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©CRIS BOURONCLE/AFP via Getty Images

Voici l’impact psychologique des corridas sur les enfants

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Dans certaines régions de France, en Espagne, au Portugal, en Colombie, au Mexique, au Pérou et dans plusieurs autres pays encore, la corrida est une tradition qui se perpétue. Mais quel est l’impact psychologique des corridas sur les plus jeunes ?

En Amérique du Sud, mais aussi au Portugal et en Espagne, les corridas sont des traditions bien ancrées dans les moeurs. En France, la corrida est interdite en vertu de l’article 521-1 du code pénal qui les interdit ainsi que tout sévices aux animaux et mises à mort d’animaux domestiques. Mais en réalité, des corridas ont toujours lieu sur le territoire français puisque douze départements du sud du pays font exception à la règle en raison de « la tradition ininterrompue ». En effet, en 2000, la cour d’appel de Toulouse avait déclaré «qu’il ne saurait être contesté que dans le Midi de la France entre le pays d’Arles et le Pays basque, entre garrigue et Méditerranée, entre Pyrénées et Garonne, en Provence, Languedoc, Catalogne, Gascogne, Landes et Pays basque existe une forte tradition taurine qui se manifeste par l’organisation de spectacles complets de corridas de manière régulière […]». Pourtant, cette tradition si spéciale, sera débattue à l’Assemblée nationale le 24 novembre prochain. Les députés examineront un texte de loi proposé par le député Nupes Aymeric Caro qui viserait à interdire totalement cette pratique. Et si sur cette question les avis divergent, plusieurs études se sont penchées sur les effets des corridas en particulier sur les enfants.

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52 % des enfants ayant assisté à une corrida ressentent du chagrin

Les adeptes de la corrida viennent bien souvent en famille assister à ces événements qu’ils considèrent comme festifs, amenant avec eux leurs enfants. Mais assister à de telles scènes a de réelles conséquences chez les plus jeunes. Si l’on sait, comme le rappelle une étude américaine consacrée aux peurs chez l’enfant, que les scènes violentes provoquent un sentiment de détresse chez les plus petits et peuvent les marquer longtemps après, tout comme la vue du sang, on peine à imaginer l’impact d’une corrida sur la psyché d’un enfant. Une enquête réalisée par des chercheurs espagnols et britanniques auprès de 240 enfants de 9 à 12 ans originaires de Madrid a prouvé que la corrida avait un impact majoritairement négatif sur les plus jeunes. Lorsqu’on leur demande « Que ressentez-vous lorsque vous regardez une corrida ? », 36,8 % répondent être indifférents, 10,4 % affirment être heureux et 52,8 % déclarent ressentir du chagrin. Pour compléter cette étude, les chercheurs ont montré des vidéos de corridas aux enfants, certaines avec une voix off contenant des commentaires neutres et d’autre contenant une voix off contenant des commentaires enthousiastes du public. Si le deuxième type de vidéo correspond le plus à l’ambiance des corridas où le public trépigne d’excitation et de joie, c’est aussi celui qui s’avère le plus traumatisant pour les plus jeunes. Entendre ces cris festifs provoquerait davantage d’anxiété chez les enfants. En effet, l’impact de la scène violente serait plus important encore, lorsque celle-ci est validée et légitimée par l’entourage.

Le risque? Une banalisation de la violence

Selon les scientifiques, avoir observé de la violence mise en scène et validée de cette manière par le public autour, contribuerait à banaliser voire à inspirer la violence. Dans ce cas précis des corridas, cela banaliserait la violence envers les animaux. Pour protéger les plus jeunes, le Comité des droits de l’enfant, un groupe d’experts indépendants qui surveille la mise en œuvre de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, comme le rapporte « Slate » a expliqué être préoccupé par les conséquences que la corrida pourrait avoir sur les spectateurs de moins de 18 ans. Des arguments qui pèseront probablement dans la balance, ce 24 novembre prochain.

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