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Les célibataires ont tout compris DR Flair Canva

Et si les célibataires sans enfant avaient tout compris?

Kathleen Wuyard

Dans une société qui répète que le “happy end” arrive quand on se met en couple, et que la consécration pour le couple en question est de fonder une famille, pas facile tous les jours pour les célibataires sans enfants. Même si ils ou elles le sont par choix, et alors même que de plus en plus d’études soulignent que ce serait peut-être leur mode de vie qui apporterait le plus de bonheur sur le long terme.

Aloïse a 32 ans, toutes ses dents, et jusqu’il y a peu de temps, elle avait un mec, aussi, avec qui elle a passé 7 ans de sa vie. Il y a 18 mois, leur histoire s’est terminée sans cris ni larmes, même si elle avoue avoir écouté “Et cette tristesse” en boucle à une période, raison pour laquelle elle s’est choisie ce nom d’emprunt, en hommage à Aloïse Sauvage. Et donc, l’Aloïse de cette histoire est célibataire depuis un an et demi, à l’âge où la majorité de ses potes se casent et/ou font des bébés... Et elle le vit super bien.

Au début, quand j’ai réalisé que j’avais 30 ans et que j’étais toute seule, j’ai badé, parce que tout le monde répète tout le temps que c’est un âge fatidique, celui où on fonde une famille, où on achète une maison... La société au sens large le martèle, mais surtout nos proches aussi. Et puis dès que j’ai réalisé que cette angoisse-là venait des autres, pas de moi, j’ai ressenti un immense sentiment de liberté”.


Une liberté qui se manifeste chaque jour de mille manières concrètes pour cette architecte bruxelloise : “Je ne dois plus jamais prévenir de l’heure à laquelle je rentrerai, attendre pour regarder un épisode parce que c’est “notre” série ou m’imposer des soirées avec des gens que je trouve franchement pénibles, et meilleur de tout, la Noël, c’est d’office dans ma famille que je la fête, plus besoin de parlementer”. Concrètement, ainsi qu’Aloïse le proclame avec enthousiasme, “je suis redevenue maître à 100% de mon temps et de mes décisions”. Et elle est loin d’être la seule à vivre le célibat comme une libération.


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En tête-à-tête avec soi-même

Julienne raconte pour sa part le bonheur d’avoir emménagé seule pour la première fois, et décoré son petit studio exactement selon ses goûts, tandis que Chloé, 33 ans et virtuellement en couple non-stop avec des mecs différents de ses 17 à ses 31 ans, a appris à être bien avec elle-même et ne se voit pas se recaser de sitôt. Outre-Atlantique, le mouvement des “célibataires et heureuses de l’être” ne date pas d’hier, et va même plus loin, la dernière tendance étant de s’auto-inviter à des dates.

Pas simplement manger sur le pouce ou se faire un ciné furtif, mais bien traiter ces sorties en solo comme de véritables rendez-vous à savourer et pour lesquels se réjouir et se pimper, car c’est ce qu’ils sont au fond, sauf que c’est avec vous-même que vous vous retrouvez en tête-à-tête.

Pleins feux sur les joies du célibat

Signe du temps et des mentalités qui changent: plutôt que de se concentrer sur le négatif (pensée à Bridget Jones, qui avait si peur de finir seule mangée par son chien imaginaire), la pop culture célèbre enfin les joies du célibat, entre le jouissif “How To Be Single” avec Rebel Wilson dans le rôle principal, le loufoque “The Breaker-Upperers” ou encore des séries telles que “Fleabag”, où Phoebe Waller-Bridge rappelle avec un humour délicieusement british qu’être célibataire, c’est aussi être libre et en profiter pour tester plein de choses (et de partenaires, si jamais...)



Signe des temps, bis : la science aussi s’y intéresse de plus près, et s’intéresse surtout aux aspects positifs du célibat et de l’absence d’enfants. Experte en célibat, la psychologue Bella DePaulo y a consacré un livre, “Singled Out”, dans lequel elle compile témoignages et études pour arriver à la conclusion que sur le long terme, les célibataires seraient plus heureu·x·ses que les autres. Leur indice de satisfaction serait plus élevé, et ils affirmeraient aussi que le sentiment de solitude que l’on peut ressentir au début disparaît sur la durée.

Une croissance personnelle plus importante

L’indépendance offerte par l’absence de partenaire et d’enfants permettrait ainsi de vivre de manière plus aventureuse, en faisant des choix qui n’auraient pas toujours été possibles autrement, et donc, en bénéficiant d’une croissance personnelle plus importante que celle des personnes en couple. Plus récemment, Paul Dolan, professeur en sciences du comportement à la London School of Economics, affirmait quant à lui que contrairement à ce que les indicateurs de succès traditionnels continuent d’affirmer, les femmes non mariées et sans enfant constitueraient le sous-groupe le plus heureux de la population. Et d’aller plus loin encore dans son analyse :

Les femmes mariées sont plus heureuses que les autres sous-groupes de la population, mais uniquement lorsque leur conjoint est dans la pièce quand on leur demande à quel point elles sont heureuses. Quand le conjoint n’est pas présent: putain, c’est misérable”.


Misérable, vraiment? Et si le problème ce n’était pas tant d’être en couple ou célibataire, maman ou sans enfants, mais bien de toujours tout ramener à une dualité ?



“Les célibataires sont plus heureux”, “être parent procure tout le bonheur du monde”... Autant d’affirmations qui mettent en opposition, et stigmatisent ceux qui ne se retrouvent pas dans la description. Ainsi que le rappelait récemment Fiona Schmidt, auteure d’un livre relatif à la charge maternelle (et elle-même très heureuse sans enfant ni désir d’en avoir), il est temps d’arrêter cette stigmatisation et cette mise en compétition permanentes.

Parce qu’au fond, oui, il existe bien des personnes plus heureuses que les autres, et ce n’est pas lié au fait d’avoir un partenaire ou d’être célibataire, ni d’être maman ou bien child free, non. Cela tient au fait de s’écouter et de vivre à son rythme, selon ses envies. Même si, comme pour Aloïse, elles impliquent de dormir en étoile en plein milieu du lit, “juste parce que je peux le faire”, ou bien, à l’instar de Julienne, de savourer son studio décoré avec amour, et de s’installer dans son Togo en velours chiné à prix mini pour confortablement y swiper des mecs. Selon leurs envies, on vous dit, et c’est en ça qu’elles, et toutes celles et ceux qui épousent pleinement leurs choix de vie, ont tout compris.

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Illustrations de l’article : Venimo / Getty Images

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