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© Pexels

Les bodybuildeuses américaines dénoncent le harcèlement sexuel qu’elles subissent

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Partout dans le monde et dans chaque domaine, des femmes prennent peu à peu la parole pour dénoncer les agressions, le harcèlement et les violences dont elles sont victimes. C’est au tour des femmes pratiquant le culturisme de révéler les abus qu’elles vivent.

Aux Etats-Unis, des femmes bodybuildeuses ont décidé de témoigner dans le cadre d’une grande enquête menée par le « Washington Post » sur le harcèlement et les abus qu’elles subissent au sein même de la pratique de leur discipline. Les premiers mots de l’enquête publiée par le journal américain sont les suivants :

Les responsables des deux principales fédérations de culturisme exploitent sexuellement les athlètes féminines depuis des décennies – les pressant de poser pour des photos nues, publiant ces photos sur des sites pornographiques soft-core et, parfois, manipulant les résultats du concours en faveur de concurrents coopératifs.

Dans cette enquête, on retrouve les témoignages de compétitrices de culturisme, de responsables dans le milieu, de membres de jury de compétition, qui dénoncent des faits graves. Plusieurs bodybuildeuses participant à des compétitions sportives expliquent que « leurs résultats dépendaient de leur volonté de poser pour des photos à caractère sexuel ou de plaire aux principaux juges, promoteurs et managers de ce sport, qui sont presque tous des hommes ». 

Les témoignages mettent principalement en cause une famille influente dans le milieu du culturisme américain : les Manion, qui auraient perpétré de tels agissements. Le « Washington Post » écrit :

Pendant plus de quinze ans, J. M. Manion, dont le père, Jim, organise des championnats de body-building amateur et professionnel depuis plusieurs décennies, a exploité plusieurs sites payants de pornographie « soft » qu’il alimentait avec des photos prises par ses soins.

Lire aussi : Les agressions sexuelles au sein de l’armée américaine en forte augmentation

Des photos que les athlètes femmes étaient fortement encouragées d’accepter si elles voulaient voir leur carrière évoluer. « Dire non aux Manion coûtait cher », affirme l’une des victimes de ce système d’exploitation. Une athlète très connue dans le milieu du culturisme, Jenn Gates a elle aussi été victime des agissement de J.M Manion, qui était à l’époque des faits son manager. Lors d’une séance photo qui était censée être destinée à un magazine sportif, il lui demande de retirer son bikini, elle refuse. Mais quelque temps plus tard, elle apprend que les photos sur lesquelles elle a posé en maillot de bain ont été publiées sur un site pornographique tenu par J.M Manion.

Je n’ai jamais consenti à ce que mes photos soient publiées sur un site porno soft. 

assure-t-elle. Après avoir remporté la prestigieuse compétition de l’Olympia en 2008, elle abandonne le culturisme en 2011, « avec dégoût et avertit les jeunes femmes de rester à l’écart des compétitions », écrit le « Washington Post ».

Des faveurs sexuelles exigées contre des titres sportifs

Une des bodybuildeuses qui témoignent explique avoir cédé à ce chantage sordide en acceptant de se faire photographier nue afin de pouvoir accéder aux compétitions professionnelles, ayant déjà un très bon niveau dans les compétitions réservées aux amateurs. Elle explique avoir fait cela « dans l’espoir de gagner une carte professionnelle, qui permet aux athlètes de passer des compétitions amateurs à la ligue professionnelle ». Mais même après s’être pliée à cette séance photo, elle n’obtient pas la carte. 

Dans l’incompréhension, elle décide d’interroger l’un des juges de la compétition pour amateurs dans laquelle elle vient de concourir ce jour-là. Il lui aurait donné comme justification : « Parce que tu n’es pas venue dans ma chambre hier soir. » Une enquête qui ouvre la voie à un #MeToo du culturisme qui tente de mettre fin aux abus subis par ces femmes.

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