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Témoignage: ““Je suis foraine depuis mon enfance””

Barbara Wesoly

Pour Melissa, 28 ans, la kermesse est plus qu’une parenthèse enchantée qui ravit petits et grands. Le paradis du croustillon et des manèges est son univers quotidien depuis toujours et aujourd’hui, la jeune femme et son compagnon tiennent un stand d’auto-tamponneuses dans des foires de village. Une vie de nomade qu’elle n’échangerait pour rien au monde.


“Adolescente, je trouvais génial que mes parents possèdent un stand d’auto-tamponneuses. C’était le lieu parfait pour rencontrer des jeunes. Je me suis fait de nouveaux amis dans chaque village. Et côtoyer les ados les plus cool, venus rouler sur les pistes, était le moyen idéal pour s’intégrer.

Lorsque certains de mes camarades avaient des préjugés sur le métier de mes parents, j’aimais les inviter pour leur montrer à quel point vivre dans une caravane peut être agréable.


Mon compagnon et moi avons aujourd’hui repris le stand et nous espérons que notre fils de quatre ans sera aussi fier de nous que j’ai pu l’être de mes parents. Peut-être désirera-t-il lui aussi suivre le même chemin. Mais ça, ce sera à lui d’en décider librement.

Bien plus que vendre des tickets


Mon amoureux, qui n’est pourtant pas issu d’une famille de forains, a choisi de m’accompagner dans cette voie, c’est fantastique. La foire coule dans mes veines. 24 foires, 36 semaines par an, je vis pour ces moments où nous pouvons ouvrir notre attraction. Et ce travail représente bien plus que simplement vendre des tickets. Le mercredi, nous montons le stand. Le jeudi nous le nettoyons, l’inspectons et le vérifions entièrement. Ensuite, de vendredi à lundi, nous tournons à plein régime. Puis, dans la nuit, nous démontons le stand. Ensuite, nous acheminons tous les matériaux jusqu’à une imposante remorque et le mardi, nous sommes prêts à partir vers le village suivant.

Partout chez nous


En parallèle, je m’occupe du ménage, prépare le repas tous les midis et nous nous occupons aussi des formalités administratives, de la comptabilité et bien sûr, de notre fils. Mais notre travail est rarement à plus de cinq pas de notre maison, c’est un énorme avantage.

Ma famille et moi habitons une caravane de 14 mètres de long, avec une cuisine et un salon séparés. Celle-ci étant toujours placée juste à côté de notre attraction, cela rend la balance boulot-vie privée nettement plus facile à gérer.


Et une caravane est vraiment comparable à un petit appartement. Comme la plupart des gens, j’ai une salle de bains, une machine à laver et un sèche-linge, une chambre, le chauffage central au gaz naturel, un chauffe-eau et l’électricité. Seulement, à la place d’un lieu fixe, nous avons 24 chez nous. Chaque semaine, lorsque nous entrons dans un village, nous nous y sentons directement comme à la maison. Nous avons des amis partout et chacun de nos emplacements fixes nous est totalement familier.

Peu de repos


Nous n’avons par contre pas beaucoup de temps libre, de loisirs ou de vacances. Pendant la période de fermeture hivernale, nous nous occupons de la maintenance de notre attraction et, du fait de notre existence nomade, il nous est très difficile de nous engager auprès d’un club sportif ou de loisirs. Si nous prenons des congés, nous nous rendons dans un parc d’attraction, comme Disneyland, pendant une semaine. Même durant les vacances, nous ne parvenons pas à nous passer d’animations.

Plus d’avantages que d’inconvénients


La vie de forains compte quelques autres inconvénients. Nos bénéfices dépendent souvent de facteurs externes comme la météo ou les chantiers routiers. La vie quotidienne est toujours plus chère, alors que nos revenus, eux, diminuent.

Si dans le temps, la kermesse était le seul événement lorsque vous habitiez un petit village, aujourd’hui, nous sommes inondés de festivités et de festivals.


Néanmoins, je me sens la femme la plus riche au monde. Mon travail est ma passion. Je suis mon propre patron et je suis entourée de ma famille toute la journée. Je rencontre de nouvelles personnes chaque semaine et les jours ne se ressemblent pas. Tout cela me donne un sentiment de liberté indescriptible. Cerise sur le gâteau, nous profitons des auto-tamponneuses autant que nous le voulons. En tant que foraine, je ne pourrais rêver mieux!

Unis malgré la rivalité


Le moment le plus mémorable de ma vie a été le baptême de notre petit garçon. Le prêtre avait apporté les fonts baptismaux jusqu’à notre attraction et après la cérémonie, nous avons organisé une grande fête au milieu des auto-tamponneuses. C’était unique, l’ambiance était incroyable. Après toutes ces années, on pourrait penser que la musique de foire me sort par les oreilles, mais en fait, je ne la remarque plus. Et c’est pareil pour mon fils qui, le week-end, dort sans problème dans notre caravane, alors qu’il est juste à côté de la kermesse. Vu que d’habitude, nous sommes le seul stand d’auto-tamponneuses de la foire, nous ne souffrons pas vraiment de la concurrence. Mais c’est différent pour bon nombre d’autres forains.

Les rivalités sont féroces. Tout le monde veut le plus haut revenu, la plus belle attraction et le plus grand nombre de clients.


Nous sommes tous des indépendants, qui doivent gagner leur vie et, parfois, surpasser les autres est le seul moyen de rentrer dans ses frais. Mais en même temps, il existe une sorte de loyauté et d’amitié qui unit tous les forains. Tout le monde s’appelle par son nom ou a déjà entendu parler des autres. Nous sommes une grande famille, rassemblée par un même objectif: offrir un agréable moment aux gens.”

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