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““Si on traitait les maladies physiques comme les maladies mentales?””, des illus qui font réfléchir

Kathleen Wuyard

“Vous vous êtes déjà demandé ce que ça ferait si les maladies physiques étaient considérées comme des maladies mentales?” La question, posée par Monsieur Xanax sur Twitter et accompagnée d’une série d’illustrations évocatrices, fait réfléchir. Difficile, en effet, de s’imaginer dire à un.e proche atteint.e d’un cancer que “oh allez, reprends toi, ça va aller!”. Mais pourquoi le dire à quelqu’un qui déprime, alors?


“As tu essayé... tu sais... de ne pas avoir la grippe?”, “J’ai bien compris que tu as une intoxication alimentaire, mais tu peux au moins faire un effort”. Absurdes et inimaginables face à une personne souffrant des pathologies susmentionnées, ces répliques sont pourtant balancées sans réfléchir aux personnes souffrant mentalement. Et parfois même avec la meilleure des volontés, sauf que les “allez, bouge toi un peu” et autres “si tu faisais un peu de sport, tu verrais, ça irait tout de suite beaucoup mieux” conseillés avec une gentillesse maladroite sont reçus douloureusement par les personnes en souffrance psychologique. La faute à une simple ignorance des maladies mentales et de leurs implications? Pour le Dr Nicolas Wuyard, psychiatre en région liégeoise, il s’agit d’abord d’un manque de visibilité.

Dans l’imaginaire collectif les maladies mentales n’ont peu ou pas de légitimité, car il n’y a la plupart du temps aucune lésion physique objectivable à l’oeil nu. Et quand il y a des lésions, par exemple dans le cas d’une personne souffrant d’anorexie, on ne les légitime quand même pas car elles sont le plus souvent la conséquence plutôt que la cause de la pathologie mentale, et non seulement on ne les relie pas souvent à la souffrance qui est derrière, mais en plus, on part du principe qu’elles sont auto-infligées et donc méritent moins de compassion”.


Quel.le anorexique n’a en effet jamais entendu un petit “mais enfin, mange un peu” des familles, comme si c’était si simple? Sauf que ça ne l’est pas, et que le faire comprendre est (très) compliqué.

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 Une douleur “moins légitime” pour les maladies mentales


D’autant que les personnes souffrant de maladies mentales sont souvent les premières à minimiser leurs souffrances. Psychiatre en institution, où il reçoit également des patients extérieurs en consultation, le Docteur Wuyard confie ne plus compter “le nombre de patients relativement fonctionnels qui viennent en consultation, voient les patients institutionnalisés dans le parc, et passent toutes les premières consultations à tenter de me convaincre qu’ils ne sont pas fous, qu’il y a pire”.

Même dans le vécu personnel, il y a toujours ce sentiment de “ce n’est pas normal que je me sente mal parce qu’il y a pire que moi”, un mécanisme qu’on constate beaucoup moins avec les maladies physiques, parce que la douleur est ressentie comme étant plus légitime quand il y a une lésion visible”. – Dr Nicolas Wuyard


Et de raconter encore le cas de cette patiente écartée durant plus d’un an à son travail pour cause de dépression, et qui a caché les vraies raisons de son absence, préférant évoquer un nerf sciatique douloureux. “Pour elle, la dépression était quelque chose qui ne pouvait arriver qu’aux gens faibles, or elle ne l’était pas”. Une manière d’éviter la stigmatisation, aussi: “quand tu as un proche qui est atteint d’un cancer, tu compatis, tu te dis que c’est horrible, injuste, difficile, mais quand tu as un pote dépressif, tu le laisses dans son coin parce qu’il ne veut rien faire, tu pense que “s’il bougeait un peu, ça irait mieux”, alors que les personnes dépressives ne choisissent pas de se sentir comme ça, elles ne le font pas exprès, elles ne prennent plus aucun plaisir à rien faire, c’est terrible”. Dénonçant encore le fait que dans l’imaginaire collectif, il y a “un clivage entre les fous et les pas fous et aucun espace entre les deux”, il adresse un rappel nécessaire: “il faut bien retenir qu’en santé mentale, on travaille avec la souffrance, pas avec la folie”.

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