous ­l’infligeons aussi! Comment ­réagissons-nous lorsque nous obtenons une promotion au travail? Beaucoup achètent une voiture plus belle, une maison plus grande ou dépensent davantage pour des vacances. Mais avons-nous vraiment besoin de ces choses, ou le faisons-nous plutôt pour montrer au reste du monde ce que nous pouvons nous permettre? Nous vivons en fonction du budget qui rentre. Et quand nous avons plus d’argent, nous pouvons soi-disant dépenser davantage. Mais cela nous maintient également coincés dans un certain schéma. Lorsque j’en ai pris conscience, j’ai définitivement changé d’approche. J’ai vendu ma maison et veillé à avoir le moins de dépenses fixes possible, dans le but d’économiser au maximum.

Plus précieux que l’argent

Économiser a porté ses fruits, car depuis, mon copain et moi avons pu voyager pendant un an sans craindre d’être à court d’argent, alors que nous n’avons pas gagné un centime depuis 365 jours. Nous avons fait du voyage à budget limité un sport, sans sacrifier le confort. Le Canada et les États-Unis étaient un peu plus chers, mais depuis le Mexique, nous pouvons rester sous un budget mensuel de 500 euros par personne. Actuellement, nous ­sommes au Guatemala, ce qui sera peut-être encore moins cher que prévu, alors que nous ne nous ­limitons pas à manger des tartines et boire de l’eau. Nous voyageons avec notre camping-car aménagé, ce qui nous permet de passer la nuit gratuitement presque partout.

J’avais une maison dans laquelle j’ai investi tout mon argent et puis j’ai réalisé que ce n’était pas la vie que je voulais car je me sentais prise au piège…

­Prendre une douche chaude tous les jours n’est pas une priorité. Nous ne mangeons plus de viande et avons en grande partie éliminé le poisson de notre alimentation pour économiser de l’argent. Chaque centime que nous dépensons est noté, et chaque mois, nous passons en revue toutes nos dépenses pour faire le point. Si nous constatons que beaucoup d’argent a été dépensé en carburant, nous ­décidons par exemple de voyager un peu plus lentement et surtout de ne pas aller dans les lieux touristiques. Je n’ai plus besoin de shampooings coûteux et de make-up, car presque personne ne me voit. Quand vous travaillez et que vous vous rendez chez la pédicure, c’est un pur plaisir, mais désormais je me sens choyée chaque jour et je n’ai plus besoin de ces moments de luxe qui coûtent cher.

Il y a tellement de façons de ­vivre de manière plus sobre, et plus je suis dans ce mode de vie, plus je réalise que la liberté et la santé sont les choses les plus importantes. Le temps est tellement plus précieux que l’argent. Ce dernier ne figure même plus dans le top 3, et bien que nous possédions beaucoup moins et nous devions nous serrer la ceinture financièrement, notre vie est devenue beaucoup plus précieuse. Une chose est sûre: on n’est vraiment riche que lorsque l’on possède quelque chose que l’on ne peut pas acheter avec de l’argent. »

Texte de Marijke Clabots, Emilie Van de Poel et Ana Michelot.

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