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Ce que les croix gammées dessinées sur des portraits de Simone Veil disent de l’antisémitisme en France

Kathleen Wuyard

Le 1er juillet 2018, Simone Veil, rescapée des camps, ancienne ministre d’Etat, brillante avocate, membre de l’Académie française et emblème de la lutte contre l’avortement, a fait son entrée en grande pompe au Panthéon. Un hommage à la mesure d’une femme exceptionnelle, véritable héroïne française. Qui voit aujourd’hui son portrait souillé de croix gammées, écoeurant rappel que les actes antisémites sont à la hausse en France.


“Salir la mémoire de Simone Veil, c’est salir la République. Tout est mis en œuvre pour que cet acte infâme ne reste pas impuni”. C’est en ces mots que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur français, a réagi à la photo du portrait de Simone Veil barré de croix gammées et accompagné du mot “Juden”, “juive”. Des gribouillages antisémites apposés sur les boîtes aux lettres de la façade de la mairie du 13e arrondissement à Paris. D’emblée, Anne Hidalgo, maire de la capitale française, a annoncé que la ville allait porter plainte. Mais contre qui? Car au-delà du fait que les auteurs n’ont pas été appréhendés, c’est la France toute entière qui semble être aux prises d’un antisémitisme rampant.

Les portraits de Simone Veil souillés ce week-end. Dans l’Essonne, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), un arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi, un jeune juif assassiné en 2006, scié quelques jours auparavant en “commémoration” de l’anniversaire de sa mort. Samedi, c’est le restaurant parisien Bagelstein situé sur l’Île Saint-Louis, qui découvrait sa façade taguée d’un “Juden”. Une semaine ordinaire sous le soleil de la République? Selon Christophe Castaner, ces actes, immondes et rapprochés, ne sont que la manifestation d’un problème auquel la France a bien du mal à faire face.

L’antisémitisme se répand comme un poison.


Un poison qui bondirait de 74%, les actes antisémites étant passés de 311 en 2017 à 541 en 2018. Du côté de CNews, on souligne après les tags antisémites apparus ces derniers jours que “si le lien avec le mouvement des gilets jaunes n’est pas toujours établi, il y a tout de même une corrélation entre les jours de manifestation et ces actes condamnables”. Raccourci facile? En novembre 2018, Nicolas Bove, journaliste pour les Inrockuptibles, avait tenté de comprendre pourquoi l’antisémitisme explosait en France. Pour Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, c’est à cause d’une “banalisation” de la haine, tandis que Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des Radicalités politiques, souligne que cette hausse ” ne serait pas seulement et même, pas principalement, le fait de l’extrême droite mais également d’individus qui se réclament d’une forme d’islamisme ou d’identité musulmane”. La faute aux musulmans, à la banalisation de la haine, aux gilets jaunes? En tout cas, les faits sont là: rien que pour les 9 premiers mois de 2018, près de 385 plaintes pour agressions physiques et verbales antisémites ont été déposées. Une drôle de manière de “commémorer” les 80 ans de la Nuit de Cristal. Alors on se rappelle les mots de Simone Veil: “Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes”.

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