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Beyrouth
© JOSEPH EID/AFP via Getty Images

BEYROUTH : deux ans après l’explosion, une nouvelle catastrophe pourrait frapper le port

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

En août 2020, la capitale libanaise, Beyrouth, voyait son port ravagé par une explosion mortelle. Aujourd’hui, les silos à grains largement endommagés par l’incident, menacent de s’effondrer.

Depuis plusieurs années, le Liban n’est pas épargné, en plus de la crise économique qui frappe le pays, en août 2020, un drame avait eu lieu dans la capitale. En effet, une grande quantité de nitrate d’ammonium stockée au port de Beyrouth avait explosé faisant plus de 200 morts et 6500 blessés. Alors que la ville se relève à peine de ce tragique incident et tente de se reconstruire peu à peu, une nouvelle catastrophe pourrait bien se produire. Des silos à grains situés sur le port avaient été fortement endommagés lors de l’explosion, et sont le théâtre depuis le début du mois de juillet, d’incendies à répétition causés, selon les experts et les autorités, par la fermentation des stocks de céréales qui se trouvent à l’intérieur. Les fortes chaleurs les auraient alors rendus inflammables. Des dégâts qui ont eu raison du bâtiment puisque « les silos à grain du port de Beyrouth risquent de s’effondrer », comme l’a annoncé le Premier ministre libanais Najib Mikati ce 27 juillet dernier.

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« La vitesse d’inclinaison du bâtiment est passée de 2 millimètres par jour à 2,5 millimètres par heure »

Une situation critique qui empire chaque jour comme l’a expliqué le ministère de l’Environnement dans un communiqué relayé par le journal libanais “L’Orient Le Jour” : « Les outils de surveillance installés dans les silos ont enregistré une augmentation du risque d’un effondrement de certaines parties de la façade nord de la structure. La vitesse d’inclinaison du bâtiment est passée de 2 millimètres par jour à 2,5 millimètres par heure, dans toute la partie nord, qui menace désormais de s’effondrer. » Face à la gravité de l’état du bâtiment, le Premier ministre a pris la parole, demandant aux autorités « d’interdire aux employés du port ou aux membres de la Défense civile et des pompiers de s’en approcher, par mesure de sécurité ». Il s’est également adressé à l’armée libanaise et à la direction de la gestion des catastrophes, qui doivent désormais être « en état d’alerte en cas d’effondrement partiel de la structure ». Les habitants vivant proches de la zone ont reçu des consignes en cas d’effondrement des silos. Ils devront évacuer la zone et si ce n’est pas possible porter des masques et fermer les fenêtres, car une énorme quantité de poussière sera déversée dans l’air.

« Dans le cas d’un effondrement ou d’une chute partielle (des silos), la poussière résultant des restes de construction et certains champignons provenant de grains de blé pourris se répandront dans l’air »

Les silos, lieu de mémoire pour les proches des victimes de l’explosion

Le risque d’effondrement de ces silos ravive des blessures douloureuses pour les proches des victimes et les personnes ayant survécu à l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Le bâtiment est devenu un endroit où beaucoup viennent se recueillir. En avril dernier, les autorités avaient ordonné la démolition des silos, mais cette décision avait été suspendue après une vague d’opposition des proches des victimes qui le considèrent comme un lieu de mémoire. Ces familles de victimes dénoncent également une enquête nationale sur l’origine de l’explosion, qui piétine depuis deux ans. Les députés de l’opposition élus aux dernières élections et issus du parti de la République Forte ont lancé une pétition adressée au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies afin de réclamer la création d’une commission d’enquête internationale sur l’explosion du port. Ils invitent désormais les autres blocs parlementaires à la signer avant son envoi au Conseil des droits de l’homme, afin de faire aboutir cette initiative créée en collaboration avec les familles des victimes. 

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