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FAUT QU’ON PARLE: le télétravail tue ma motivation, ma créativité et mon envie de me surpasser

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste

Archi productive mais si peu créative, voilà comment je définirais mon « mood job du moment »… Moment qui s’éternise depuis maintenant plusieurs mois en réalité. La faute à qui ? Le télétravail !

Sur papier, le télétravail, c’est le pied. Pas d’embouteillage, pas de longs trajets en train, pas de rush le matin, aucune obligation de s’apprêter voire même l’opportunité de rester en pyjama toute la journée, avoir le temps de faire ses lessives, luncher avec une copine ou encore pouvoir se rendre à son cours de sport illico presto une fois sa journée terminée… En pratique, le télétravail à temps plein, c’est l’enfer.

Coronavirus oblige, mon un à deux jour(s) de télétravail par semaine, convenu avant la crise sanitaire, s’est transformé en un 5 jours de télétravail par semaine. Et honnêtement, au début, c’était cool. Les premières semaines, je les ai passées en pyjama derrière mon ordi à communiquer énormément avec mes collègues par écran interposé, j’étais ultra bien concentrée, efficace et productive, jamais distraite par une pause papotage… Et puis les choses ont changé. Le télétravail m’a enfermée dans une sorte de bulle (littéralement si on habite seul.e) et petit à petit, il a aspiré ma motivation et ma joie de bosser sans que je ne m’en rende compte.

S’habiller le matin, faire une petite promenade avant de débuter la journée, se faire un planning, aller courir durant la pause midi… Ce n’est pas que je n’ai pas mis en place un tas d’astuces pour structurer mes journées de télétravail mais rien n’y fait… Celles-ci me semblent interminables. Et surtout, ces journées, seule derrière mon ordi, aspirent toute ma créativité et mon envie de me surpasser. Car mon constat est ce dernier : je suis ultra efficace et productive mais je manque d’inspiration, de créativité, de motivation, d’envie de me surpasser, de me renouveler, d’innover…

Je ne suis pas la seule à le dire. Plusieurs études l’ont prouvé : le télétravail nous rend plus productifs mais nuit, en raison du manque de contact, à la création de nouvelles idées.

Un sentiment confirmé

Selon Nicholas Bloom, un économiste de l’université de Stanford cité par France Tv : « il y a une corrélation entre la collaboration en personne, celle que l’on entretient dans le cadre d’échanges directs, et l’innovation. » Il déclare également : « Les nouvelles idées que nous perdons aujourd’hui pourraient se traduire par une diminution du nombre de nouveaux produits en 2021. »

Une étude de LinkedIn mandatée à YouGov va dans le même sens. « Les deux tiers des directeurs marketing craignent que la diminution des échanges en présentiel avec les équipes impacte la créativité. Selon eux, les liens entre les salariés risquent de se distendre, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur le processus créatif » relaye Offre Media.

« Le travail à distance produit un repli sur soi » déclare Clara Rousselin, dirigeante d’Ejio et spécialiste des nouvelles formes de travail interrogée par Les Echos. « Le télétravailleur, concentré sur ses propres objectifs et ses tâches factuelles, se limite à des interactions purement productives ».

En juin 2020, quand on sortait du premier confinement, 54 % des directeurs des ressources humaines sondés par l’Association nationale des DRH et relayés par Les Echos déclaraient constater « moins de créativité et de capacité à résoudre des problèmes complexes ».

Pour expliquer cela, Les Echos interrogeait le psychologue du travail Christophe Nguyen qui déclarait : « Qu’est-ce qui fait que le salarié met de l’énergie dans son travail ? Sa fierté d’appartenance à une entité, la qualité des relations avec ses collègues et son manager, et, bien sûr, sa rémunération et sa reconnaissanceOr le télétravail agit de manière négative sur les deux premières dimensions. »

Le télétravail est donc bel et bien la bête noire de l’innovation, de la créativité et du dépassement de soi, mais aussi: il joue sur notre santé mentale. Qui aime avoir des journées où le temps paraît long ? Ou on reste cloîtré·e chez soi sans parler à personne ? À long terme, le problème aussi, c’est qu’en devenant la norme et en s’instituant sur le long terme, le télétravail efface un tas de choses de notre mémoire: on oublie à quel point « être au bureau », « voir ses collègues », « papoter autour d’un café » étaient importants et participaient à notre bien-être au travail.

Bref, vivement le retour !  

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