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FLAIR BOOK CLUB: ““Le mystère de la femme sans tête””, le nouveau livre captivant de Myriam Leroy

Justine Rossius

Pour son nouveau livre “Le mystère de la femme sans tête”, Myriam Leroy s’est lancée dans une enquête passionnante pour tenter de découvrir l’histoire oubliée de Marina Chafroff, une Russe exilée en Belgique, qui fut décapitée lors de la Seconde Guerre mondiale. Un roman qui nous a captivée dès les premières pages.

Le résumé

Lors d’une journée bien sombre dont seule la Belgique a la secret, Myriam Leroy se baladait avec une copine au cimetière d’Ixelles. C’est là qu’elle est tombée, parmi un océan de tombes d’hommes fusillés, sur celui d’une femme: Marina. Sous son nom est indiqué “décapitée”. Très vite, Myriam Leroy a une intuition: il faut comprendre. Qui est cette femme? Comment a-t-elle fini par disparaître sous le coup franc d’une hache?

Depuis ce jour, l’autrice belge a enquêté pour découvrir quel fût la vie de Marina Chafroff, jeune Russe exilée en Belgique et décapitée en Allemagne à la hache en 1942 sur l’ordre d’Hitler. Elle avait à peine 33 ans lorsqu’on lui a ôté la tête: elle était mariée et maman de deux fils. Cette femme-enfant s’est sacrifiée pour que vivent des innocents en avouant avoir commis une attaque au couteau contre un soldat allemand. Un acte héroïque qui aurait dû rester dans l’Histoire, mais qui est pourtant tombé dans l’oubli. Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires? Voici la question à laquelle tente de répondre l’autrice dans ce récit captivant, fruit de sa subjectivité de romancière mêlée à un travail d’enquête journalistique.

Lire aussi: On a lu “Les yeux rouges”, le livre de Myriam Leroy sur le harcèlement en ligne.

Et en 3 mots-clés?

#heroïsme

#histoire

#féminisme

Pourquoi on a dévoré “Le mystère de la femme sans tête”

Myriam Leroy réussit l’exploit de nous faire vivre le passé au présent. D’éprouver une empathie sans précédent pour un personnage historique. De nous filer les émotions d’une guerre et d’une période que nous n’avons pourtant pas connue. Comme si l’on y était. Déjà, car l’histoire se déroule dans les rues de Bruxelles: celle que l’on traverse tous les jours sans en sentir l’odeur de nos héros qui y ont pourtant laissé des traces.

Le récit, de par la description si vivace des personnages et des lieux, nous donne à voir notre capitale comme nous ne l’avions jamais vue. Si l’on parvient tant à se calquer sur le passé, c’est aussi parce que Myriam Leroy jongle durant les 283 pages avec le récit de son enquête, en 2022, et celui d’une Seconde Guerre mondiale, dont on a appris les dates-clés sur les bancs de l’école sans réellement s’y projeter.

Avec “Le mystère de la femme décapitée”, on déterre le passé: on glisse dans la peau de cette petite dame, Marina Chafroff, au regard frondeur, à la rage discrète mais bien présente, qui, un jour comme un autre, a tué pour défendre ses valeurs et a été décapitée. Qu’aurions-nous fait à sa place, en temps de guerre? Aurions-nous pu faire passer notre patrie avant notre propre vie? Abandonner nos enfants? Autant de questions troublantes que vient soulever cette histoire hors du commun, qui a bien eu lieu. Comment se fait-il que l’acte de bravoure de Marina soit tombée dans l’oubli? Une question dont — on s’en doute — a tout avoir avec son sexe.

Si on l’a dévoré, c’est aussi car, ça se sent, l’autrice a dû réalisé un travail fastidieux pour se plonger dans l’histoire, parvenir à recouper les informations, récolter des témoignages et plonger dans ce passé presque oublié. On comprend aussi qu’elle y a mis énormément d’elle-même, à moins que ce ne soit Marina qui ait mis beaucoup d’elle entre les mains de l’autrice.

À qui ça va plaire?

Aux passionné·e·s d’histoire, mais pas seulement: à toustes celleux qui cernent l’importance de ne pas laisser tomber dans l’oubli le récit de celles et ceux qui ont compté, qui se sont battus pour des valeurs d’humanité, aussi essentielles aujourd’hui qu’il y a 80 ans.

“Le mystère de la femme sans tête”, éd. Seuil, par Myriam Leroy, 19,50 €.

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