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© Getty Images

7 chiffres qui prouvent que la lutte féministe a encore du chemin à faire

La rédaction

“This is a man’s world”… ou pas ! Il est loin le temps où les femmes jouaient le rôle de faire-valoir masculins. Une émancipation que l’on doit à une longue lutte féministe, mais qui, malgré des changements majeurs, est encore loin d’être achevée, comme le prouvent ces chiffres éloquents. Et qu’il revient à chacune de nous de faire avancer.

1969


Travailler en tant que femme, tout sauf une évidence Hallucinant et pourtant vrai, il aura fallu attendre 1958 pour que les femmes mariées puissent prendre leurs propres décisions, sans l’aval de leur conjoint. Notamment concernant le choix de travailler ou non. Une liberté de mouvement et le droit à une indépendance financière qui nous semblent évidentes et qui pourtant étaient loin d’être acquises, il n’y a pas si longtemps. Et ce n’est qu’en 1969 qu’on a interdit officiellement de licencier une employée en cas de mariage ou de grossesse.

80%


Les féministes plaident depuis ­longtemps pour l’égalité des tâches au sein du couple, en terme de travail, mais aussi de ménage. Avant, l’homme fournissait les moyens financiers à la famille tandis que la femme entretenait la maison. Aujourd’hui, heureusement, cette obligation sexiste est de l’histoire ancienne. Mais les schémas stéréotypés sont plus durs à briser qu’il n’y paraît. Des études ­réalisées dans notre pays montrent que les femmes continuent ­d’accomplir une plus grande part des tâches ménagères.

En 2015, à peine 1 homme belge sur 3 indiquait cuisiner ou prendre part au nettoyage de la ­maison. Un résultat pas très brillant, alors que 80 % des femmes affirmaient réaliser au minimum une heure de ménage par jour.


Alors, avant ­d’emménager avec votre partenaire et d’envisager d’avoir des enfants, mieux vaut parler clairement. Comment ­chacun de vous voit-t-il l’avenir ? ­Seriez-vous prêts tous les deux à mettre vos carrières en veilleuse pour fonder une famille ? Qui passe ­l’aspirateur, fait la vaisselle et sort les poubelles ? Essayez de ne pas tomber dans les schémas traditionnels pour leur préférer une version du quotidien qui vous ressemble à tous les deux. De quoi éviter tensions et frustrations.

1990


Après avoir longtemps été considérées comme des objets sexuels, obligées d’être passives et de se soumettre au bon vouloir d’un mari, il n’est plus question aujourd’hui pour nous de nous laisser faire. À chacune de nous de décider de notre plaisir, comme du moment et du partenaire avec qui le partager. Mais le consentement n’en reste pas moins un sujet brûlant. Pouvoir et oser exercer son droit de dire non à tout moment est essentiel. Et cette libération de la parole et de la ­sexualité des femmes, nous la devons aussi aux féministes. Notamment grâce au ­mouvement néerlandais Dolle Mina qui, en 1970, sortait une brochure incitant à la ­masturbation féminine pour mieux connaître son corps. Sans parler de la légalisation de la contraception, en 1973. Ce qui n’empêcha pas de devoir attendre 1990 pour voir dépénaliser officiellement l’avortement, en Belgique.

300.000


Si nous avons désormais toute latitude pour choisir notre emploi, niveau salaire, ce n’est pas encore gagné. En Belgique, à job égal, un homme et une femme ne sont toujours pas rétribués de la même manière.

Il demeure entre hommes et femmes un écart salarial de près de 15 % (soit environ 537 euros brut), même si la loi stipule désormais noir sur blanc qu’un employeur doit rémunérer de la même façon deux travailleurs exerçant le même emploi, sans discrimination de sexe.


Et le fossé n’en est que plus grand lorsqu’on calcule que cela revient pour nous à une perte de près de 300.000 euros pour 30 ans de carrière… Cette différence s’explique par un certain nombre de facteurs. Par exemple, le fait que de nombreuses femmes se dirigent vers des ­secteurs d’aide aux personnes (comme la santé ou l’éducation) aux salaires souvent plus bas et qu’elles osent moins revendiquer une augmentation que leurs collègues masculins.

