Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© Summer holiday fashion concept - tanning woman wearing sun hat at the beach on a white sand shot from above; Shutterstock ID 691834711; Projectnummer/WBS-nummer: -; Uitgave/Naam lesmethode: -; Redacteur/Traffic manager: -; Anders: -

Confessions d’une accro au bronzage (presque) repentie

La rédaction

J’ai beau savoir que dans certains pays, le teint pâle est synonyme d’aristocratie, je ne me plais jamais plus que quand ma peau est hâlée. Sauf qu’entre les dangers du soleil (sans parler du solarium) et mon inaptitude totale à appliquer de l’autobronzant, je me retrouve forcée de m’accepter en Visage Pâle. Avec un succès mitigé.


La preuve pas plus tard que le week-end dernier. Après des semaines (qui avaient eu l’air de durer des années) de pluie et de températures en berne, soudain, miracle, le thermomètre dépassait les 20 degrés et il faisait ultra ensoleillé. L’occasion parfaite de prendre un pique-nique et de partir profiter avec mon mec et notre ravissant canidé. On était là, en plein air, à savourer le moment, sauf que moi, j’angoissais. Est-ce que si je tenais mon magazine comme ça, je bronzais quand même? Mieux vaut lire mon livre, il est plus petit, mais en tendant le bras, est-ce que je ne me fais pas de l’ombre sur le visage? Et de calculer en douce dans ma tête combien d’heures d’ensoleillement il restait, tout en faisant des projections sur la coloration que je pouvais espérer obtenir. Car au-delà d’être un plaisir, pour moi, chaque minute de soleil est une opportunité à ne pas rater.

Je m’appelle Kathleen, j’ai 31 ans, et je suis accro au bronzage, mais je me soigne.


Et pourtant, Dieu sait que j’ai du mal à célébrer mon moi non-hâlé. Fille d’une maman blonde et d’un papa à la tignasse noire, j’ai hérité mes cheveux du côté maternel, et du côté paternel, une propension à bronzer rapidement sans coup de soleil. Il n’en fallait pas plus pour déclencher en moi une passion pour le teint caramel, travaillé avec application chaque été à grands coups de séances de “crêpe” à la plage ou dans le jardin. Jusqu’à l’entrée dans le monde du travail: le télétravail a beau se généraliser, difficile d’annoncer à son boss qu’on va faire une pause de 12.30 à 16h pour bien maximiser son capital soleil, puis qu’on se remet à travailler après. Pas que j’aie essayé, mais j’avoue, l’idée m’a déjà traversé l’esprit. Pour être exacte, chaque journée entre avril et octobre où il fait chaud et doux et où plutôt que de sentir les rayons sur ma peau, je dois les regarder à travers le prisme protecteur d’une fenêtre.

Alors pour éviter la dépression et l’effet Casper, je me suis mise à ruser. Après avoir ressemblé quelques fois à un curieux spécimens de zèbre brun et orange, j’ai rapidement abandonné l’option auto bronzant. Mais peut-être que c’était juste moi qui ne savait pas l’appliquer et qu’une douche auto bronzante résoudrait tous mes problèmes? 50 euros plus pauvres et ressemblant désormais à la version légèrement plus grande d’un Oompa-Loompa, j’ai dû me résigner au fait que ça ne fonctionnerait pas.

via GIPHY

N’écoutant que ma vanité, et surtout pas les recommandations des professionnels de la santé, j’ai donc décidé de passer par la case banc solaire. Avantage: offrir un hâle naturel et progressif. Avantage, bis: éviter les petits complexes de début de vacances en permettant de s’afficher directement bronzée en maillot à la playa plutôt que de la jouer pot de maquée pendant les 3 premiers jours. Autant dire que j’étais ravie. Et tant pis pour le vieillissement cutané, la perte d’élasticité et puis les risques de cancer. C’est bien connu, ça n’arrive qu’aux autres, tout ça.

via GIPHY

J’aurais pu continuer à me voiler la face (bronzée) et à ignorer l’évidence, finissant en clone flétri de tanning mon, sauf qu’il y a quelques mois, j’ai rédigé un article portant sur une possible interdiction des bancs solaires en Belgique, et ça m’a poussée à réfléchir. Surtout que depuis, la réglementation a été resserrée (interdiction aux moins de 18 ans) et le 22 juin 2020, le CD&V a réclamé leur interdiction totale dans le pays.

Alors comme ça, on n’interdit ni la clope ni l’alcool (dont les méfaits ne sont pourtant plus à prouver), mais par contre, fini de pouvoir se griller l’épiderme en toute quiétude? En bonne enfant de l’internet accro aux pronostics glaçants de Doctissimo, il ne m’en fallait pas plus pour me retrouver perdue dans un vortex de cancers de la peau en tous genre. Et de m’inspecter dans la foulée tous les grains de beauté, persuadée qu’ils étaient anormaux et que j’allais mourir. Ayant survécu à cette attaque de panique à haut coefficient dramatique, j’ai compris qu’il était temps de changer.

Ce printemps, pour la troisième année consécutive, je n’aborde pas le retour des beaux jours avec un hâle faussement naturel payé à grands frais dans un grille-pain pour humains. Fini d’arpenter les pavés de l’air conquérant et légèrement suffisant de celle qui peut déjà exhiber ses jambes sans problème parce qu’elles sont bronzées. Fini de regarder d’un air compatissant la terre de soleil un peu fondue par la chaleur de mes potes tandis que moi, ma bonne mine ne s’en va pas. J’ai rejoint le rang des bras blancs exposés par le raccourcissement des manches et des petites mines pâlottes qui témoignent que le printemps est là, mais que l’hiver n’est pas si loin. Et j’ai beau savoir que c’est vraiment mieux pour ma santé, et avoir le soutien indéfectible de mon mec qui m’assure que c’est très joli comme ça aussi, les vieilles habitudes prennent du temps à disparaître.

Ce qui n’est finalement pas plus mal: par ici les joggings de fin de journée au soleil et les grandes balades à vélo du week-end. Officiellement, c’est pour prendre l’air, et puis t’as vu Chéri comme ça fait du bien de se dépenser, on est pas bien là? En vrai, tel un tournesol, je tournicote la tête pour happer les moindres rayons du soleil, en courant deux fois plus vite parce que la légère pellicule d’humidité sur mon visage fait effet miroir (et donc augmente le bronzage). Je m’appelle Kathleen, j’ai 31 ans, et je suis accro au bronzage, mais je me soigne. Et sinon, si quelqu’un a un bon plan pour un bronzage naturel et inoffensif, ça m’intéresse.

Lire aussi: 


 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires