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FAUT QU’ON PARLE: dites, les Espagnols, vous n’en avez pas marre de torturer des taureaux?

Kathleen Wuyard

La corrida. “El Bous à la Mar”, un “festival” qui consiste à poursuivre les taureaux jusqu’à la mer et les regarder se noyer. “Toro Embalado”, une “fête” où l’on met feu aux cornes d’un taureau. La torture de ces derniers prendrait presque des airs de passe-temps national en Espagne. Et il est grand temps que ça s’arrête.


En parlant d’arrêter: j’arrête tout de suite ceux qui voudraient m’accuser de raccourcis blessants alors que non, tous les Espagnols n’acclament pas la maltraitance animale. Je sais. Juste, mon titre ne peut pas avoir la longueur d’un article, donc “les-Espagnols-qui-tolèrent-ces-pratiques-barbares-et-cruelles”, c’était trop long. N’empêche: le raccourci est aussi injuste qu’il est facile, car en Espagne, les “fêtes” et “traditions” qui finissent avec un taureau torturé et mort se suivent et se ressemblent dans leur cruauté, même si les sévices en question, eux, diffèrent.

Taureaux torturés


La plus “célèbre” d’entre toutes, la corrida, a même fait des émules de l’autre côté de la frontière et séduit également les Français. Le principe, pour ceux qui auraient par chance été épargnés jusqu’ici par les images insoutenables de ce “spectacle”: un animal sans nulle autre défense que ses cornes, parfois limées pour être mises relativement hors d’état de nuire, est lâché dans une arène ou un humain armé, monté ou non sur un cheval plus rapide que lui, lui plante des bâtons de métal dans le corps et se rit de son agonie, l’excitant et exaltant ses souffrances jusqu’à enfin avoir la “merci” de lui planter un bâton final en pleine carotide. Non, il ne s’agit pas d’une lointaine tradition barbare du Moyen-Âge, et oui, en 2019, des gens payent toujours pour aller voir ça. Mieux, les “humains” en question (les guillemets, c’est parce qu’ils sont visiblement dénués de toute humanité) sont acclamés et fêtés comme de véritables stars là-bas. Marrant hein, cette capacité qu’à l’humain à comportementaliser, à conspuer quelqu’un qui donne un coup de pied à son chien et à applaudir un autre qui torture un taureau jusqu’à la mort.

Cette comportementalisation, d’ailleurs, elle porte un nom: le spécisme. Soit le classement des différentes espèces animales selon une charte de valeurs qui déculpabilise nos comportements. Les chiens et les chats: gentils et adorables animaux de compagnie, à ne manger sous aucun prétexte, et dont il ne faut pas toucher à un poil sous peine d’être un bourreau. La vache: animal destiné à la consommation, pas à la compagnie. Parfaitement acceptable dans l’assiette, et si elle se fait un peu malmener au moment d’aller à l’abattoir, ma foi, il y aura des pétitions en ligne mais sa consommation ne baissera pas vraiment pour autant. Le taureau: jouet innocent d’humains cruels incapables de voir l’ignominie de faire des tortures d’un animal un spectacle. Non mais regardez-les, qu’ils sont bêtes, ces bovins, juste bons à mourir pour notre bon plaisir... Sauf que non, en fait.

Des bovins qui ont du chien


Ils seraient même plutôt intelligents, les bougres. Leurs meuglements, par exemple: ok, ce n’est pas un son qui évoque le génie, et pourtant, les bovins sont d’excellents communicants grâce à plusieurs sortes de vocalisations, mais aussi une gamme encore plus variée de signaux visuels. Ils sont capables de reconnaître un individu rien qu’à son odeur, et même, à partir d’une photographie de lui. Un peu comme un chien, en fait. Pire, ils sont suffisamment futés pour adorer résoudre des énigmes, et établir une hiérarchie sociale dans leurs troupeaux pour résoudre les conflits de manière non violente. Et puis ils sont follement jouettes, aussi, comme cette vidéo en atteste.

https://www.youtube.com/watch?v=enOxiwZ5KrE

 

Si vous aussi, ce passage de l’article vous pousse à écouter “La Corrida” et à avoir les yeux qui piquent très fort, je vous rassure: j’ai fait pareil. D’ailleurs, puisqu’on est dans les confessions ici, je ne peux jamais écouter cette chanson sans avoir envie de pleurer, ce qui met toujours une drôle d’ambiance quand elle passe en soirée. Mais passons, on n’est pas ici pour parler de moi mais bien des ignominies que doivent subir les taureaux en Espagne. Car ces derniers jours ont démontré qu’aucune torture ne leur y est épargnée.

Noyés et brûlés vifs


Des activistes engagés pour la cause des animaux ont d’abord tiré la sonnette d’alarme du côté d’Allicante, dénonçant la tradition du Bous a la Mar, soit littéralement, “le taureau à la mer”. Un petit bain rafraîchissant par ces fortes chaleurs estivales? Pas vraiment. Il s’agit plutôt d’une course-poursuite qui démarre dans l’arène et qui se termine quand les participants parviennent à ce que les taureaux se jettent à l’eau. Dont ils sont officiellement “retirés avec une chaloupe”, selon l’office du tourisme d’Andalousie. Sauf qu’en fait, parfois, paniqués et pas vraiment habitués à nager, ils se noient. Rassemblés dans la ville de Dénia début juillet, des centaines de manifestants dénonçaient la pratique, argumentant que des milliers de taureaux sont morts depuis son instauration en 1926.

https://twitter.com/Fredtaimepas/status/1155155017915150336

 

Autre ville, autre tradition: cette semaine, c’est Sagunt qui a fait parler d’elle cette semaine. En cause, les images insoutenables d’un taureau aux cornes enflammées. Parce qu’il s’est trop penché pour souffler ses bougies d’anniversaire? Mais non enfin, c’est un “toro embalado”! Soit une “joyeuse tradition” consistant à libérer un taureau dont les cornes sont enflammées dans les rues de la ville pour que les passants s’amusent à l’éviter. Ah y’a pas à dire, on sait s’amuser, hein, quand il s’agit d’exploiter la souffrance animale.

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Une souffrance ritualisée, que certains défendent comme appartenant au patrimoine culturel des régions qui la pratiquent, n’hésitant pas à ruer dans les brancards à chaque fois que leurs petits plaisirs cruels sont menacés. Nous sommes en 2019, la maltraitance animale est punie de peines de prison dans certains pays, et pendant ce temps, des villes organisent des séances de torture publique dans la joie et l’indifférence populaire. Dans les mots immortels de Francis Cabrel, “est-ce que ce monde est sérieux?”.

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