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© Close-up uf hands toasting in beer, at festival

La lettre ouverte des parents de Thomas, 20 ans, mort à cause d’une guindaille

Gwendoline Cuvelier Journaliste

Il venait d’entrer en troisième année d’ingénieur de gestion à l’université. Thomas n’était pas un alcoolique, juste un étudiant comme les autres qui aimait faire la fête. Une soirée un peu trop arrosée lui a été fatale. Vendredi 11 octobre, il a chuté d’un pont et en est mort, à cause de quelques verres de trop.


Pour que le décès de leur fils ne soit pas vain, les parents de Thomas, André et Catherine Dusausoy, ont publié une lettre ouverte via RTL Info, “un cri de détresse et d’indignation” adressé à “tous les étudiants qui font la guindaille”. Ils espèrent que leurs mots, bouleversants, exerceront un effet aussi percutants auprès des jeunes que la chute de 6 mètres de leur garçon...

Voici la lettre en intégralité, publiée sur le site d’RTL Info.

Pour Thomas, la fête est finie


“Aujourd’hui vendredi 11 octobre 2013, mon fils Thomas, 20 ans, est mort.

Si je m’adresse à vous, tous les jeunes et étudiants de Belgique et d’ailleurs, c’est pour lancer un grand cri. Un grand cri de tristesse et d’indignation.

Thomas est mort en tombant d’un pont à Louvain-La-Neuve, il a fait une chute de 6 mètres qui lui a été fatale. Pourquoi je m’indigne ? Pourquoi je hurle ma douleur et m’adresse à vous les étudiants ? Tout simplement car Thomas avait fait la fête, avec ses potes, comme tous les étudiants en fait, surtout maintenant en période de baptêmes estudiantins. Thomas avait trop bu, comme tous les copains.

La guindaille, vous connaissez ? Les soirées beuveries dans les cercles étudiants et les kots, ça vous dit quelque chose ? Les soirées à “jusqu’à plus soif” quand les copains restés sobres essayent de vous convaincre de ne pas prendre la route et d’aller vous coucher ? Vous voyez ce que je veux dire ? Vous avez déjà vécu cela, par vous-même ou vos amis ?


Il est grand temps de s’indigner contre l’excès d’alcool dans les soirées estudiantines. L’alcool tue, la preuve. Alors oui, c’est vrai qu’il y a un mort pour 100.000 bitures.....c’est peu en fait me direz-vous, mais quand c’est un jeune de 20 ans et que c’est votre fils, cela vous paraît inacceptable, révoltant, injuste. Thomas était un garçon formidable, gentil, honnête, studieux (il venait de rentrer en 3° année d’ingénieur de gestion à l’UCL), il aimait la vie, était heureux, bien dans sa peau, il avait plein de copains et une charmante petite amie depuis deux ans. Thomas n’avait  pas de problèmes d’alcool, ce n’était pas un alcoolique. Non, il buvait dans les soirées d’unif, de la bière comme tout le monde. Car dans le milieu estudiantin, “si tu ne bois pas, t’es pas vraiment dans le coup, dans l’ambiance”. Les tournées de verres de boissons alcoolisées envahissent les tables, les pompes à bières débitent jusque tard dans la nuit....

Si je m’adresse à vous aujourd’hui, vous qui faites la fête dans les unifs et les écoles supérieures, vous qui avez 20 ans et qui vous croyez indestructibles, vous qui ce soir, demain, la semaine prochaine boiront chopes sur chopes pour “faire la fête”, au point de ne plus tenir debout, indignez-vous et dites NON à l’alcool. Si vous ne le faites pas pour Thomas que vous ne connaissiez pas, faites le pour vous, pour vos parents, pour vos amis.


Dans quelques jours ce seront les 24h vélo de Louvain-la-Neuve. Et tout cela recommencera. Les beuveries, les guindailles, les excès en tous genres. Que veut-on ? D’autres étudiants morts ? Il y aura des “morts-bourrés” et peut-être aussi des morts tout court, des vrais. Toi ? Ton copain ? Ton frère ?

Toi, étudiant aujourd’hui, qui te prépares à bientôt faire la fête, mobilise-toi pour que cela cesse. Vous les jeunes avez aujourd’hui les réseaux sociaux pour vous mobiliser, vous avez la parole, pour vous indigner. Utilisez Facebook, Twitter et les autres pour réfléchir à la manière de consommer de l’acool dans les soirées estudiantines. Et pas que là d’ailleurs : les clubs sportifs, les mouvements de jeunesse, les soirées en tous genres sont autant d’endroits où faire la fête rime trop souvent avec soulographie.

Vous êtes jeunes, c’est normal que vous vouliez faire la fête, mais pour Thomas la fête est finie, à tout jamais.


Étudiant, si tu lis ce message, parles-en avec tes amis. Parents, si vous lisez ceci, parlez en en famille avec vos enfants, tant qu’il est encore temps. Pour moi, c’est maintenant trop tard.

Jeunes de toutes origines, mobilisez-vous contre l’excès d’alcool dans les soirées. Parlez-en autour de vous, imaginez des guindailles et des sorties d’un genre nouveau, où la pompe à bière ne conditionne pas le succès de la soirée. Prévoyez un BOB, laissez vos clés au vestiaire, et limitez l’alcool à tous prix, car vient tôt ou tard un moment où vous n’êtes plus vraiment maître de vous mêmes.

Étudiants, indignez-vous de ce qui vient d’arriver à un chic type de 20 ans du Brabant wallon et mettez tout en oeuvre pour que cela ne vous arrive pas, ni à vos amis. Faites que Thomas ne soit pas mort pour rien.


Merci d’avoir lu ce message, faites-en bon usage”.

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