11%


Elles sont également plus enclines à travailler à temps partiel. Il y a 30 ans, elles étaient ainsi 25,9 % à faire ce choix, contre 2,1 % des hommes. Un fossé qui n’a pas vraiment diminué avec le temps puisqu’en 2018 ce chiffre était de 43,5 % contre 11 %. Les raisons principales de cette décision sont la garde des enfants ou la nécessité de s’occuper de personnes à charge. Heureusement aujourd’hui, tout est possible, et de plus en plus de pères et de compagnons ne seraient pas contre le principe de rester à la maison plus souvent pendant que leur femme fait ­carrière. L’essentiel est que chacun y trouve son équilibre.

25%


Filles et garçons ont les mêmes chances de réussir leurs études et les auditoires ­universitaires sont mêmes majoritairement ­féminins. Les femmes réussissent d’ailleurs ­aussi bien (voire mieux) que leurs camarades de classe masculins. Mais il n’est pas pour ­autant évident pour elles d’atteindre des postes universitaires de haut niveau tant un écrémage se fait à chaque étape. Alors que l’on constate une parité en matière de doctorat, seuls 25 % des ­professeurs sont des femmes. C’est ­toujours trop peu, mais déjà 5 % de plus qu’en 2012 et 20 % de mieux qu’en 1999 (ou elles ­atteignaient à peine les 5 %). Pour sensibiliser

la société aux préjugés inconscients qui ­subsisteraient encore à l’égard des femmes dans le monde ­universitaire, la prestigieuse ­université française de la Sorbonne met en place de nombreuses actions visant à lutter contre le sexisme et les préjugés de genre. Et elle n’est pas la seule. Les projets du même type se multiplient partout dans le monde. À juste titre, tant il serait stupide de perdre la moitié du talent mondial en raison de son sexe.

2024


Jamais auparavant, autant de femmes n’avaient été sur le devant de la scène politique belge. Elles sont ainsi 43 % au Parlement fédéral. Et c’est désormais aussi une femme qui assure (temporairement) le rôle de Premier ministre. Elles représentent également 40 % du Parlement Wallon et 48,8 % de son ­pendant Bruxellois. Pas encore de totale équité donc, mais un résultat plutôt pas mal, si on pense qu’au 19e siècle, on considérait les membres du sexe ­féminin comme n’ayant ni la capacité intellectuelle ni émotionnelle pour ­participer au suffrage public et avoir le droit de vote. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1929 qu’a été élue Lucie Dujardin, la première femme à siéger au Parlement. Pour veiller à plus de parité, il est inscrit formellement dans la loi, depuis 2002, l’obligation d’une présence égale d’hommes et de femmes sur les listes de candidatures aux différentes élections et les deux premiers candidats de chaque liste ne peuvent être du même sexe. Ce qui a permis d’amener à 38,6 % le nombre de femmes siégeant aux conseils municipaux au sud du pays.

61,4% des postes sont toujours assurés par la gent masculine. Est-ce juste, dès lors que nous représentons la moitié de la ­population belge ? Ne serait-il pas évident et logique que ce soit également le cas en politique ?


Dans les faits, ce n’est malheureusement pas aussi simple. De nombreux partis ont du mal à réunir suffisamment de (jeunes) femmes sur leur liste. L’engagement ­politique reste compliqué à concilier avec une vie de famille et un emploi. Même au niveau local, il implique une multitude de réunions et d’obligations. Selon plusieurs études, les femmes ­auraient aussi moins tendance à se considérer aptes à participer au jeu ­politique et devraient plus fréquemment être rassurées quant à leur capacité à remplir les exigences d’un mandat. Pourtant, de Sanna Marin, en Finlande, à Angela Merkel, en Allemagne, en ­passant par Sophie Wilmès, en ­Belgique, elles sont toujours plus ­nombreuses à faire bouger les choses dans les plus hautes sphères de pouvoir. De quoi espérer un raz de marée féminin aux élections de 2024. On y croit !

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