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© Getty Images

La pénurie de personnel dans les crèches belges est alarmante

Gwendoline Cuvelier Journaliste

La pénurie de personnel dans les crèches belges est un problème bien connu. Et en cette fin d’année scolaire, le bilan est catastrophique, en particulier dans les établissements néerlandophones à Bruxelles: crèches fermées, horaires réduits, puéricultrices qui se retrouvent seules à devoir gérer près de 10 enfants,... Les parents tirent la sonnette d’alarme.

La crèche néerlandophone De Bloeiende Kerselaar à Watermael-Boitsfort accueille chaque jour une quarantaine de bébés de 0 à 36 mois. Cette crèche agréée (par Opgroeien – anciennement Kind en Gezin) est depuis quelques mois sujette à des difficultés récurrentes de recrutement de puéricultrices. La situation est devenue intenable. “Le gouvernement flamand échoue en matière de garde d’enfants” dénonce un collectif de parents dans un communiqué.

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Une pénurie structurelle de salariés

La Flandre utilise un ratio de 9 enfants par accompagnateur·trice, le ratio le plus élevé d’Europe! De plus, les conditions de travail et les salaires des puéricultrices ne sont pas adaptés aux efforts et à l’importance qu’elles ont dans la société. “Les annonces de recrutement que De Bloeiende Kerselaar a envoyées en septembre 2021 n’ont pas permis de combler les postes vacants” expliquent les parents de la crèche. Et cette entité est loin d’être la seule en difficulté. De plus en plus de garderies ferment leurs portes en raison d’un manque persistant de personnel. D’autres imposent des horaires d’ouverture réduits qui ne correspondent plus au contrat conclu entre la crèche et les parents, sans aucune compensation financière. Sans parler des fermetures imprévues à répétition. “Dès qu’un employé part en vacances ou ne vient pas travailler pendant une journée (par exemple pour cause de maladie), la crèche ferme ses portes ou n’offre de place qu’à la moitié des enfants. Il arrive souvent que les parents reçoivent un e-mail avec le message que leur enfant ne peut pas être gardé le lendemain, ce qui perturbe les emplois du temps souvent déjà chargés des parents” relate le communiqué.

Dans un groupe Facebook réservé aux mamans, les témoignages inquiétants pleuvent sous une publication traitant du sujet. “Le vendredi, la puéricultrice est seule avec 16 enfants…” écrit une membre. “Chez nous, elles ne sont que 2 puéricultrices à s’occuper de 22 enfants” rapporte une autre bruxelloise. “À Overijse, deux crèches viennent de fermer, dont une entre autres par manque de personnel néerlandophone. C’est la catastrophe: 40 enfants à recaser alors qu’il n’y a pas de place” s’inquiète une troisième. “Le personnel est au bout du rouleau”, “les puéricultrices sont épuisées” sont les conclusions qui reviennent le plus souvent.

Une solution qui n’en n’est pas une

À De Bloeiende Kerselaar, afin de limiter le nombre de jours de fermeture, une vingtaine de parents se sont inscrits comme bénévoles. Les jours de pénurie de personnel, ils soutiennent les puéricultrices. Bien que ces parents ne soient pas autorisés à accomplir toutes les tâches – en l’absence de diplôme approprié – ils sont pour l’instant appelés à assurer, dans une certaine mesure, la continuité de la garde des enfants. “Cet élan de solidarité est louable, mais la question se pose de savoir s’il est normal qu’une crèche agrée par Opgroeien et par extension par le gouvernement flamand, doive compter sur les parents pour garantir la garde des enfants ?” interpelle le collectif dans son communiqué. “Selon une étude de l’OCDE, il apparaît que non seulement la Belgique obtient de mauvais résultats en matière de congé de maternité et de congé parental, mais qu’elle met également très peu d’argent à disposition pour des services de garde de qualité. On s’attend à ce que les jeunes mères reprennent le travail rapidement, sans aucune garantie de soins de qualité, structurels et sûrs pour leur bébé. Le personnel de De Bloeiende Kerselaar est contraint de travailler dans ces circonstances difficiles depuis des mois. Les employés mettent tout en œuvre pour garantir des soins de qualité. Mais cette situation précaire est-elle ce que nous souhaitons pour nos enfants et le bien-être des puéricultrices?”

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