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© Getty Images

TÉMOIGNAGE: le sport leur a permis de vaincre leurs angoisses

La rédaction

« Un esprit sain dans un corps sain », un principe bien moins cliché qu’on peut le croire. De nombreuses recherches ont en effet montré que la pratique du sport pouvait apaiser les douleurs aussi bien physiques que mentales. À l’image de ces deux lectrices, qui ont renoué avec elles-mêmes et leur bien-être, grâce à sa pratique.

Le yoga a permis à Mélissa, 30 ans, de maîtriser ses crises de panique

« Ma première crise de panique a eu lieu alors que je conduisais un camion rempli de chevaux sur l’autoroute, pour me rendre à une compétition. Je manquais ­d’oxygène, mon cœur battait la chamade, mes jambes devenaient raides… J’avais l’impression de mourir. Mon corps me disait clairement stop, mais je ne l’ai pas écouté. Et cela s’est répété. Au restaurant, à la boulangerie, au coin de ma rue… La situation est devenue si grave que j’osais à peine quitter la maison.

C’était un véritable enfer, dans lequel je me suis enfermée. Je n’en parlais pas, je ne voulais pas montrer de faiblesse, et finalement je n’arrivais même plus à répondre aux coups de téléphone de mes amies.

La fille qui avait un dynamisme à tout épreuve, ne connaissait ni peur, ni ­limites, s’était pris le mur à pleine vitesse, à 24 ans… J’ai grandi dans une école d’équitation et je fais du cheval depuis que je suis petite. Et je suis douée pour ça. À l’adolescence, je voyageais chaque week-end, aux quatre coins du pays ou à l’étranger, pour des compétitions. C’est ­devenu mon job. Je n’avais pas conscience de ma ­fragilité, je ­continuais à avancer, sans trop ­réfléchir. Et j’avais peur de ­manquer quelque chose d’important. Donc après une journée de course, je me forçais à être présente à chaque fête ou soirée. Je ne le réalisais pas à l’époque, mais je craignais de décevoir les gens.

Le chaos dans ma tête

Au bout d’un moment, j’ai osé admettre qu’il y avait plus que du simple épuisement et j’ai vu un psychologue. J’ai aussi pris des médicaments. Ça m’a aidée et permis d’y voir plus clair: je n’avais plus peur, mais je n’étais pas ­heureuse pour autant. J’ai donc tout arrêté. Je cherchais un moyen de gérer la panique et l’hyperventilation et mon médecin m’a conseillé le yoga. Un peu trop ‘bobo’ à mon goût, mais j’ai malgré tout essayé. La première fois sur le tapis a été très inconfortable. Je ressentais tellement de sensations, j’étais submergée par l’émotion, sans ­comprendre ce que j’avais. Il m’est souvent arrivé d’avoir des débuts de crise de panique pendant les séances, mais en même temps je ressentais l’ampleur du chaos dans ma tête et réalisais à quel point j’avais besoin d’être là.

Plus clémente

Le défi de parvenir à réaliser les poses les plus complexes est ce qui m’a poussée à continuer. Mais plus je continuais, plus des barrières tombaient. Et ce que cela m’a apporté est au final tellement plus profond. Le yoga est bien plus qu’un entraînement, c’est un travail intérieur. Le yoga m’a permis de me sentir forte et souple, tant au niveau physique que psychologique. Et m’a permis d’aborder ­progressivement les causes de mon mal-être. Je me suis inscrite à une formation ­d’enseignante, même si j’étais au plus mal à l’époque. J’ai ­repris confiance en moi, recommencé à faire des ­activités et repris la ­compétition. Et ma motivation à aider les autres n’a cessé de grandir. Mes crises de ­panique vont mieux, mais être loin de chez moi reste difficile.

La peur m’a apporté plus d’équilibre intérieur, plus de connexion avec moi-même, plus de ­douceur, mais j’aimerais redevenir un peu la fille ­intrépide que j’étais.

