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© Studio shot of a banana and grapefruit in a suggestive position against a pink background

Et si la vasectomie était la preuve ultime de virilité?

Kathleen Wuyard

C’est quoi un homme viril? Un barbu, un musclé, ou bien simplement un homme bien dans ses bourses et qui n’a pas besoin de les mettre sur la table pour le prouver? Alors que la contraception féminine pose question, de plus en plus d’hommes sautent le pas de la vasectomie et redéfinissent la virilité.


Il n’est ni célèbre, ni même influenceur, et pourtant, sur Facebook, le post de Mich Rozek a été partagé plus de 4 400 fois. C’est qu’avec une parole franche, mais pas moralisatrice, il s’attaque à un sujet plus que jamais d’actualité : la vasectomie, et son témoignage sonne juste.

C’est pas trop mon genre d’étaler en public ce qui se passe dans mon slip, mais parfois, face à certaines résistances patriarcales de notre société, il faut se jeter à l’eau”


Et de poster la facture de sa vasectomie d’il y a quelques mois : 10,89 euros, sans erreur de l’hôpital en sa faveur ni zéro manquant. “À peine le prix d’un mois de pilules contraceptives ou d’une grosse boîte de capotes”. Auquel il faut ajouter le coût mental de l’opération, qui reste un cap impossible à franchir pour certains, ainsi que Mich en a bien conscience.

J’en vois déjà qui ont les poils des coucougnettes qui se hérissent rien qu’à l’idée. L’opération? 15 minutes chrono en anesthésie locale, juste le temps de demander au chirurgien dans le feu de l’action si la dinde et la bûche avaient été bonnes (c’était le lendemain de Noël). J’ai connu des passages chez le dentiste bien plus pénibles”


“Seul petit désagrément : tu marches comme un cowboy pendant 10 jours. La virilité : ça va, je m’en sors pas mal, en tout cas pas moins bien qu’avant”, poursuit-il. Et d’ajouter un “à vous de jouer” à ses congénères, car ainsi qu’il le rappelle, “finalement, prendre ses responsabilités masculines dans la question contraceptive, c’est pas plus compliqué (et coûteux) que ça”. La contraception, une affaire de bonnes femmes? La croyance persiste, mais elle est de plus en plus malmenée, entre révélations de l’impact sur la santé et le mental de la teneur hormonale de la pilule, et débat autour de la charge contraceptive et de son poids inégal au sein du couple.

“Il faut avoir des couilles pour se les laisser tripoter”


En commentaire du post, des dizaines de témoignages et de félicitations, et cette accolade virtuelle, qui résume à merveille la situation :

Vive les mecs qui ont assez de couilles que pour accepter de se les faire ( un peu) tripoter ! Honte à ceux qui préfèrent laisser leurs femmes s’empoisonner, car ils « ont peur d’avoir mal »”


Voilà qui est dit. Et visiblement, les mentalités commencent à évoluer : sans qu’il n’y ait de ruées sur les tables d’opération, de plus en plus d’hommes font le choix de la vasectomie, par conviction personnelle ou pour soulager leur moitié de la charge contraceptive. Au Québec, on est en avance sur son temps et cela fait dix ans que la province fait partie des “leaders” mondiaux en matière de vasectomie, avec quelques 13 500 hommes qui choisissent de sauter le pas chaque année. C’est bien, mais ça pourrait encore être mieux, car cela reste encore largement en dessous du nombre de femmes qui prennent une forme de contraception dans la région. La faute aux préjugés, et à la croyance tenace que “perdre le pouvoir d’enfanter” donne un coup irréversible à la masculinité.

La parade trouvée par les Américains, qui ont décidément toujours une solution too much à tout ? Les “brosectomies”, soit des vasectomies entre bros, qui se réunissent pour l’occasion dans des cliniques aux faux airs de fraternité, où on se fait bloquer les canaux déférents entre une pinte de bière et la mi-temps du match diffusé à la télé. Santé ! Et les hommes passés par là de décrire un moment de convivialité au “Wall Street Journal”, même si forcément, immédiatement après, ça fait un peu mal à l’entrejambe.

Nous pensions que ça allait être douloureux, mais après nous étions juste en train de rire. J’imagine que c’est à cause de l’alcool, mais nous avons passé un si bon moment...”


Et un médecin interrogé par l’article d’assurer qu’en transformant la vasectomie en moment festif à plusieurs, il est possible d’avoir moins mal et de recourir à moins d’antidouleurs. Ne faites plus des enfants, “fête une vasectomie”, la solution pour dédramatiser l’acte? Reste la question de la virilité, et de ce que la vasectomie implique pour cette dernière. Même si, ainsi que de plus en plus d’hommes le réalisent, il s’agirait là de l’acte viril ultime, sorte de preuve que la masculinité tient finalement à beaucoup plus qu’un canal microscopique. D’autant qu’il ne faudrait pas confondre “stérilité” et “virilité”, les ressemblances s’arrêtant à la sonorité, d’autant plus qu’il existe aujourd’hui des vasectomies réversibles, qui permettent à celui qui la subit de changer d’avis et se reproduire. Si on ne dispose malheureusement pas de chiffres équivalents pour la Belgique, ces 3 dernières années, le nombre de vasectomies a doublé chez nos voisins français. Rappel nécessaire s’il en est qu’être un homme, un vrai, c’est prendre ses couilles en main, au propre comme au figuré (même si dans le cas de la vasectomie, c’est mieux de laisser un urologue s’en occuper).

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