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TÉMOIGNAGE: « J’ai repris confiance en moi en escaladant le Kilimandjaro »

Il y a des expériences qui vous hantent bien plus longtemps que vous ne le souhaiteriez. Pour guérir de ses traumatismes et se reconstruire, Théa a décidé de se lancer un défi.

Théa a été victime de maltraitances psychologiques et physiques de la part de son ex-petit ami. En escaladant le Kilimandjaro, elle s’est non seulement retrouvée, mais elle a aussi traité les traumatismes qu’elle portait depuis si longtemps.

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«Ma dernière relation avait commencé de manière idyllique, mais il y a eu de plus en plus de signes que j’ai longtemps ignorés. Pour notre entourage, tout allait bien, mais à l’abri des regards, le harcèlement moral est devenu de plus en plus présent. Cela m’a fait perdre toute confiance en moi, et cette insécurité s’est accrue lorsque la violence est devenue physique. Le premier œil au beurre noir a été le début d’un traumatisme profond que je n’ai cessé de refouler. Devant mes proches, je sauvais les apparences. À l’époque, je n’admettais pas que j’étais victime de ­violence conjugale.

Le premier œil au beurre noir a été le début d’un traumatisme profond, mais j’ai sauvé les apparences.

J’étais même impatiente de quitter mon environnement familial et je suis partie – avec mon petit ami – pour un voyage autour du monde. Je ­pensais que cela nous permettrait de souffler, mais ce fut tout le contraire. À l’étranger, les choses ont complètement dégénéré et il a fallu appeler la police à plusieurs reprises. En Grèce, avec la joue droite au sol sous son pied qui m’écrasait la tête, j’ai cru que j’allais mourir. Je l’ai fui et je suis partie. Par ses mensonges manipulateurs, il a fait ­croire à ma famille que j’avais disparu. Une fois arrivée au Portugal, mon téléphone a explosé de textos et de mails de proches inquiets, ainsi que des menaces de sa part, si bien que je me suis renfermée sur moi-même.

La reine du monde

Au Portugal, j’ai participé à un camp de surf et je me suis réfugiée dans la fête et l’alcool. C’était parfait pour oublier ce qui se passait, mais j’ai vite compris que je ne pouvais pas continuer comme ça. Mon corps était plein de colère, de honte, de tristesse et de cicatrices. Je devais affronter mes traumatismes au lieu de faire l’autruche. Dès mon retour, j’ai cherché une aide psychologique et j’ai travaillé avec l’EMDR (Eye Movement Desensitization and ­Reprocessing, ndlr) et l’hypnose, entre autres. Je me suis aussi plongée dans l’ayahuasca, une plante médicinale utilisée pour la guérison des traumatismes. J’ai ensuite réalisé que j’étais heureuse quand je faisais de la ­randonnée et que j’avais besoin d’un objectif à atteindre. Quelque chose qui stimulerait mon esprit de manière ­positive. Je voulais me sentir à nouveau invincible et ­retrouver la confiance en moi que j’avais perdue. Avant cette relation, j’étais une femme indépendante et ­confiante. J’ai commencé à m’entraîner en vue d’une ­ascension et, en mars, je me suis rendue en Tanzanie, où j’ai gravi le Kilimandjaro en 6 jours. Cette ascension est la plus difficile que j’ai faite. Je me suis déjà surpassée à plusieurs reprises, mais le fait que mon corps et mon esprit soient capables d’une telle chose m’a donné ­l’impression d’être la reine du monde. Ça m’a permis de réaliser que je peux vraiment faire face à tout dans la vie. Ce fut une véritable thérapie.

Reprendre le contrôle

Atteindre un tel sommet crée un sentiment d’euphorie durable. Parce que vous avez gagné à vous seule la bataille contre vos bourreaux mentaux. J’y ai pris goût depuis, car peu de temps après, j’ai escaladé le mont Fuji au ­Japon et, au printemps 2024, une autre montagne au Népal est prévue. Je ne suis plus une passagère de ma vie. Je suis maintenant au volant et j’ai le contrôle. J’ai passé des heures à marcher seule, à faire de l’exercice, à avoir des conversations avec moi-même et, surtout, à apprendre à m’écouter.

Sur le Kilimandjaro, je suis allée à la rencontre de moi-même. Savoir que mon corps et mon esprit en étaient capables a fait de moi la reine du monde.

Le fait que je puisse en parler aujourd’hui et ne plus repousser ou cacher ces sentiments désagréables est pour moi la preuve que j’ai vraiment surmonté mes traumatismes. Après tout ce que j’ai vécu, je sais ­qu’investir en soi est la meilleure chose à faire. Je sais maintenant quel genre de femme je suis et celle que je veux être dans cette société. Je continue à parcourir le monde et à rencontrer des gens extraordinaires, mais le plus important, c’est que je sais qui je suis. Je suis une personne pleine de ressources et non une victime. J’ai fait le choix à l’époque de rester trop longtemps dans ­cette relation, mais j’ai aussi choisi de m’en sortir. De ­nombreuses personnes considèrent leur vie comme ­acquise et ne s’attardent pas sur son caractère éphémère, mais je me rends compte que je ne sais pas de quoi ­demain sera fait. Je recommanderais un voyage de ­guérison à toute personne luttant contre un traumatisme, parce que vous comptez et vous méritez d’être heureux. J’ai trouvé la clé du bonheur, maintenant c’est à vous de la trouver! »

Texte de Marijke Clabots et Emilie Van de Poel

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