Le folklore complice de la culture du viol? Le CPS de l’ULB prend ses responsabilités
Après avoir été alerté d’une série de comportements mêlant violence sexuelle, harcèlement et non-consentement, le Cercle des étudiants en Philosophie et Sciences Sociales (CPS) de l’ULB a tenu à réagir au sujet de la culture du viol qui entache la guindaille. Sans compromis et sans renier ses responsabilités dans la problématique.
Car si le CPS rappelle d’emblée ne cautionner aucunement ces agissements et apporter son soutien entier aux victimes, le cercle reconnaît également n’être malheureusement pas exclu de la situation.
Il est intolérable de penser que nos évènements, nos lieux de fêtes et nos membres en sont épargnés, car ce n’est pas le cas. Nous présentons nos excuses pour tous les actes passés sous silence sous la responsabilité de notre association par le passé, banalisant ce sexisme et cette culture du viol encore bien trop présente dans la communauté estudiantine” – CPS.
Et de souligner qu'”aujourd’hui et encore plus demain, nos délégué.e.s de cercle s’engagent à mener ce combat pour rendre notre cercle et nos campus libres de toute violence verbale, physique, mentale et de tout sentiment d’insécurité et d’inaction. Cela perpétue un climat malsain, loin de ce qu’une association étudiante devrait représenter”.
Le folklore complice de la culture du viol?
Fini, le folklore complice? À l’hiver 2020, le #MeToo de la guindaille avait révélé à quel point la culture du viol imprégnait le monde des soirées estudiantines, qu’il s’agisse d’importuns s’adonnant à des attouchements en soirée ou de dangereux jeux de pouvoir dénoncés sous la bannière #BalanceTaBleusaille. Dans un témoignage sur le sujet pour Paris Match.be, une ancienne baptisée Philo faisait état de pratiques dégradantes, pourtant normalisées.
Les bleuettes doivent ôter le haut de leur bleu de travail. Elles passeront l’activité en soutif (…) Une bleuette est couchée sur le dos ; un bleu, à poil se met à quatre pattes au-dessus de son visage. Un comitard déverse de la bière dans le dos du garçon ; bière qui s’écoule sur ou dans la bouche de la fille”
Féru de traditions, le folklore estudiantin serait-il toujours pétri d’une misogynie pour le moins anachronique en 2021?
Sans viol, la fête est plus folle
Entre bleusailles en petite tenue et événements qui surjouent la sexualisation de leurs participantes, il est tentant de parler de problème systémique. Une réalité à laquelle le CPS de l’ULB est prêt à se confronter, affirmant son “engagement dans l’écoute et la prise en charge de témoignages liés à notre cercle”.
Une oreille attentive sera toujours prête à vous recevoir et, ensemble, nous avancerons vers un folklore plus sûr. Un travail quotidien s’effectue actuellement au sein de tous les cercles de l’ACE pour que de tels actes ne soient plus jamais banalisés” – CPS.
Et en attendant, le bureau du comité de cercle s’engage à être un organe de confiance pour tout témoignage. Des témoignages encore difficile à entendre, ainsi que le regrettait une étudiante de l’ULiège victimes d’attouchements au Chapiteau dans un post devenu viral depuis sur Confession ULiège. “Tout le monde est bourré en Chapi (...) et les agressions plus sévères sont discréditées parce que “vous étiez tous les deux trop bourrés, tu peux pas parler de consentement” … BEN SI EN FAIT”.
Un argument qui ne convainc plus? En mars dernier, trente mois de prison ont été requis contre un jeune homme qui avait violé une condisciple après une guindaille et assurait qu’elle était consentante. À Louvain, Thé Ok ? organise pour sa part des actions de sensibilisation au consentement sexuel lors des soirées étudiantes. Et si ces dernières sont en suspense pour le moment, c’est peut-être le moment idéal pour rappeler avant la reprise des festivités qu’avec ou sans alcool, c’est surtout sans viol que la fête est plus folle.
Vous avez été victime de viol ou d’agression sexuelle en soirée?
Lors d’une conférence intitulée “Violences sexuelles: conséquences et prévention”, des conseils avaient été diffusés par le centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS).
Comment réagir
Comment réagir
Qui contacter (Liège)
Qui contacter (Liège)
Et dans les autres villes étudiantes
Et dans les autres villes étudiantes
Ainsi que le souligne Amnesty International, la question n’est pas de savoir si une personne dit « non », mais plutôt de savoir si elle dit « oui ». Quand à la fameuse “zone grise”, cette situation de flou où l’autre n’a pas dit non, mais où la personne en face ne sait pas réellement si elle a dit oui pour autant, il s’agit selon Amnesty d’une manière d’excuser “certains actes inacceptables de violences sexuelles, protéger les agresseurs et culpabiliser les victimes”. Et de marteler que si une personne est dans un état second, par exemple après avoir ingéré de l’alcool ou autres substances qui altèrent la conscience, il ne peut pas y avoir de consentement, le silence n’équivalant pas à celui-ci.
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