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Comment le sport a sauvé ma santé mentale

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste

On dit parfois que le sport est aussi puissant qu’un antidépresseur. Si je n’ai jamais pris d’antidépresseur, je peux, avancer, aujourd’hui, que le sport est le meilleur remède naturel pour sauver sa santé mentale.

Confinement à répétition, télétravail obligatoire, diminution des contacts sociaux, restrictions… Qu’on le veuille ou non, notre santé mentale en a pris un coup ces derniers mois. Et si la lumière pour sortir de cet interminable tunnel, c’était le sport ?

Témoignage

Mardi 11h30 : deuxième jour de télétravail de la semaine, en solo, dans mon appartement bruxellois. Il fait gris, il y a une petite bruine. J’ai allumé mon ordinateur à 8h30, je n’ai pas encore bougé de mon canapé sauf pour prendre un café, je n’ai encore parlé à personne, excepté par messagerie vocale. C’est le moment fatidique : baisse de motivation, de concentration, l’humeur maussade se pointe… Enfiler mes baskets pour un petit jogging me semble insurmontable mais je le sais, maintenant, après près de 6 mois, transpirer et prendre l’air vont me redonner du punch pour le reste de la journée.

J’ai toujours été une « fille active » mais depuis quelques mois, j’ai doublé le temps que je consacre, par semaine, à pratiquer du sport. Je suis passée d’une séance de sport hebdomadaire par une activité physique au moins tous les deux jours. Courir, musculation, randonnée, escalade, yoga, spinning… pourvu que je bouge.

Je mentirais si je disais que cela ne s’est pas fait au détriment de certaines autres activités. Je ne teste plus tous les jours de nouvelles recettes comme au début du confinement. Il m’arrive de refuser d’aller boire un verre pour une session d’escalade. J’ai instauré que le lundi était un jour sans sortie autre que le sport. Je ne fais plus des courses tous les jours… Mais tout cela n’a pas vraiment d’importance car depuis 6 mois, j’ai un moral d’acier, j’ai la pêche, le smile, les journées de télétravail sont toujours pénibles mais je sais les gérer, je sais au moins ce que je dois faire quand mon moral baisse : BOUGER.

Je ne suis pas la première à le dire et pas la dernière mais comme il faut lire « 7 fois quelque chose pour mémoriser », je le redis, grâce à mon expérience personnelle : le sport est une potion magique pour le bien-être moral. La sensation de bien-être après avoir bougé est bien meilleure et plus puissante qu’un bout de chocolat, un bon film ou encore une session shopping !

 « Le sport est un facteur positif à prendre en compte pour garantir une bonne santé musculaire, cardiaque et aussi psychologique. Ce dernier élément a d’ailleurs fortement été impacté ces derniers mois et doit être pris au sérieux » a déclaré tout récemment Yves Van Laethem relayé dans un communiqué de presse par le club de sport Aspria.

Mais au fond, pourquoi ?

Nous avons posé la question à Manuel Dupuis, psychologue du sport et psychologue clinicien.

Comment expliquer que le sport/une activité physique est bénéfique pour la santé mentale ?

Il y a plusieurs axes d’explication dont le premier : l’axe physiologique. Quand on fait une activité physique à partir d’un certain moment, assez rapidement, se libère une série de substances dans le corps qui sont des sortes de drogues endogènes, des neurotransmetteurs, qui agissent sur la sensation de bien-être. Ces substances qui agissent sur le bien-être, ce sont ; la dopamine (le circuit du plaisir), les endorphines qui font partie de la catégorie des opiacés soit des calmants endogènes très puissants et également la sérotonine qui est un antidépresseur. Lorsqu’il y a du risque ou de la compétition, de l’adrénaline se dégage également. Ces substances sont des drogues naturelles extrêmement puissantes d’un point de vue physiologique. La deuxième raison, c’est que le sport agit sur l’estime de soi. Après une activité physique, on se sent bien et cela est perçu comme une récompense. Il y a également une dimension sociale, non négligeable. Quand on pratique une activité physique en groupe ou que l’on court seul, on se sent appartenir à la catégorie des sportifs. Pour la santé mentale, c’est très important d’avoir différents groupes d’appartenances.

Le sport est-il donc aussi puissant qu’un antidépresseur ?

C’est même plus puissant, plus efficace qu’un antidépresseur. L’effet du sport est à la fois un anxiolytique extrêmement puissant mais également un antidépresseur. En bougeant, on monopolise les ressources internes et naturelles d’une personne. Conséquence : on libère des drogues endogènes (sérotonine, endorphine, dopamine) de manière naturelle. Les médicaments ne sont qu’une imitation de ce que le corps produit. De plus, ces derniers ont des effets secondaires non négligeables comme la prise de poids etc. Il ne faut pas non plus négliger le diagnostic lié à la médication. C’est-à-dire : je prends des antidépresseurs donc je suis dépressif. Dans ma pratique, je vois que les antidépresseurs chronicisent les patients.

À quelle fréquence doit-on pratiquer une activité sportive pour ressentir les effets sur sa santé mentale ?

L’idéal c’est minimum 3 fois par semaine 35 à 45 minutes à une intensité plus ou moins forte soit 65-70% de l’intensité maximale dont on est capable. Évidemment, c’est un repère. Le top du top serait 4 à 5 fois par semaine mais il faut pouvoir libérer du temps pour cela. Une fois par semaine, c’est un peu peu mais ça donne déjà la possibilité d’appartenir à un groupe et d’avoir un impact psycho-social important. En faire trop, n’est pas non plus recommandé. Il faut faire attention de ne pas dépasser une limite où on va commencer à se blesser, à consacrer trop de temps par rapport à sa vie professionnel et familiale…

À quel type d’effet/bienfait doit-on s’attendre ?

D’abord, c’est bon pour la santé et ça renforce le système immunitaire, ça prévient de plein de maladies physiologiques, tout le monde le sait. Par rapport aux effets psychologiques, pour les personnes stressées, anxieuses, rencontrant des problèmes de sommeil, de burn out, c’est un apaisement des symptômes liés à ces troubles. Aussi, lorsque quelqu’un est mieux, cela engendre une amélioration des relations familiales, sociales, professionnelles… Quelqu’un qui est bien dans sa tête réagit mieux dans sa vie de tous les jours.

Est-ce plus efficace chez certaines personnes que d’autres ?

Oui, il y a des personnes qui ont plus ou moins d’appétence avec l’activité physique. Il y a des preneurs et d’autres qui ont une aversion. Concrètement, il y a une mini catégorie de personnes qu’on arrivera jamais à faire pratiquer une activité physique. Mais il y a surtout beaucoup de gens qui n’ont pas l’habitude de faire du sport. Ces derniers on peut les motiver à pratiquer une activité physique assez simple et à y aller progressivement, avancer pas à pas, sans forcer. Last but not least, chacun doit trouver le sport qui lui convient et le pratiquer dans un environnement serein. L’objectif est de trouver une satisfaction avec l’activité physique.

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