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Ma tenue, une invitation? Oui, à te taire

Kathleen Wuyard

C’est malheureusement un indissociable de l’été: outre le retour des moustiques, il faut aussi subir celui des cafards qui prennent notre tenue spéciale canicule pour une invitation à nous “draguer” et plus si affinités. Sauf que non, en fait. Lis, je t’explique!

Tu ne m’en veux pas hein: je te tutoie, mais vu qu’en l’espace de 30 secondes tu es passé de “Mademoiselle” à “sale pute” parce que j’avais l’audace de ne pas te répondre, je me dis que tu n’es pas hyper à cheval sur les bonnes manières et que tu ne te vexeras pas. Même si bon, clairement, vexé tu l’es déjà vu comme nos relations se sont rapidement refroidies: il y a quelques pas encore, tu voulais mon 04, et là, tu sembles bien décidé à me prouver qu’en français, il y a plein d’insultes qui riment en “-asse”.

Après, j’avoue, je l’ai cherché. C’est vrai, pour quelle autre raison aurais-je quitté ma maison en montrant autant de peau si pas pour t’aguicher, toi qui étais posé au soleil sans rien demander d’autre que mater, tel un lézard lubrique? Pourquoi aurais-je donc dénudé mes bras, mes jambes et même peut-être un peu de ventre si je n’avais pas voulu me faire “draguer” (j’utilise des guillemets parce que ton approche est à la drague ce que la choucroute est à la gastronomie: d’une lourdeur inouïe)? POURQUOI?!

Un peu de tenue, s’il te plaît

J’avoue, on dirait visiblement une question piège pour toi, donc je vais te répondre: si je sors en robe/jupe/débardeur/crop top/autre vêtement pas hyper couvrant quand les températures grimpent, c’est parce que je n’aime pas plus transpirer que ça.

Je sais, dingue, impossible à croire, mais la diminution des centimètres de peau féminine couverte est en relation inversement proportionnelle directe avec l’augmentation de la chaleur, et non une quelconque envie de se faire aborder quand on essaie de relier un point A à un point B en plein cagnard”.

Déjà que la canicule en ville, c’est la pénibilité même, alors autant te dire qu’on n’a pas besoin que tu nous fasses bouillir le sang en prime.

Mais en vrai, tu le sais non? Depuis le temps que tu y vas avec tes interpellations en rue, tu n’en as récolté aucun de 04, par contre, tu collectionnes les regards courroucés voire même les répliques excédées quand tu persistes, et ça, tu kiffes.

Non seulement tu te sens puissant en nous importunant en rue, nous pauvres femelles à la merci de ta suavité de pacotille, mais en prime, tu aurais presque comme le caleçon qui serre quand notre manque de réceptivité à tes approches te donne ce que tu prends être une excuse pour nous insulter”.

Pschit pschit les moustiques

Mon pauvre, si tu savais: on n’en pleure pas le soir, et tu nous fais l’effet de nos autres ennemis estivaux, les moustiques. Peut-être que ça picote un peu pendant une seconde, et encore, mais c’est immédiatement oublié parce qu’il ne s’agit pas d’un adversaire de taille, juste d’un emmerdement microscopique qu’on oublie vite. Comme ta... Non, allez, les rimes pourries on te les laisse.

Tiens, d’ailleurs, tu sais ce qui rime avec “connasse” et “pouffiasse”? “T’es complètement à la ramasse si tu crois qu’on s’habille pour toi, pauvre crasse”. T’as vu, nous aussi on a la tchatche. Juste, on préfère ne pas te parler à toi.

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