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Qui est Marie Popelin, l’avocate belge mise à l’honneur par Google?

Kathleen Wuyard

Si vous avez ouvert le moteur de recherche Google ce mercredi, il y a de fortes chances pour que votre regard ait été attiré par l’illustration d’une femme en robe d’avocate qui surplombe la barre de recherche. Surprise: il s’agit d’une Belge, Marie Popelin, qui est entrée dans l’Histoire en devenant la première femme docteure en droit du royaume.


Née le 16 décembre 1846 à Schaerbeek, soit il y a 174 ans jour pour jour, d’où la mise à l’honneur de Google, Marie Popelin grandit dans une famille bourgeoise de la capitale dont elle est l’aînée des quatre enfants. En 1864, l’année de ses 18 ans, elle est approchée par Isabelle Gatti de Gamond pour enseigner avec sa soeur Louise au Cours d’éducation pour jeunes filles, la première école laïque secondaire pour filles. Un établissement où on leur enseigne des matières jusqu’ici strictement réservées aux garçons, avec pour principe fondateur une volonté qui va porter Marie toute sa vie:

Créer, non une femme libre, telle que la rêve l’imagination désordonnée de quelques sacristains en délire, mais la femme émancipée, honorablement émancipée, par le travail, par le talent et par la science”


Après un passage par le corps enseignant de l’Ecole moyenne de Mons, puis par l’école normale de formation d’institutrices de la ville, elle rentre à Bruxelles en 1882 et l’année suivante, âgée de 37 ans, décide d’entamer des études de droit à l’Université libre de Bruxelles.

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Marie Popelin, admirable pionnière


Si déjà, en 2020, la décision de cette femme de changer complètement de vie à l’aube de la quarantaine a de quoi épater, au 19e siècle, c’était carrément révolutionnaire, d’autant que 5 ans plus tard, elle devient la première femme docteure en droit, et avec distinction s’il vous plaît. Sauf que si Marie Popelin se distingue alors aux yeux de l’opinion publique, c’est à cause de l’affaire qui va porter son nom dans la foulée de sa proclamation: étudier le droit, d’accord, mais l’exercer? Vous n’y pensez pas ma petite dame.

 

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Sauf que si, Marie Popelin y compte bien, et lorsque la cour d’appel lui refuse l’autorisation de prêter le serment préalable au métier d’avocat, la Bruxelloise amène l’affaire devant la cour de cassation, qui lui donne tort et entérine la décision du tribunal l’empêchant d’exercer. Les arguments ayant été invoqués par le procureur général Van Schoor pour lui empêcher d’accéder à la profession étant que “les exigences et sujétions de la maternité, l’éducation que la femme doit à ses enfants, la direction de son ménage et du foyer confiés à ses soins, la placent dans des conditions peu conciliables avec les devoirs de la profession d’avocat et ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes nécessaires aux luttes et aux fatigues du barreau”*. On passera sur le sexisme dégoulinant de chaque mot du jugement pour souligner qu’âgée de 42 ans, célibataire et sans enfant, Marie Popelin ne risquait certainement pas de devoir quitter le tribunal en plein plaidoyer, comme ce procureur machiste semblait le penser.

 

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Qu’à cela ne tienne, la Bruxelloise a plus d’un tour dans son sac, et en parallèle de consultations juridiques qu’elle organise dans un cabinet d’avocats, elle décide avec sa soeur Louise de créer la Ligue belge du droit des femmes. La Louise en question n’étant nulle autre que la première étudiante en médecine de l’ULB, les femmes de la famille Popelin étant décidément des pionnières. Lors de la première réunion de la Ligue, Marie Popelin aura ces mots, malheureusement toujours nécessaires à rappeler près de 200 ans plus tard: “la femme est autre chose qu’épouse et mère, elle peut aussi avoir des aptitudes spéciales qu’elle doit avoir le droit d’appliquer. Elle a le droit au respect et ne peut être considérée comme satellite de l’homme”. Et si pour l’honorer, on décidait de relancer ses dîners féministes en 2021, quand les mesures sanitaires le permettront? En attendant, on ne manque pas d’aller lui rendre hommage en passant dans la rue qui porte son nom à Saint-Josse-ten-Noode.

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*Citation issue du livre “Des femmes dans l’histoire en Belgique depuis 1830”, publié aux Editions Luc Pire par Jacqueline Aubenas, Suzanne van Rokeghem et Jeanne Vercheval-Vervoort. 

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