En France, on peut désormais vendre son animal de compagnie à un labo
C’est une mesure qualifiée de “bond de trente ans en arrière” par 30 Millions d’Amis, qui accuse l’Etat français d’avoir adopté en toute discrétion en mars dernier une mesure permettant aux Français de vendre leurs animaux de compagnie à des laboratoires. Inadmissible, selon l’association de défense des animaux, qui met en garde contre un “énorme trafic de chiens volés”.
Jusqu’il y a peu, le 17 mars dernier pour être précises, la provenance des animaux de laboratoire était réglementée par un décret aux conditions strictes. Les animaux devaient soit avoir été élevés expressément pour servir de cobayes, soit provenir d’éleveurs agréés. Seule exception possible: si la production de ces derniers était insuffisante. Une condition qui a désormais disparu du décret, ce que 30 Millions d’Amis dénonce vivement sur son site.
La République en marche... arrière ! Alors que les Français vivaient leur tout premier jour de confinement, le 17 mars 2020, le gouvernement profitait du contexte de crise sanitaire pour passer – en toute discrétion – un décret modifiant certaines dispositions relatives à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques”.
https://twitter.com/30millionsdamis/status/1276134979479707658
Un camouflet d’autant plus déplacé qu’ainsi que le rappelle l’organisation, pas moins de 86% des Français souhaitent l’interdiction totale de l’expérimentation animale. Pour Christiane Laupie, secrétaire générale et fondatrice du Comité scientifique Pro Anima, ce décret n’est rien de moins que “la porte ouverte au pire”. Désormais, “n’importe qui peut vendre son animal à un laboratoire”. Avec tous les dangers que cela comporte.
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Encourager le trafic
“Cela risque d’encourager un énorme trafic de chiens volés à leur maître pour être revendus à des laboratoires, comme c’était le cas jadis, met en garde Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. Sur Twitter, Loïc Dombreval, député vétérinaire et président du groupe d’études parlementaire “Condition Animale”, a partagé un courrier adressé au Ministère de la Recherche, dans lequel il dénonce lui aussi les dérives rendues possibles par l’assouplissement du décret.
Je m’inquiète que cet assouplissement conduise à pouvoir s’approvisionner bien plus facilement auprès d’élevages classiques d’animaux de compagnies (...) On va à l’encontre de l’orientation affirmée qui veut qu’on évite de plus en plus de recourir au modèle animal au profit de méthodes substitutives”.
Et en Belgique, qu’en est-il? Depuis 2005, il est interdit de tester des produits cosmétiques ou leurs ingrédients sur les animaux, et que 3 ans plus tard, le gouvernement a également voté l’interdiction des expérimentations sur les grands singes ainsi que des tests sur les animaux pour le tabac. Si le gouvernement bruxellois s’est notamment fixé pour objectif de réduire de 20% les expérimentations sur les animaux d’ici à 2025, selon les chiffres de GAIA, plus de 538 000 animaux sont utilisés dans les laboratoires chaque année en Belgique. “Un mal nécessaire”, comme l’avancent certains chercheurs et scientifiques?
La Belgique mauvaise élève
Pas selon La Fondation 30 Millions d’Amis, qui rappelle que des alternatives existent, et qui soutient notamment depuis plusieurs années le développement du test « Valitox ». Soit un test réalisé sur des cellules humaines en culture afin de déceler l’éventuelle toxicité aiguë d’une substance sans utiliser d’animaux. Un procédé qui ne convainc pas encore les labos belges: selon un rapport de la Commission européenne publié le 5 février dernier, la Belgique est le 5e utilisateur européen d’animaux de laboratoire mais aussi le 4e pays européen à avoir recours aux tests les plus douloureux, avec 82 536 expériences ayant soumis les animaux à une souffrance que les chercheurs ont qualifiée de “grave”.
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