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Face à la mort imminente de son papa, elle rédige une lettre bouleversante

Kathleen Wuyard

On a beau savoir que c’est l’ordre naturel des choses, rien ne prépare jamais vraiment à la mort d’un proche. Confrontée à la maladie incurable de son papa, Alma a décidé de rédiger une lettre ouverte bouleversante, qui met des mots sur une douleur inimaginable.


Très proche de son papa, la jeune femme originaire de la région liégeoise a appris il y a peu qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre. Une sentence, un couperet, une condamnation, qui bouleverse tant le quotidien du malade que de ses proches. Parce que cette période de doutes et de peur est incroyablement difficile à naviguer, Alma a décidé de rédiger une lettre ouverte poignante qui fait part de ses sentiments. Nous la partageons avec sa permission, dans l’espoir que cela puisse aider d’autres personnes qui traverseraient la perte d’un être cher.

“Ne me secouez pas, je suis pleine de larmes”


“J’ai besoin d’en parler ouvertement, comme ça le message est clair pour tout le monde et ceux que ça n’intéresse pas peuvent passer leur chemin, commence Alma.Papa est malade, tout le monde le sait. Dernièrement nous avons appris qu’on estime qu’il lui reste environs 3 mois à vivre. C’est inimaginable la douleur que nous sommes en train d’endurer”. Et d’ajouter que “ceux qui disent qu’ils comprennent, tant qu’ils ne l’ont pas vécu, ne peuvent pas comprendre. Je suis quelqu’un de très sensible et très empathique et pourtant jamais de ma vie je n’aurais imaginé ça ; ce qu’on peut ressentir lorsqu’on voit un être cher s’éteindre et souffrir devant nos yeux et nos actes impuissants”.

“C’est injuste, c’est quelqu’un de bien”

J’ai besoin de dire que je suis quelqu’un de fort et de jovial, mais j’arrive de moins en moins à me contrôler. Je suis irritable et j’en deviens désagréable. Je suis mal au fond de moi. Je n’ai pas toujours envie de voir des gens. Je n’ai pas toujours envie de parler. Je n’ai pas envie de déballer mon ressenti en entier.


“Ça me demande trop d’énergie et la force qui me reste, je la garde pour quand je vois ma famille, pour tenir bon et ne pas m’écrouler, je ne la gaspillerai pas dans des faux semblants, explique Alma. C’est comme ça, c’est normal pour moi”.

Je m’accorde le droit d’être mal, peu importe quand ça arrive, ça me touche trop profondément et je suis trop entière pour faire autrement. J’assume, je n’ai pas à m’en excuser.


“J’ai besoin de dire que je n’ai plus envie de raconter où sa santé en est. Il est malade et ce n’est pas guérissable”, ajoute la jeune femme.

On sait tous qu’il n’y a aucune chance qu’un miracle se produise. Ce n’est pas du pessimisme, c’est une manière de garder les pieds sur terre pour que la chute soit moins violente, lorsqu’elle se produira. Des fois dans la journée, je n’y pense plus et ça fait du bien parce que sans ça, je passerais mes journées à pleurer et être mal, alors recevoir des messages à tous moments qui me replongent dedans parce qu’on me demande si «il va mieux ? », ça m’oblige à en parler alors que non ça ne va pas mieux… c’est de la torture inutile, comme ça s’est dit.


Autre torture? Les messages bien-pensants, qui font parfois plus de mal que de bien à ceux qui les reçoivent.

J’ai besoin de dire que mon père ne supporte plus qu’on lui dise « courage, ça va aller », il sait que ça ne va pas aller et il a l’impression qu’on minimise ce qui lui arrive. Il a besoin qu’on lui change les idées, qu’on le fasse rire, qu’on lui parle d’autre chose. Il a besoin d’oublier sa douleur, de se sentir bien.


“Il a assez de moments dans sa journée où il est confronté à sa maladie et ses peurs.

Il a besoin que les personnes qui disent qu’elles vont venir le voir, viennent, que ceux qui disent qu’ils vont lui sonner, sonnent. Qu’on n’arrive pas en retard, qu’on ne lui promette pas des choses qui n’arriveront pas, il n’a plus le temps pour ça” rappelle Alma.

Il adore voir du monde et il est tellement touché de réaliser à quel point il compte.Les mois, les semaines, les jours, les heures, les minutes qui restent sont inestimables, alors merci.

Merci de donner du sens au temps qui reste, j’avais vraiment besoin de le dire.


Un message puissant, nécessaire, qu’Alma avait besoin de partager, et qui mettra peut-être des mots sur les maux que traversent d’autres lectrices et lecteurs. Parce que ce n’est pas parce que c’est “l’ordre naturel des choses” que ça ne fait pas mal, loin de là.

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