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Bastien Vivès pédopornographie bande dessinée
© Bastien Vivès sur Instagram

L’auteur Bastien Vivès accusé de pédopornographie et d’appel à la violence

Julie Braun
Julie Braun Journaliste

Le festival de la BD d’Angoulême a annulé l’exposition d’œuvres originales de Bastien Vivès suite à l’énorme levée de boucliers que celle-ci a levée : en cause, les BD pédopornographiques de l’auteur et ses commentaires ultraviolents sur les réseaux.

L’auteur Bastien Vivès est accusé de pédopornographie dans certaines de ses BD (dont « Petit Paul » – éd. Glénat – où il met en scène un enfant de 10 ans doté d’un énorme pénis et « La décharge mentale » – éd. Requins Marteaux – une famille pratiquant l’inceste avec ses 3 filles).

Aujourd’hui, la bande dessinée est numéro 1 des ventes en France, sur Amazon. De quoi s’interroger sur la nature humaine…

BD petit Paul Bastien Vivès

Pédopornographie

L’aspect pédopornographique de « Petit Paul » avait fait du bruit à la sortie de l’album, en 2018. Mais Bastien Vivès n’a jamais été inculpé pour les dessins qui lui sont reprochés. L’auteur et l’éditeur arguaient qu’il s’agissait d’humour. Cependant, certaines de ses interviews, notamment à Madmoizelle, où il affirmait: « L’inceste, moi ça m’excite à mort. » et des commentaires du même type datant du début des années 90, mis en lumière par Libération, viennent plomber ce qualificatif d’humoristique.

Il est sûr que Bastien Vivès provoquait et surfait déjà sur le malaise dans ses bandes dessinées grand public, dont nous étions nous aussi sous le charme.

« Je pense qu’on peut tout montrer en dessin. Comme en littérature. Il y a une vraie distance. Bien sûr, je me suis freiné. Je ne suis pas allé dans le porno, dans le détail. Mais c’est un truc que j’aime, installer un cadre dans lequel on se sent bien et puis de faire découvrir quelque chose d’un peu niqué. Je ne veux pas vraiment choquer, mais mettre mal à l’aise…»

Bastien Vivès dans notre interview à l’occasion de la sortie de « Une sœur, » en 2017.

Et à propos de ses BD pornos, dans notre interview à propos de son dernier album, « Dernier week-end de janvier » (magnifique album loin des mises en scène de fantasmes auxquels l’auteur nous avait habitués), il parlait de son désir de faire du cinéma pour s’approcher davantage du réalisme, expliquant:

« C’est un peu comme quand je fais une BD porno, si c’était filmé, ce serait horrible, mais avec le dessin, ça crée une distance et rend tout désirable. »

Violence sur les réseaux

Par ailleurs, des posts et commentaires très violents de Bastien Vivès appelant au meurtre et au viol des enfants de l’illustratrice Emma, ont également été republiés par celle-ci:

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Emma clôture son post avec ces mots:
« Chers et chères collègues, il est temps de vous prononcer clairement, publiquement et visiblement sur ce personnage et ses productions illégales. Et à @bdangouleme : franchement, LA HONTE. Déprogrammez. »
Elle ajoutait à son post un lien vers une pétition appelant l’annulation de l’exposition, qui a recueilli plus de 100.000 signatures.

Exposition annulée

L’exposition à Angoulême a donc été annulée, d’abord sous prétexte de protéger Bastien Vivès et les visiteurs du festival, à cause de menaces de violence reçues, puis aussi à cause des propos tenus par l’auteur. Le festival de la BD d’Angoulême a publié un communiqué indiquant notamment:

« (…) le débat en jeu porte sur des questions aussi anciennes que l’art. Celles relatives à la liberté d’expression et de création, à la responsabilité des artistes, aux nécessaires évolutions sociétales, à la morale, aux barrières entre la fiction et le réel, à la censure, et à l’autocensure. Autant de questionnements qui traversent en permanence un événement comme le Festival, impliquant des publics très divers – familles, enfants, enseignants, pédagogues… – et dont la vocation est aussi celle de la mise en avant de créations d’artistes questionnant nos sociétés.

Il paraît indispensable de poser ce débat dans la sérénité. Le Festival le conduira dans le temps de son déroulement via son traitement dans le cadre d’un forum prospectif – où il ne manquera pas de convier certain.ne.s des internautes parties prenantes qui se sont exprimé.e.s récemment en l’interpellant.

Bastien Vivès a tenu différents propos – étalés dans le temps – qui peuvent paraître à certains et dans l’absolu, très choquants et/ou déplacés : le Festival n’avait pas initialement connaissance de nombre d’entre eux. Compte tenu de la situation, il appartient à l’auteur de s’expliquer, de la manière qu’il jugera opportune, sur leur sens, leur raison d’être et de préciser les circonstances dans lesquelles ils ont été prononcés. »

Réactions de Bastien Vivès

Sur son Instagram, Bastien Vivès a initialement publié un strip humoristique, avant que la situation s’envenime et qu’il publie des excuses:

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« Ma présence sur les réseaux sociaux était souvent puérile. Il m’arrivait de m’en servir comme d’un défouloir. Je regrette sincèrement certains de mes propos, et plus particulièrement ceux à l’encontre de la dessinatrice Emma postée sur mon mur Facebook envers laquelle je tiens à m’excuser. C’était gratuit, violent, irrespectueux et surtout indigne » précise-t-il.

Sur les réseaux sociaux, les internautes se déchirent notamment entre ceux rappelant que toute représentation pédopornographique est illégale et ceux défendant la liberté artistique.

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