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Il est temps de changer la manière dont on parle des maladies mentales

Kathleen Wuyard

Les maladies mentales, comme leur nom l’indique, ne sont jamais que des maladies, comme une bronchite, par exemple. Sauf que la différence entre pathologies physiques et psychologiques est criante dans la manière dont on en parle, et il est temps de changer ça.


D’une voix douce, et néanmoins déterminée, la patiente qui apparaît à l’écran s’exprime en regardant droit dans la caméra. Elle, c’est l’une des patientes du centre où le réalisateur Jorge León est venu filmer Mitra, son film consacré au calvaire de la psychiatre iranienne Mitra Kadivar, accusée à tort d’avoir sombré dans la folie. Car en 2018, les maladies mentales sont encore fortement stigmatisées, et un diagnostic s’apparente parfois à un marquage au fer rouge, ainsi que l’explique la jeune femme filmée par le réalisateur belge. En cause, notamment, la manière dont on parle de ces pathologies psychiatriques, et plus précisément, le verbe choisi pour les désigner.

Quand vous avez un cancer, on ne dit pas que vous “êtes cancer”, on va dire “elle a un cancer”. Mais dans le cas des maladies mentales, on va dire “elle est schizophrène, elle est maniaco-dépressive, elle est, elle est, elle est”... Votre personnalité s’efface, et vous devenez votre maladie, c’est extrêmement violent.


Une violence souvent inconsciente, dont nous sommes pourtant tous coupables. Nul besoin d’être bourré de préjugés négatifs pour catégoriser de la sorte les maladies mentales, puisqu’après tout “c’est comme ça qu’on en parle”. Sauf que si décider du jour au lendemain de dire de l’une ou l’autre “elle est cancéreuse” ou “il est fracturé” peut sembler violent et inutile, à l’inverse, faire le simple changement de dire “elle a une dépression” ou “il a une forme d’autisme” n’a l’air de rien mais peut faire toute la différence. Parce que ce qui différencie ces maladies des autres, au final, ce n’est jamais “que” l’endroit où elles frappent: bien diagnostiquée et traitée, une maladie mentale n’est pas plus handicapante au quotidien qu’une autre pathologie. Alors il est grand temps d’arrêter de traiter ceux qui en souffrent comme si c’était le cas.

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