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© Laure Van Hijfte.

TÉMOIGNAGE: Arkee et Bérénice ont gardé leur âme et leur passion de petite fille

La rédaction

Vous souvenez-vous de quand vous étiez enfant, en train de sauter et de courir partout, avec une énergie sans fin, un plaisir immense et une vraie insouciance ? Cette folie de l’enfance, nous sommes nombreux à vouloir la retrouver. Arkee et Bérénice ont donc décidé de faire de leur vie leur terrain de jeu.


Arkee, 29 ans, aime se glisser dans la peau de ses princesses de contes de fées préférées en dehors de ses heures de travail comme gardienne d’enfants.



« Il y a douze ans, j’ai gagné des billets pour le FACTS, un festival de bandes dessinées destiné aux geeks, aux ­fanatiques de fantasy et aux cosplayers. J’ai tout de suite aimé me déguiser. J’ai fabriqué mon premier costume et chaque année je me rends déguisée en un personnage différent à cet ­événement. Une fois, je me suis déguisée en Catwoman. Ce que mon petit ami de l’époque n’a pas apprécié, car il jugeait cette tenue trop sexy. Je lui ai donc demandé de m’offrir une robe de princesse que je porterais lors de l’édition suivante. Un an plus tard, le film de La Reine des neiges est sorti et j’ai directement été fan d’Elsa. Même si mon copain n’était pas d’accord, j’ai quand même acheté la robe de princesse d’Elsa.

Huit ans plus tard, j’ai plus de vingt robes avec les perruques et accessoires qui vont avec. Ce que je préfère avec les événements de cosplay, c’est que personne ne vous regarde de travers et que tout le monde est le bienvenu.


Peu importe qui vous êtes ou comment vous êtes habillé : tout le monde est gentil, ­respectueux et surtout de bonne humeur. Vous pouvez être entièrement vous-même et vous amuser autant que vous souhaitez. Il n’est donc pas étonnant que j’ai ­rencontré mon petit ami actuel dans cet univers. J’avais posté un message sur Facebook car j’étais à la recherche d’un homme qui voulait bien se déguiser en prince ou en Batman pour un événement. Il a réagit en disant qu’il voulait bien être mon prince. Nous avons ainsi fait connaissance et nous habitons depuis lors ensemble. Chez nous, il n’y pas un grand coffre à déguisements, mais toute une pièce au rez-de-chaussée ! Celle-ci regorge d’armoires pleines de costumes et accessoires. Contrairement à mon ex, mon amoureux actuel enfile sans broncher son costume de Batman quand j’ai envie de jouer le rôle de Catwoman. Quand on sait qu’un beau costume coûte rapidement cinq cents euros et une ­perruque deux cents euros, j’ai une crise cardiaque quand je compte le nombre de ­salaires accrochés au portemanteau.

La vie est un conte de fées


Une petite précision : je ne me déguise pas ­uniquement pour le fun ou pour ­m’amuser aux soirées de cosplay. Ce que je préfère, c’est mon travail de bénévole. ­Plusieurs fois par mois, je me glisse dans la peau des personnages Disney les plus célèbres et je rends visite aux enfants malades dans les hôpitaux afin de les amuser.

Je ne trouve pas de mots pour décrire à quel point il est satisfaisant de voir les visages des patients ­s’illuminer lorsque j’entre dans leur chambre habillée en Elsa, ­Raiponce ou Ariel. Il faut l’admettre : remonter le ­moral des enfants en restant moi-même une enfant, c’est le rêve, non ?


Pour ce faire, je dois non seulement me mettre dans la peau du personnage que je joue, mais ­aussi gérer le fait que les enfants ont de plus en plus un raisonnement logique. Ainsi, il est arrivé qu’un enfant crie lors d’un événement à Kinepolis que Cendrillon avait été maltraitée durant des années ou qu’on demande à Elsa si elle était lesbienne ou non. Dans ce genre de ­moment, je me demande comment mon personnage ­réagirait. Je ne suis plus Arkee, mais une vraie princesse de conte de fées. Évidemment ça aide de sentir une vraie connexion avec l’enfant qui sommeille en moi.

Garder son âme d’enfant


Ma maison est pleine de figurines ­Disney et de LEGO®. Le fait de ne pas vouloir entièrement devenir adulte semble propre à notre génération. ­Beaucoup de mes amis sentent le ­besoin de rester jeunes un peu plus longtemps, de ­s’amuser de façon insouciante et de garder leur âme ­d’enfant un peu plus longtemps. C’est aussi comme ça que j’ai été élevée. Mes parents m’ont toujours montré que je n’avais pas du tout besoin de devenir une adulte dure ou amère, mais que je pouvais continuer à m’amuser et mettre mes soucis de côté à tout moment dans la vie. La vie n’est pas seulement une question de travail et de responsabilités. Nous ­devrions tous profiter et rêver un peu plus d’une vie de contes de fées si on veut en tirer le meilleur.»

