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On a dévoré
On a dévoré "La baleine solitaire" de Leslie Jamison DR Montage Flair

FLAIR BOOK CLUB: ““La baleine solitaire”” est l’antidote parfait au manque

Kathleen Wuyard

Après deux premiers ouvrages sublimes, Leslie Jamison continue sa dissection littéraire de la condition humaine en s’intéressant cette fois au manque. Et livre avec “La baleine solitaire” le parfait compagnon à nos solitudes modernes.

Pas étonnant, pour celle qui avait déjà consacré un ouvrage entier à l’étude de l’empathie, “Examens d’empathie”, ainsi qu’examiné les liens entre écriture et toxicomanie dans ses passionnants “Récits de la soif” où elle ne s’épargnait pas. Comme une rencontre entre ces deux univers, Leslie Jamison explore dans “La baleine solitaire” les thématiques du manque, de l’envie, de la nature humaine, de la solitude et de l’obsession. Et c’est, une fois de plus, follement réussi.

Le résumé

Par quoi sommes-nous hantés ? Qu’est-ce qui nous définit mieux que ce qu’on désire, ce qu’on a perdu, ce vers quoi on tend sans jamais pouvoir l’atteindre – vies alternatives, relations brisées, morts, paysages habités par l’amour et la violence ?


Après avoir consacré un ouvrage à l’étude de l’empathie, Examens d’empathie, et un essai aux liens entre écriture et toxicomanie, Récits de la soif, Leslie Jamison explore dans La Baleine solitaire les questions du manque et de l’obsession. Parmi les quatorze textes qui composent ce recueil, elle s’intéresse notamment à 52 Blue, un cétacé considéré comme la baleine la plus seule du monde, objet de curiosité et de fascination aux quatre coins du globe ; aux « citoyens » de Second Life, un univers entièrement virtuel ; ou encore à un musée croate unique en son genre, dont la collection est constituée de reliquats de relations brisées.

Leslie Jamison examine ces sujets hétéroclites au miroir de sa propre existence – ce qui la conduit à évoquer son mariage à Las Vegas, sa découverte du rôle de belle-mère, personnage si redouté des contes de fées, ou encore la naissance de son premier enfant. Poursuivant l’ambition de l’ensemble de son oeuvre, consistant à explorer les relations humaines en mêlant érudition, esprit critique et empathie, le tout sublimé par une écriture incisive riche de fulgurances, Leslie Jamison livre un recueil de textes kaléidoscopique aussi singulier que fascinant.

Avec “La baleine solitaire”, elle poursuit l’ambition de toute son œuvre, consistant à explorer les relations humaines en mêlant érudition, esprit critique et empathie, le tout sublimé par une écriture incisive riche de fulgurances. Explorant les questions du manque et de l’obsession, elle livre un recueil de textes kaléidoscopique aussi singulier que fascinant”.

Et en 3 mots-clés?

#solitude

#manque

#obsession

Pourquoi on l’a dévoré

“Tiens, je te le prête, ça devrait te plaire”. C’était il y a des années, lors de la sortie en v.o. de ses “Récits de la soif”, et force est de constater que l’instigateur (mon frère, Nico, merci si tu me lis!) ne s’y était pas trompé. La force de Leslie Jamison est de partir de situations extrêmement personnelles et de souffrances intimes pour étendre son exploration à ses pairs, naviguant entre anthropologie, sociologie, psychiatrie et littérature ce faisant. Un voyage intellectuel dont on ne ressort pas indemne, car si on ouvre un de ses livres, c’est parce que sa thématique nous parle, et on est forcément appelé à se reconnaître dans l’une ou l’autre page – mais aussi à fermer chacun de ses ouvrages en ayant l’impression d’en avoir appris plus sur soi-même et les autres.

“La baleine solitaire” qui donne son nom au recueil est un bijou d’empathie, ainsi qu’une plongée dans les vies fascinantes d’individus qui se sont pris de passion pour un mammifère pas comme les autres. Là où l’épisode de “Tout ça ne nous rendra pas le Congo” dédié à Second Life, bien que culte, errait parfois dangereusement du côté de la moquerie, l’article (rendu ici sous forme de chapitre) que Leslie Jamison y consacre est aussi empathique que possible, et montre de manière érudite l’envers du décor d’un univers qui reste nimbé de mystère (et de préjugés) pour les néophytes.

La structure du livre, qui se compose de quatorze chapitres, lesquels ont au préalable été publiés sous forme de reportages dans des revues aussi prestigieuses que le “New York Times” ou “The Atlantic”, permet une lecture fluide, facilitée encore par la plume magistrale de Leslie Jamison. Dont on ne sait pas encore sur quoi porte le prochain ouvrage, mais on a déjà la certitude exaltée qu’on va l’adorer.

À qui ça va plaire

Pour vous, un “bon livre” est celui qui vous fait vibrer, vous apprend des choses, vous fait découvrir des savoirs et des univers? Vous préférez la non-fiction au romanesque parce que vous savez que la réalité dépasse toujours ce qu’on peut imaginer? Vous vous passionnez pour la sociologie, la psychologie, l’anthropologie ou de manière plus générale, l’humain dans tout ce qu’il a de complexe? Vous n’aimez rien tant que dévorer les ouvrages de journalistes étant passés aux livres, parce que vous savez que leur expérience de la presse leur confère un ton unique?

Foncez en librairies vous procurer “La baleine solitaire”. Vous allez l’adorer, promis.

Et Nico, si tu me lis? Je veux bien que tu me le rendes quand tu auras fini de le lire.

« La baleine solitaire», Leslie Jamison, 336 pages, Pauvert, 22€, plus d’infos ici – sa sortie officielle est prévue pour le 24 août, mais vous pouvez déjà le précommander!

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