Chère E40, adieu, je te hais
En théorie, l’E40, c’est le bonheur. 135 kilomètres de route pour aller de Schaerbeek à Aachen, des paysages changeants, le macadam qui défile, l’aventure. En vrai, pourtant, c’est plutôt l’autoroute de l’enfer et il est temps de le lui déclarer.
Chère E40,
Tout avait pourtant bien commencé entre nous. Il faisait beau, avec ce soleil d’hiver qui fait tout briller, ma tête atteignait à peine la fenêtre, et on était en route pour la capitâââle. Ce que je n’avais pas manqué de fanfaronner pendant toute la semaine, parce que quand tu as 10 ans, que tu habites à Liège et que tes parents t’emmènent faire du shopping à Bruxelles, tu trouves ça vachement classe quand même. C’est comme ça que tu m’as séduite, E40, avec tes promesses de soleil, d’aventure, et d’un sublime ensemble en daim qui m’a immédiatement transformée en Pocahontas de la cour de récré.
On s’est un peu perdues de vue pendant quelques années, pour mieux se retrouver quand je me suis inscrite à l’ULB et que tu es devenue le moyen le plus rapide de relier ma vie bruxelloise et mes amis à Liège et ma famille. Il ne faisait pas toujours ensoleillé, mais vu que je t’empruntais le week-end, à heures décalées, et que tu faisais office de liaison entre mes deux maisons, je ne voyais toujours pas de raison de ne pas t’adorer. Comment ne pas aimer des roadtrips nocturnes avec la sélection 90s de l’iPod à fond et un cornet tout chaud du fritkot Flagey à grignoter durant le trajet ?
Non, vraiment, on a vécu de belles années toi et moi E40. Quand j’y repense, je dirais que ça correspond à mon âge de l’innocence. Celui où je me réjouissais de finir l’unif pour commencer à travailler, être une vraie adulte, ce dont se réjouissent uniquement les enfants naïfs qui n’ont jamais eu à payer la moindre facture. Ni à emprunter l’E40 les matins de semaine. Parce que oui, E40, tu n’es qu’une basic bitch de base, sympa le week-end, mais odieuse en semaine, particulièrement le lundi matin.
Des lundis comme aujourd’hui, par exemple, ou si, comme moi, tu as le malheur de préférer écouter de la musique plutôt que l’info trafic, tu te retrouves malencontreusement coincée dans 1h40 de bouchons. Soit 100 minutes, qui s’ajoutent à la demi-heure qui s’ajoute chaque matin à la petite heure qu’il faut normalement pour faire Liège-Bruxelles un jour de week-end où il fait soleil. 1h40 perdue à jamais, dans une mer d’automobilistes laids et bêtes qui font des queues de poisson pour gagner une minute sur les embout’ et qui se grattent le nez au volant alors que EO, leurs vitres sont transparentes.
Et puis c’est sans compter le fait que malgré le fait que tu sembles être en travaux toute l’année, ton revêtement est toujours dans un état négligé, entre macadam mal posé qui fait plein de bruit et trous au sol qu’il faut éviter en frôlant de peu la crise cardiaque. Non, vraiment E40, tu ne fais rien pour t’arranger. D’ailleurs, au risque de te briser le cœur : s’il y avait un autre moyen de faire Liège-Bruxelles en voiture, ça ferait longtemps que je t’aurais quittée. Enfin tu me diras, si ça ne me plaît pas, personne ne me retient, je n’ai qu’à prendre le train.
Lire aussi:
Homme au volant, danger permanent
7 situations où on rêverait d’être millionnaire
Les 10 gros lourds qu’on rencontre toutes sur l’autoroute
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici