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© Roméo Elvis - Getty

Ce que les aveux d’agression sexuelle de Roméo Elvis disent de notre société

La rédaction

Hier, alors que le rappeur Moha La Squale tombait sous les accusations d’agressions sexuelles et de séquestration, une femme a également accusé Roméo Elvis d’agression sexuelle. Aujourd’hui, le rappeur s’est excusé publiquement mais ça ne s’arrête pas là.


Tout a commencé hier soir quand la détentrice d’un compte Instagram a posté une story accusant Roméo Elvis d’agression sexuelle accompagnée de #balancetonrappeur. Un hashtag qui fait suite au scandale entourant Moha La Squale, lui aussi accusé par 3 femmes d’agressions sexuelles, de séquestration et de viol.

Elle n’a donné aucun détail sur ses accusations mais y a fait suivre des messages privés échangés avec Roméo Elvis, comme preuve de ce qu’elle avance. Ce dernier, dit-il, “tient encore à s’excuser et n’a aucune explication sur ce geste stupide” mais il ne tient pas à ce que “sa copine apprenne ce truc”.

Roméo Elvis réagit


Les captures d’écran ont circulé sur les réseaux à la vitesse de la lumière et n’ont pas tardé à prendre une ampleur médiatique, obligeant Roméo Elvis à prendre la parole publiquement sur ce qu’il s’est passé, chose qui vient tout juste de se produire ce mercredi à 14h30.

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“J’ai pris conscience d’avoir utilisé mes mains de manière inappropriée sur quelqu’un, croyant répondre à une invitation qui n’en était pas une” écrit le rappeur dans un message posté sur Instagram. “Ce qui est trop souvent vu comme un acte banal est une erreur à ne pas faire” continue-t-il. Parle-t-on ici d’une main aux fesses, d’un pelotage non consenti ou de tout autre geste, peu importe finalement. Le mal est fait, Roméo Elvis semble comprendre la portée de son acte et réitérer ses excuses. Point final? Non, malheureusement. Et c’est là qu’un fait d’agression sexuelle comme on a malheureusement trop l’habitude d’en entendre/voir/vivre (il n’y aucune mention inutile) révèle une phase bien sombre de notre société et prouve que le chemin est encore long pour atteindre “la paix dans le monde”.

Un homme accusé, des femmes harcelées: cherchez l’erreur


Entre la story Instagram accusatrice et la réaction de Roméo Elvis, plus de 12h se sont écoulées. La veille, Lena Simonne, la compagne de Roméo Elvis, partageait sur son compte Instagram les accusations visant Moha La Squale, se joignant ainsi au mouvement #balancetonrappeur. Aujourd’hui, elle est devenue la cible de centaines (c’est un euphémisme) de commentaires accusateurs, parfois violents et encore une fois non-sollicités. “Balance l’agresseur sexuel qu’est Roméo Elvis si tu veux conserver ta crédibilité”,

Pourquoi tu fais pas de story pour balancer ton porc de copain?”


Même son de cloche pour Angèle, chanteuse et soeur du rappeur. “Balance ton Roméo? C’est pour quand cette chanson?”, “Va falloir balancer le frérot maintenant pour rester crédible. Sinon plus personne ne t’écoutera sur le sujet des violences faites aux femmes”. 

Nous sommes donc ici face à deux cas de harcèlement en ligne avec toutes les retombées morales, physiques et psychologiques que ça implique concernant deux personnes qui ont commis l’inexorable crime d’avoir un lien familial avec le principal concerné. Un homme accusé d’agression sexuelle donnerait donc, si l’on suit cette logique, à d’autres hommes (principaux auteurs de ces commentaires) le droit d’aller déverser leur haine sur des femmes. Scandaleux, vous trouvez? Certainement, mais pas inattendu. Parce que quand une femme dénonce un fait concernant une célébrité, un rappeur à l’énergie sympathique qui plus est, on crie tout de suite au fake, au mensonge sacrilège et à un “besoin d’attention” maladif. Pourtant, pas de chance pour tous celles et ceux qui pensaient que la victime criait au loup, Roméo Elvis a finalement avoué à demi-mots en présentant des excuses publiques. Il fallait donc trouver d’autres coupables, crier plus fort à l’injustice et forcément, les cibles idéales sont celles qui dénoncent sur ces mêmes réseaux les faits de sexisme.

Ainsi que le rappelle très justement la journaliste Marine Coutereel sur Instagram, l’enquête NousToutes a révélé que 7 femmes sur 10 ont été victimes d’actes non consentis. “Pour 7 femmes sur 10, il n’y a pas qu’un seul détraqué sexuel sanguinaire qui passe de l’une à l’autre, hein”. Autrement dit, même si les anti-féministes ne manqueront pas de dire “qu’on met tous les hommes dans le même panier et qu’on ne peut plus draguer”, il faut tout de même avouer que ces chiffres interpellent. Oui, les agressions sexuelles, ainsi définies par la loi, sont légion et doivent être dénoncées, visibilisées, prises au sérieux. C’est nécessaire pour que ce climat insécuritaire pour les femmes puisse s’améliorer voire disparaître (mais on rêve certainement un peu trop). Ce n’est pas pour rien qu’on vous rabâche les oreilles avec l’éducation des garçons depuis des années. Parce que si même un Roméo Elvis a dû prendre plusieurs semaines pour mesurer l’ampleur de son geste, l’a caché à sa copine par honte, et fini par se mettre dans ses petits souliers quand l’heure est venue de passer devant le bourreau qu’est l’espace public, c’est qu’il y a encore du travail.

Néanmoins, voyons le verre à moitié plein


Qu’il ait été forcé par son manager ou qu’il s’agisse d’un acte de bonne foi, Roméo a présenté ses excuses. Et ça, c’est important. Parce que, contrairement à son compère Moha La Squale, Roméo Elvis a reconnu publiquement que poser ses mains sur le corps de quelqu’un d’autre sans son consentement, c’est une agression sexuelle. Même si ce n’était “qu’une main aux fesses” pendant un show, une danse, même si la victime était entièrement nue, ça reste une agression. Car pour rappel, selon le code pénal, est caractérisée comme agression sexuelle toute atteinte physique avec violence, contrainte, menace ou surprise. Il ne faut pas minimiser ce geste ou l’appeler autrement. Utiliser d’autres mots banalise la gravité de la violence.

Le rappeur aura eu l’intelligence de ne pas nier les faits et de rappeler à son public qu’il n’est pas l’exemple à suivre. Un mea culpa public comme celui qu’il vient de publier, sur une page d’un réseau social largement suivie, permet de conscientiser, ne fut-ce que sur le fait qu’une main aux fesses (ou du frotti-fotta) n’est pas un geste banal qu’on peut reproduire pour marquer son intérêt pour une autre personne.

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