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FAUT QU’ON PARLE: le stealthing, la nouvelle agression sexuelle qui fait peur

Kathleen Wuyard
Oublié, le cauchemar du préservatif qui craque pendant l'acte. Le stealthing est 100 fois pire: les hommes enlèvent leur préservatif pendant l'acte, sans le consentement de leur partenaire. Une tendance qui gagne en popularité, et qui fait peur. 

“Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir”. L’adage est connu, et il faut bien reconnaître qu’avec sa mise pas toujours évidente et son latex irritant, le préservatif peut parfois être gênant. Un petit mal pour un grand bien: comme il nous protège aussi des MST ou d’une grossesse non désirée, on lui pardonne et on l'enfile. Mais comment s’assurer que notre partenaire va le garder? Non, il ne s’agit pas de parano: la nouvelle tendance au lit s’appelle le stealthing, et elle a de quoi faire passer l’envie. Le principe: retirer son préservatif en douce pendant l’acte, sans le consentement de sa partenaire.


Pratique risquée

 

C’est Alexandra Brodsky, une juriste au National Women’s Law Center, qui a décidé d’enquêter sur le phénomène il y a quatre ans après que plusieurs de ses amies aient été abusées de la sorte. Les résultats de sa recherche, publiés dans le Columbia Journal of Gender and Law, font froid dans le dos. Parmi tous les témoignages recueillis par Alexandra Brodsky, deux peurs dominent: la grossesse et les MST. Ainsi que l’explique une victime de stealthing, "aucun de ces risques ne l’inquiétaient. Ça ne le perturbait pas. Ni ma potentielle grossesse, ni ma potentielle MST".  Selon une autre victime,

il a considéré qu'il n'y avait aucun risque pour lui et n'a pas daigné s'intéresser à ce que je risquais de mon côté.

 

"Instinct masculin"

 

Et du côté des agresseurs, alors? Sur Internet, les forums qui dispensent des conseils pour pratiquer le stealthing avec succès ne manquent pas. C’est en contactant certains hommes qui postaient sur ces forums que Alexandra Brodsky a pu recueillir des explications de leur comportement. Excuse avancée par l’un d’eux:

Éjaculer dans le ***** d'une femme fait partie de l’instinct masculin. Aucun homme ne devrait faire une croix sur ce droit. Si une femme veut le sexe du gars, alors elle doit aussi prendre sa semence !!!.

L’instinct masculin comme justification pour une agression sexuelle: un retour au Moyen-Âge inacceptable.


Violence sexuelle non reconnue

Car c’est bien d’agression sexuelle qu’il s’agit ici. Comme l’a expliqué Alexandra Brodsky au Huffington Post, « beaucoup de mes amies ont subi des maltraitances sexuelles qui ne sont pas considérées comme faisant partie du répertoire reconnu de violences basées sur le genre. Pourtant ces agressions puisent clairement leurs racines dans la misogynie et le manque de respect. Mon but en publiant cet article, c'est de fournir un vocabulaire, de donner aux gens des moyens d'en parler" explique Alexandra. Et d'ajouter:

Le stealthing est trop souvent vu comme du «mauvais sexe» au lieu d'être qualifié de violence.

Une erreur de jugement à ne plus commettre. 

Mon corps, ma bataille: 

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