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FAUT QU’ON PARLE: je n’aime pas l’alcool et non, je ne suis pas coincée pour autant

J’ai 23 ans, je suis étudiante et je n’aime pas l’alcool. Cela suffit à certains pour être choqués. Et pour me cataloguer comme coincée. Une réalité à laquelle je dois bien trop souvent faire face et qui commence à me crisper quelque peu.

Je n’aime pas son goût et mon corps déteste ses effets. L’alcool je n’en veux plus. Certains n’en auront que faire et accepteront cela sans rechigner, tandis que d’autres s’étonneront et m’interrogeront sur les raisons de ce choix. Mais pourquoi devrais-je me justifier? Est-ce que je vous demande pourquoi vous n’aimez pas les champignons? Non. Parce que je n’en ai clairement que faire. Mais quand c’est l’alcool, c’est la fin du monde. Alors pourquoi tant de questionnements et d’incompréhension autour des gens qui ne boivent pas?

Un geste copié

La première fois que j’ai gouté à l’alcool, c’était bien avant mes 18 ans. Mes parents avaient pour habitude de prendre un vin blanc plutôt sucré pour accompagner certains plats et j’ai un jour demandé à y tremper mes lèvres. Ce n’était pas mauvais. J’ai donc réitéré l’expérience et je buvais alors une petite gorgée de temps en temps. Mais cela, bien plus par envie de copier un geste d’adulte que parce que je trouvais ça extraordinairement bon. Parce que soyons sincères, entre ça et un coca, à l’âge de 13 ans je préférais clairement le pétillement du second.

“Il faut profiter”

Est alors venue l’adolescence. Ce moment où l’on veut dépasser nos limites et partir à la découverte du monde avec nos potes. On se sent libre, presque adulte mais sans toutes les obligations qui s’y attachent. C’est la belle vie, il faut profiter. Autrement dit, à tout prix, sortir, danser, chanter, jouer ... et boire. Boire beaucoup. Parfois trop. Les sorties s’enchainent et mon corps supporte alors très mal ces excès. Je suis malade. Et pas qu’un peu. Je ne bois toujours pas par plaisir. Au contraire, la bière me dégoute, le vin m’écoeure et les spiritueux me donnent la nausée.

Des effets plus négatifs que positifs

Contrairement à certains, l’alcool ne me fait pas plus profiter. Si au premier verre il ne me fait qu’un peu tourner la tête, il ne me rend ensuite pas beaucoup plus drôle, ou plus joyeuse.

À l’excès, il me plonge plutôt dans des élans de chagrin. J’ai ce qu’on appelle l’alcool triste et même parfois agressif. Je deviens désagréable. Je me dispute souvent, je me ridiculise parfois et je vomis tout le temps.

Mon organisme ne supporte pas cette ivresse et il me le fait directement sentir. Je finis alors par m’endormir alors que la fête bat toujours son plein. Et je (sur)vis les jours suivants avec le ventre en vrac.

Une pression sociale?

Si la soirée n’en est pas complètement gâchée et que je peux tout de même dire que je me suis bien amusée, il y a toujours un arrière-goût. Un sentiment de mal-être qui me fait penser que cela aurait été mieux si je n’avais pas bu autant, ou si je n’avais pas bu du tout. Après tant de mauvaises expériences, je décide alors de ne plus boire. Ce qui au final s’avère difficile. Non pas parce qu’il m’est impossible de résister à cette boisson, qui au final ne me plaît pas et me rend malade, mais plutôt parce que je ressens une pression. Le sentiment que, pour me sentir dans le même élément que les autres, je dois les accompagner dans leur enchainement de verres alcoolisés.

“Fais-toi plaisir”

Cette année, lors d’une sortie au restaurant pour mon anniversaire, on me demande ce que je souhaite boire. Un apéritif peut-être? Je refuse et commande un soda. On me rétorque:

“Mais fais-toi plaisir, c’est ton anniversaire”. Oui et alors? Parce que c’est mon anniversaire je dois boire de l’alcool?

Je ne comprends pas. Un autre soir, lors d’un souper chez des amis, quelqu’un s’apprête à me servir un verre de vin. Je décline en expliquant que je n’aime pas ça. “Tu n’aimes pas le vin, et tu fais comment?” Eh bien je bois autre chose, tout simplement. Pourquoi cette réaction?

Anormale?

Car aujourd’hui, boire de l’alcool est une sorte de tradition attachée à des moments particuliers de nos vies. Célébrations, sorties, restaurants sont censés rimer avec consommation de boissons alcoolisées. Ce qui ne me pose aucun problème et je ne suis pas du tout contre les personnes qui en consomment. Mais cette façon d’associer le fait de profiter de la vie et de s’amuser à l’alcool entraine que, souvent, ceux n’en buvant pas sont jugés hors norme. Comme coincés et rabat-joie. Et si je ne me vois pas du tout comme ça, faire face à ces réactions de manière récurrente m’amène parfois à me remettre en question et à me trouver anormale. À me demander si je passe à côté de ma jeunesse et si je devrais m’aligner aux autres pour ne pas faire tache. Ce qui, quand j’y réfléchis davantage, est complètement ridicule.

Boire moins pour profiter plus

Si je n’ai aujourd’hui plus envie de boire de l’alcool, c’est justement pour profiter plus. Car si cela ne me plaît pas et ne m’apporte que des effets négatifs, pourquoi en consommer? Pour faire plaisir aux autres? Pour ne pas casser l’ambiance? Certainement pas. Parce que sincèrement, peu importe le contenu du verre que j’ai à la main, cela ne changera en rien votre soirée. Alors, s’il vous plaît, la prochaine fois que je refuse un verre d’alcool, ne me demandez pas pourquoi, demandez-moi plutôt ce qui me ferait plaisir à la place. Tout simplement.

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