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TÉMOIGNAGE: ““J’ai fondé un village nomade””

Pour Stef, vivre dans la sobriété est du sport de haut niveau. Il est l’un des fondateurs de Nomad City, une expérience nomade à Hasselt.

« Le coût de la construction ou de l’achat d’une maison était un sujet fréquemment abordé à table chez mes parents. Cela contrastait bien sûr avec les cabanes que je construisais avec mes 2 frères et ma sœur lorsque j’étais enfant. Mes parents parlaient du prêt pour la maison et la voiture, alors que je construisais des structures avec les matériaux que je trouvais sur le terrain de notre maison familiale – une ancienne serre de fleurs. Cela me surprenait à chaque fois, car avec les cabanes que je construisais, j’avais un toit au-dessus de ma tête pour une bouchée de pain. Il y avait bien sûr une différence de finition, mais pour moi, elle n’était pas si énorme. Surtout si je prenais en compte l’idée que je devais travailler toute ma vie dans l’espoir de rembourser un prêt ­hypothécaire. Je n’étais vraiment pas enthousiaste à l’idée de contracter un prêt pour au moins 20 ans et je voulais être indépendant de tout et de tous.

C’est pourquoi, en 2019, j’ai entrepris une expérience et je me suis retroussé les manches pour construire ma toute première maison. Le toit était aussi haut que les poutres que j’avais à ma disposition et les fenêtres étaient au nombre de celles que j’avais trouvées sur le terrain. Je me laissais guider par les objets que je trouvais et que je pouvais acheter à petit prix. La clé de cette expérience était: à quel point une maison peut-elle être bon marché? J’ai réussi à en construire une pour seulement 500 €. Pendant la construction, j’ai fait plusieurs erreurs, ce qui explique pourquoi je n’y ai vécu que 6 mois, bien qu’il m’ait fallu un an pour la construire. Ce fut en tout cas une super école ­d’apprentissage, et peu de temps après, je me suis demandé quelle est la superficie minimale pour vivre tout en répondant à mes besoins ­fondamentaux? Cela a abouti à une tiny house en bambou et un caddie.

Le strict minimum

Depuis lors, j’ai continué à expérimenter et je vis actuellement dans une tiny house qui a une calèche de cheval comme fondation. Elle offre une ­surface de 3 m² et grâce aux cloisons, elle donne une sensation d’espace. De plus, c’est un espace que je peux entièrement adapter à mes besoins du moment. Je peux en faire un lit, mais aussi une sorte de salon. 4 personnes peuvent même s’asseoir à table. La maison est modulaire: chaque élément a au moins 2 fonctions et j’ai pu la réaliser pour 2500 €, y ­compris le panneau solaire avec ­batterie et le filtre à eau de pluie. Cela a finalement aussi donné le coup ­d’envoi à Nomad City, un petit village nomade rassemblant plusieurs ­maisons de calèches que j’ai lancé avec 2 personnes partageant les ­mêmes idées sur les terrains de 2 hautes écoles à Hasselt.

Nous ­remettons en question tout ce que nous faisons. C’est comme si c’était devenu un sport de haut niveau de vivre aussi économiquement et ­durablement que possible. En ­abordant ce mode de vie comme une communauté et en y impliquant presque tous les aspects, nos coûts de vie ont chuté au strict minimum.

Je n’ai pas de baignoire, mais quand je prends un bain chez mes parents, j’ai l’impression d’être dans un spa de luxe.

Nous récupérons notre eau de pluie et grâce aux panneaux solaires, nous avons de l’électricité à disposition. Nous cuisinons avec un poêle et c’est aussi notre source de chaleur, nous fabriquons nos vêtements à partir de restes de tissus et de matériaux ­naturels, et je ne dépense que 500 € par an maximum pour la nourriture. Je n’aime pas trop utiliser le mot ‘sobriété’, je suis d’avis que je suis en réalité très riche, car la vie est ­devenue tellement plus intense. Il m’arrive parfois de m’énerver quand je vois que dans cette société, tout doit toujours être disponible. Nous devons avoir de l’eau chaude à tout moment et toutes sortes de légumes doivent être sur notre assiette tout le temps, mais cela nous prive de quelque chose.

Apprendre à accepter de ne pas avoir quelque chose de temps en temps est l’une des plus grandes leçons que j’ai apprises. Par exemple, je n’ai pas de baignoire, mais lorsque je prends un bain chez mes parents, j’ai ­l’impression d’être dans un spa de luxe. Les tomates en hiver ne sont pas possibles, mais j’attends avec ­impatience celles de 2024 et je suis sûr qu’elles auront bien meilleur goût que celles de quelqu’un qui mange des tomates toute l’année. En ne ­possédant pas certaines choses, on apprend à les désirer à nouveau et on devient naturellement plus riche. »

Texte de Marijke Clabots, Emilie Van de Poel, Ana Michelot

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