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© Unsplash

TÉMOIGNAGE: ““J’ai quitté mon mec parce qu’il ne voulait pas d’enfant””

Justine Rossius

Marino, 35 ans, a quitté son compagnon après 9 ans de relation car il ne voulait pas d’enfant. Elle revient pour nous sur ce choix compliqué.

«J’ai rencontré mon ex, il y a 10 ans maintenant, j’avais 25 ans à l’époque. Même si on ne parlait pas concrètement d’enfant, j’avais toujours été claire sur le fait que je voudrais devenir maman. J’ai l’instinct maternel depuis toujours. J’ai fait énormément de babysitting quand j’étais étudiante, j’ai même travaillé dans une crèche. C’est inné, j’ai toujours été à l’aise avec les bébés. Fonder une famille représente pour moi une façon de donner tout cet amour que j’ai en moi.  Au début, personne dans notre entourage n’avait encore d’enfant, ce n’était pas un sujet alarmant. Quand on a terminé l’université, on a commencé à chercher un boulot. On se soutenait beaucoup mutuellement. On a fini par emménager ensemble vers mes 27 ans. Je m’étais toujours dit que je voulais faire un bébé à 30 ans.

Progressivement, mes amies ont commencé à accoucher et j’ai alors évoqué le sujet avec mon copain. Il me répétait qu’on avait le temps, qu’on pouvait encore profiter de notre liberté, voyager…

Il me disait aussi qu’il n’en avait pas encore envie pour le moment, mais que ça pourrait venir. Et moi, j’entretenais l’idée que son désir de paternité se réveillerait le jour où ses amis les plus proches deviendraient papa. Ça ne m’inquiétait pas plus que ça, car je nous voyais avancer. On venait d’acheter un appartement. Puis mes 30 ans sont arrivés. Son désir de paternité restait au point mort. Pire que ça: voir ses amis devenir papas et parler de leurs difficultés le rebutait encore davantage. J’ai commencé à évoquer mon désir d’enfant de manière un peu plus virulente. À chaque fois que je revenais d’un dîner où une amie avait annoncé sa grossesse, je fondais en larmes au retour, dans la voiture. Je commençais à devenir de plus en plus vulnérable.

Au début, il me rassurait comme il pouvait, en me disant que j’étais encore jeune, que j’avais tout le temps. Je ne suis pas du genre à imposer mes choix, comme certaines de mes copines: je voulais que ça vienne de lui. Qu’il me fasse un enfant parce qu’il en avait envie. Pendant la Covid-19, ce sujet est devenu vraiment compliqué à gérer pour moi. Il l’a remarqué et m’a annoncé qu’il était d’accord de me faire un enfant par amour, en déclarant aussi en parallèle que ça n’allait pas spécialement le rendre heureux. À nouveau, ce n’était pas très encourageant et je n’ai pas réussi à accepter sa proposition en demi-teinte. J’avais envie d’une vraie vie de famille: que notre enfant soit un projet de couple. Si j’acceptais sa proposition, je savais qu’il finirait pas me le reprocher à la moindre difficulté. ‘Regarde ce que tu as voulu’, risquait-il de me dire un jour… À cette époque, je lui disais qu’il ne m’aimait pas assez que pour vouloir créer une famille avec moi. Il me rétorquait que c’était moi qui ne l’aimais pas suffisamment, puisque je n’étais pas prête à faire une croix sur une vie de famille pour lui. J’ai évidemment essayé de fonder ses raisons de ne pas vouloir d’enfant: il ne voulait pas que notre quotidien soit chamboulé. Il me disait: ‘Tu peux quitter une petite amie, démissionner d’un job qui ne te convient pas, prendre de la distance avec un ami qui te prend la tête, mais un gosse, c’est pour la vie’. Je pense qu’il avait un problème d’engagement. À côté de ça, il avait des propos virulents sur les enfants, se plaignait de ceux des copains qui faisaient trop de bruit à son goût.

Lire aussi: Couple: que faire quand le désir d’enfant n’est pas partagé.

Me perdre ou le perdre

A un moment, j’ai considéré l’idée de faire une croix sur la maternité.. Après tout, en tant que femme, je savais qu’un accouchement risquait de détruire mon corps. Et qu’un enfant mettrait notre couple en difficulté. J’ai même réussi à m’auto-convaincre. Je me rappelle avoir dit une fois lors d’un dîner entre copines que j’avais changé d’avis, que je ne voulais finalement pas devenir maman. L’une d’elle est venue me voir et m’a mise en garde: pour elle, j’étais en train de me perdre et je devais faire attention. J’avais encore l’espoir qu’il change d’avis, car on était si bien ensemble. On avait une complicité hors norme, on discutait beaucoup, on rigolait tout le temps ensemble. Devais-je vraiment lui mettre la pression? Ou lui laisser le temps?

J’ai continué à donner le meilleur de moi-même en me disant que c’était impossible que l’envie ne lui vienne pas naturellement.

Mais ce n’est jamais venu. Et j’ai fini par le quitter. Il y avait encore beaucoup d’amour et de bienveillance entre nous. Chacun faisait sa vie de son côté, mais on se retrouvait toujours, comme des aimants. Et je gardais un espoir secrètement, d’autant plus qu’il continuait à me dire que le désir allait peut-être apparaître. ‘Peut-être demain, peut-être dans 1 mois et peut-être jamais’ me disait-il. À l’aube de mes 35 ans, j’ai pété un plomb et j’ai décidé de tirer une croix sur lui définitivement. Aujourd’hui, je ne regrette pas notre histoire. Je pense que j’aurais dû le quitter plus tôt, pour ne pas perdre plus de temps, mais je sais aussi que je n’aurais pas réussi. C’est très difficile de quitter une histoire où tout se passe sans accrocs. On était bien ensemble. J’aurais pu lancer un ultimatum, mais j’avais besoin qu’il exprime un désir. Je ne voulais pas qu’il me supplie de lui faire un enfant. Je me serais contentée d’un: ‘Oui, j’ai envie d’un enfant avec toi, même si j’ai vraiment très peur et que je ne suis pas sûr de moi’. Mais ce oui n’est jamais sorti.»

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