Bérénice, 28 ans, quitte la morosité de son travail en prison pour partir à la recherche d’une nouvelle figurine à ajouter à sa vaste collection Mon Petit Poney.

« À l’âge de six ans, mon rêve de petite fille est devenu réalité : après avoir ­longuement insisté, mes parents m’ont offert un poney shetland. Ce fut le ­début de ma passion pour les chevaux. Dix ans plus tard, ma meilleure amie m’a offert mon premier Mon Petit Poney en ­cadeau. J’en ai ensuite reçu un autre de ma sœur, et c’est comme ça que tout a commencé. Tout à coup, je ­recevais de tout le monde des vieilles figurines Mon petit Poney, j’en ai aussi trouvé sur les marchés aux puces ou dans les magasins de jouets.

Au départ, j’avais une vieille armoire à CD pleine de petites boîtes Mon Petit Poney. Cinq ans plus tard, j’avais une collection de plus de 500 pièces, y compris des pièces de collection du monde ­entier qui valent deux cents à trois cents euros.


Cette ­collection a suscité une certaine polémique lorsque mon amoureux et moi avons acheté notre maison. Il pensait qu’un placard rempli de poneys colorés et scintillants me satisferait. Nous avons finalement trouvé un compromis : nous allions construire une cabane dans le jardin où tous les poneys pourraient être exposés. J’y ai aussi installé une machine à coudre qui m’a permis de me créer un ­déguisement Mon Petit Poney. Et ça ne s’arrête pas là. Dans la maison, il y a partout des peluches Mon Petit ­Poney, mais aussi des jeux de société, des chaussettes, des verres, des gloss à lèvres, des barrettes à cheveux, ­serviettes de bain à son effigie… Je dois avouer qu’il ­m’arrive d’être désolée du travail que cela donne à ma femme de ménage, car elle doit épousseter ma collection plus souvent que moi. Mais je remarque immédiatement quand une figurine a bougé et qu’elle n’est pas à sa place. À son grand soulagement, ma collection ne s’est plus agrandie ces dernières années. Mais j’ai encore quelques rêves, comme par exemple le manoir Mon Petit Poney qui est une pièce très rare des années 80.

Une vie en couleur


Pourquoi ces figurines m’attirent-elles autant ? C’est simple : j’aime avoir de la couleur et des paillettes dans ma vie. En fait, j’aime tout ce qui respire la joie. Ce besoin d’égayer littéralement ma vie n’a fait que grandir depuis que j’ai un travail d’adulte où je suis confrontée à la mort et à la ­morosité tous les jours.

Je travaille comme infirmière au service médical d’une prison et je suis très souvent confrontée au chagrin, à la colère, à la misère et à la ­solitude. Quand je rentre chez moi après une journée ­difficile au travail, cela m’aide de retrouver ma collection Mon petit Poney.


Cela m’apaise et provoque une montée d’hormones du bonheur. Pour moi, c’est plus qu’une ­collection d’enfant qui est devenue incontrôlable. C’est un moyen de laisser les problèmes et le stress au travail et d’échapper un moment à la lourdeur de la vie. Je pense que beaucoup de gens seraient beaucoup plus heureux si, comme moi, ils se fichaient de ce que les autres pensent ou de ce que signifie ‘être adulte’ selon la société. Je ne veux pas suivre le troupeau. Cette vision étroite de notre société rend le fait de vieillir assez ­terrifiant, et ça m’angoisse depuis mon plus jeune âge. Maintenant que la trentaine arrive, je préfère fuir cette ­réalité. Évidemment, je me comporte en adulte responsable quand il le faut, mais j’espère sincèrement que je ne perdrai jamais mon âme d’enfant. C’est peut être aussi l’une des raisons pour lesquelles je préfère ne pas avoir d’enfants. J’ai beaucoup d’animaux et je pense que c’est une responsabilité plus que suffisante. Cela s’avère très difficile à comprendre pour les gens qui m’entourent. ­Depuis que mon copain et moi sommes mariés (on s’est mariés sur le thème Disney, évidemment) on nous ­demande constamment quand on compte faire des ­enfants. Mais laissez-moi être encore une enfant pendant un moment au lieu de devoir m’en occuper. »

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