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© Shot of a young businesswoman looking stressed out in an office

Zalando voulait changer le système d’évaluation de ses employés, ils l’accusent de méthodes ““dignes de la Stasi””

Kathleen Wuyard

La Stasi, pour celles qui auraient été distraites en cours d’Histoire, c’était la police politique et d’espionnage de l’Allemagne de l’Est, pas franchement réputée pour ses méthodes tendres, basées notamment sur le principe de délation. Et avec son nouveau système d’évaluation de ses employés par leurs pairs, Zalando se voit comparé à l’ancien “bouclier et glaive” du parti communiste.


Quand l’Allemagne était encore divisée, il fallait faire preuve de vigilance constante à l’Est. N’importe qui pouvait en effet présenter un danger, et si vous ne suiviez pas à la lettre les recommandations du régime, votre voisin ou même un membre de la famille pouvait choisir de vous dénoncer à la Stasi, cette dernière s’appuyant sur un réseau diffus d’IM, ses informateurs officieux, pour tenir l’Allemagne de l’Est d’une main de fer. Une ambiance délétère aux conséquences pesantes sur les relations sociales de l’époque, et que les employés allemands de Zalando accusent aujourd’hui le géant de la mode d’avoir invité dans leur bureau.

Contrôler et punir en permanence


En cause, le logiciel Zonar, soit un système d’évaluation des salariés par leurs propres collègues, mis en place par Zalando sur un tiers de ses employés. Le programme, qui a été étudié minutieusement deux ans durant par Philipp Staab et Sascha-Christopher Geschke, deux chercheurs de la Humboldt-Universität de Berlin, évoque le fameux “Big Brother” et son regard omniprésent. Car le principe même est que toutes les personnes qui partagent l’open space avec vous vous regardent et vous évaluent. Ou plutôt, vous “dénoncent” ainsi que le soulignent des employés mécontents, qui n’ont pas hésité à comparer Zonar aux méthodes de la Stasi. Dans leur rapport, publié par la fondation Hans Böckler, Philipp Staab et Sascha-Christopher Geschke eux-mêmes sont tout sauf tendre avec ce système d’évaluation 2.0.

Il s’agit en substance d’évaluer, de contrôler et de punir en permanence les employés à l’aide des technologies numériques modernes, ce qui crée de la pression et du stress chez ces derniers”


Il faut dire qu’on serait stressé à moins, et que l’environnement de travail est déjà suffisamment compétitif comme ça sans devoir s’inquiéter que Nicole de la compta vous grille pour les dix minutes en plus que vous vous êtes accordées à midi. Et pourtant, c’est exactement ce que Zonar encourage puisqu’il invite les employés à consigner leurs points positifs et négatifs ainsi que leur comportement au travail, avant d’être classé dans une des trois catégories possibles: “faible”, “bon” ou “excellent”. Stasi, vous avez dit Stasi? Zalando réfute la comparaison, et parle plutôt d’un “système de gestion de ses talents” qui met en place une belle émulation dans l’entreprise grâce au feedback.

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