Je peux le dire avec fierté, j’ai lancé ma propre entreprise, en pleine crise sanitaire, en proposant des programmes en ligne de yoga pour aider chacun à trouver cet équilibre et à appliquer le principe d’esprit sain dans un corps sain. Je lutte toujours. Certains jours sont moins bons que d’autres, mais désormais je suis ouverte à la remise en question. Je veux montrer que nos peurs ne nous définissent pas et qu’on peut construire sa vie tout en les affrontant. Chaque jour, je m’installe sur le tapis, pour prendre le pouls de ce que je ressens et m’assurer de ne plus jamais atteindre de telles extrêmes. »

Géraldine, 28 ans, a repris confiance en elle grâce à la boxe

« Dans mes deux écoles de secondaires, j’ai été victime de harcèlement. J’étais un peu en retard dans mon ­développement physique et certaines filles, plus précoces, estimaient que c’était une bonne raison de se moquer de moi. Elles se passaient des petits mots me critiquant et s’assuraient que je les vois ou racontaient à tous, les ­secrets que j’avais pu leur confier. À la maison, je peinais aussi à trouver mon équilibre, à cause du divorce de mes parents. J’ai changé d’école en troisième année et commencé l’art dramatique. Vu mon amour du théâtre et des mots, j’adorais ça. Mais cette période difficile a malgré tout laissé des traces. Elle avait profondément entamé ma confiance en moi.

Au bout du monde

À 18 ans, j’ai dû choisir ce que j’allais faire. Mais, je n’en avais aucune idée. Lorsqu’on ne se sent pas bien dans sa peau, il est difficile de s’écouter. J’étais très inquiète du regard des gens et je voulais plaire à tout le monde, en m’oubliant souvent au passage. C’était une mauvaise combinaison. J’ai tenté plusieurs cursus universitaires mais je n’ai pas trouvé ma voie et j’ai échoué. Ça m’a amenée à douter encore plus. Autour de moi et sur les réseaux sociaux, je voyais les gens réussir. J’avais le sentiment que ma vie était une lutte constante, dont rien de ­positif ne ressortait. Je ne savais pas comment m’en sortir. Mon copain traversait aussi une crise à l’époque. Alors, ensemble, nous avons décidé de nous lancer dans un tour du monde. Nous sommes partis ­durant un an et demi. Ce voyage m’a ouvert les yeux. La distance m’a permis de prendre du recul. Cela m’a montré ce que j’étais capable d’accomplir si je croyais en moi.

J’avais 21 ans et je parvenais à me débrouiller et à faire des choix mûrs et réfléchis. Ça a boosté ma confiance en moi. J’étais enfin en accord avec moi-même. Et il me fallait maintenant changer certaines choses dans ma vie.

Crochet du droit et uppercut

De retour à la maison, prendre soin de moi est devenu une priorité. J’ai choisi d’être vegan car c’est plus sain, mais aussi en raison de mon amour des animaux. Le sport est lui devenu ma thérapie. La fille qui ne mangeait pas de fruits et ne faisait pas d’exercice met maintenant toute son énergie à avoir un mode de vie healthy! Pour me ­ressourcer, je sors me promener et marcher. Mais c’est surtout la boxe qui fait des merveilles sur mon mental. Je me suis fait des amis dans mon club de boxe, une vraie communauté. Et quand j’ai passé une mauvaise journée, ça me fait du bien de frapper de toutes mes forces. À la fin d’un cours, fatiguée et en sueur, j’ai l’impression d’avoir envoyé au tapis toutes les frustrations et les soucis. ­Travailler sur son corps, revient aussi à travailler sur son esprit et sa santé mentale. Je me suis plongée davantage dans ce principe et j’ai entrepris une formation. Cela m’a permis de trouver ma vraie passion: motiver et guider les gens vers un état d’esprit positif, en mettant ­l’accent sur le bien-être psychologique.

Coach de vie est désormais mon job complémentaire. Il y a dix ans, je n’aurais jamais pensé avoir suffisamment confiance en moi pour oser franchir ce pas!

Bien sûr, il m’arrive d’avoir le moral à zéro. Comme beaucoup, cela fait près d’un an que je travaille à domicile. Les cours de boxe ont été annulés à cause de la pandémie, il fait froid et sombre dehors et il n’est pas forcément possible de sortir et parfois je me sens prise au piège entre quatre murs. J’ai aussi du mal à conserver mes ondes positives. ­Récemment, je me sentais vraiment mal. Alors j’ai ­demandé à mon copain de tenir un coussin et j’ai frappé de toutes mes forces dedans et donné des coups de pieds (rires). C’était jouissif! Je me force désormais à quitter la maison davantage, aller prendre un bol d’air et ainsi être de retour devant mon ordinateur l’esprit plus clair. Mais j’attends avec impatience le moment ou les clubs de sport pourront rouvrir. Je suis convaincue que de plus en plus de gens ressentent aujourd’hui à quel point le sport est ­essentiel à leur santé mentale. »

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