Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
Samson Katt via Pexels
© Samson Katt via Pexels

TÉMOIGNAGES: deux geeks racontent leur métier passionnant

“Je suis geek et j’aime ça!”, tel pourrait être le crédo de ces deux jeunes femmes, passionnées par leur métier de hackeuse éthique et illustratrice 3D.

Martika, 31 ans, est l’une des rares femmes hackeuses éthiques de notre pays.

« Si je veux acheter quelque chose en ligne et qu’en dix minutes, j’ai trouvé toutes les failles de la cybersécurité de l’e-shop, je suis parfois tentée de commander tout ce qui se trouve dans mon panier pour quelques cents. Évidemment, je ne le fais jamais, parce que je suis ce qu’on appelle une hackeuse white hat, ‘chapeau blanc’.

En tant que hackeuse éthique, mon travail consiste à mener des cyberattaques sur les systèmes informatiques de grandes entreprises. Non pas pour leur causer des ennuis, mais pour pointer leurs lacunes et les aider à s’améliorer.

Par exemple, mes collègues et moi avons été chargés par une banque de pirater un distributeur automatique de billets. Nous avons réussi la mission, mais malheureusement, l’argent qui sortait de la machine venait du Monopoly. Ce job me donne un sacré coup d’adrénaline, mais seulement parce que je sais qu’il y a une autre partie de l’équipe prête à combler les lacunes que j’ai découvertes. Le fait que les gens trouvent mon job cool est un sentiment assez agréable. La seule chose que je regrette, c’est que mon amour pour les ordis n’ait pas toujours été considéré comme branché. Si je ne voulais pas sortir avec des amis, parce que je préférais passer la soirée derrière mon écran, je recevais systématiquement des commentaires. Je suis assez introvertie et c’était facile de me réfugier dans le virtuel.

Pas un mec en pull à capuche

Je suis ravie de constater qu’en 2021, il est de plus en plus facile pour les jeunes filles d’assumer qu’elles s’intéressent aux ordinateurs, aux jeux et aux TIC (technologies de l’information et de la communication, ndlr). Lorsque je me suis inscrite en informatique en secondaire, j’ai fini par
abandonner parce que c’était horrible d’être toujours la seule fille. Même au travail, je suis la seule femme dans une équipe d’hommes. Cependant, je suis convaincue que davantage de femmes partageraient mes intérêts si elles avaient la possibilité de les développer et s’il y avait moins de préjugés. J’aperçois encore souvent un regard surpris sur le visage de mes clients lorsque j’entre dans leur bureau, parce que je ne corresponds pas au stéréotype du mec en pull à capuche. Il arrive même parfois que les clients supposent automatiquement que mon collègue masculin, qui est un junior, est mon supérieur, alors que je suis senior! Heureusement, j’ai trouvé ma place dans ce monde d’hommes, même si une collègue féminine serait la bienvenue. »

Leen Van den Meutter

Caroline, 32 ans, rend le monde plus beau grâce à son travail d’artiste visuelle et d’illustratrice 3D.

« Est-ce que j’assume mon côté geek? Tout dépend de votre définition du mot, bien sûr. Je connais des gens qui ont des armoires remplies d’objets de collection ou qui savent tout sur Star Wars. À cet égard, je ne suis pas si geek que ça. Mais si un geek est quelqu’un qui peut s’immerger dans son centre d’intérêt et qui vit dans un monde un peu à part, alors je suis totalement fière d’en être une. Bien que ça n’ait pas toujours été aussi facile à assumer qu’aujourd’hui. Mon père est peintre. Pendant des années, j’ai grandi en pensant que faire de l’art était la chose la plus normale du monde. Ce n’est qu’il y a quelques années que j’ai réalisé qu’il avait un talent unique, et que j’avais hérité ce talent.

Déjà enfant, j’étais constamment en train de bricoler et de dessiner. Ça ne me dérangeait pas de jouer seule, je ne m’ennuyais jamais et j’avais une imagination débordante. Je ne prêtais pas tellement attention à mes camarades de classe et je restais souvent assise en classe, l’esprit rêveur, à regarder par la fenêtre.

J’étais l’intruse. Je n’étais ni casse-cou ni très sociable, et j’étais parfois victime de remarques dédaigneuses. En secondaire, je ne me sentais pas très à l’aise non plus. J’avais choisi l’option Commerce, mais je n’avais pas du tout de feeling avec ce domaine. Quand j’ai reçu un ordinateur, vers 15 ans, c’est devenu mon refuge. Et j’ai fini par trouver ma voie, sur un site web où les artistes et designers publient leurs portfolios. J’ai rencontré des amis virtuels avec lesquels j’avais des points communs et les pièces du puzzle ont commencé à s’assembler. Parfois, je restais sur internet jusqu’au petit matin et j’arrivais en classe comme un zombie… Mais ça n’avait aucune importance, parce que j’avais trouvé ce que je voulais faire. Il fallait juste que je patiente pour pouvoir intégrer une école d’art.

Faire la paix avec soi

Dès que possible, je me suis inscrite aux Beaux-Arts et, pour la première fois, j’ai eu l’impression d’être totalement à ma place. Je n’étais plus ‘l’intruse’, mais une créative parmi d’autres qui voulait développer ses
projets. Dans mon cas, ça a été le début d’une carrière amusante dans le design graphique, l’illustration et le design 3D. En ce moment, je travaille sur la couverture de l’album de la bande-son officielle d’une série. On peut aussi trouver des clients variés dans mon portfolio, comme des chaînes de télévision ou des journaux. Je suis bien sûr très fière lorsque les gens apprécient mon travail et aiment ce que je fais. Mais je n’essaie pas pour autant d’être ‘la plus cool’. Tout le monde autour de moi fait de chouettes choses à sa façon. C’est bien que j’aie pu faire du dessin ma profession, maisj’admire encore plus les personnes qui contribuent à la société, comme les travailleur·euse·s sociaux·ales et les aides-soignant·e·s. Parfois, je me demande même si je ne passerais pas mon temps de manière plus utile dans un tel emploi. Mais ma passion est ailleurs et le design est à peu près la seule chose que j’aime faire. J’assume donc mon côté geek et j’essaie de donner un bon exemple à tous les petits créatifs qui se sentent un peu différents à l’école. Il n’y a rien de bizarre à avoir une passion, un intérêt ou un hobby particulier. Soyez en paix avec qui vous êtes, que vous soyez nerd, intello ou autre chose! »

Leen Van den Meutter

D’autres histoires:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires