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© @Getty Images

Oui, on peut correspondre aux standards de beauté et être complexée

Camille Hanot
Camille Hanot Journaliste


Le monopole du complexe n’existe pas disait Marion Seclin. Être grande, mince et rentrer dans les « canons de beauté » ne sous-entend pas être bien dans ses baskets. Pourquoi le rapport au corps est-il si complexe ?


Tout est parti de l’écoute d’un nouveau podcast baptisé Tiramisu. À travers ses épisodes sur « mon corps, ma maison », l’autrice partage des témoignages qui parlent du rapport au corps, des complexes et de l’amour de soi. Dans ce podcast, tout le monde a droit à la parole. « Parce que le body love et l’amour de soi vont au-delà du fait de se sentir « grosse ». Parce que l’amour de soi englobe tellement de corps différents. Que oui, ce n’est pas parce que tu as le corps considéré comme « parfait » que tu n’as pas le droit de te plaindre ou d’exprimer tes complexes. »

Parmi les témoignages récoltés, plusieurs parlent de la légitimité d’avoir des complexes alors que l’on rentre dans les « normes de beauté ». « Je ne me sens pas légitime de ressentir ça parce que je fais partie de ces filles qui rentrent dans du 34/36 et qui ne sont pas supposées être complexées mais qui sont supposées complexer les autres. (…) Mon rapport avec mon corps est compliqué, et c’est peut-être encore plus appuyé par le fait que par rapport à d’autres filles qui pèsent peut-être un peu plus que moi, je sais que si je fais une remarque sur moi, elles vont terriblement m’en vouloir, elles vont me dire « mais toi tu n’as rien à dire » Sauf que je ne me vois pas comme ça. »



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Sur Instagram, Marine Decour – autrice d’une série de Talk disponibles sur IGTV – a abordé le thème de la beauté et plus précisément « Qu’est-ce que ça fait d’être belle ? ». Elle y explique que « dans notre société quand on a un physique avantageux, on peut difficilement parler de ses problèmes. Une fille qui répond aux standards de beauté et qui se plaint recevra comme réflexion « la nature t’a gâté » « tu n’as rien à dire », « tu as beaucoup trop de chance », « tu n’as pas à te plaindre ». Interrogée également dans le podcast Tiramisu, elle déclare :

J’estime avoir une chance au niveau physique et c’est peut-être pour ça que je n’ose pas me plaindre, car j’ai peur de contrarier des personnes qui ont peut-être plus de complexes que moi, ou qui se sentent moins bien dans leur peau. Du coup, je déteste parler de ça, car j’ai peur de passer pour quelqu’un que je ne suis pas, mais avoir un physique avantageux ne l’est pas toujours quand il s’agit d’amour véritable ».


Il y a quelques semaines, la blogueuse française Lisa Germaneau abordait elle aussi ce rapport au corps. Jugée trop maigre par certains de ses followers et par ses camarades de classe dès son enfance, elle déclare : « Je me demande toujours pourquoi on dit à quelqu’un qu’il est maigre alors qu’on n’oserait jamais dire à quelqu’un qu’il est « gros ». Pourtant, j’ai moi aussi des complexes et c’est mon droit, être mince ne veut pas dire être « parfaite ». Être mince ne veut pas dire ne pas avoir de cellulite, être mince ne veut pas dire ne pas stocker, ne pas avoir d’amas graisseux à un endroit plus qu’à un autre… Nous sommes en 2020 et les mentalités n’ont toujours pas changé… »

Le monopole du complexe


Dans une vidéo baptisée « Mon corps, ce héros » datant de 2018, Marion Seclin expliquait que personne n’a le monopole du complexe. Pendant quelques minutes, la YouTubeuse et auteure s’interroge sur les standards de beauté de notre société et avoue que son corps s’en rapproche, mais que « ça n’a pas empêché à son corps d’en chier ». Marion Seclin énumère les remarques qu’elle a déjà entendues « Comment tu oses te plaindre tu fais du 36 », « Genre toi, tu complexes! » mais comme la jeune femme le dit si bien « Personne n’a le monopole du complexe. »

Lire aussi: À VOIR: dans cette vidéo, Marion Séclin remercie son corps et on devrait tous faire pareil

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Le rapport au corps


Finalement, à travers ces différentes histoires et témoignages, un fait ressort : nous sommes nombreux(ses) à avoir un rapport compliqué à notre corps. Les complexes nous bouffent. C’est d’ailleurs, en partant de ce postulat, que l’idée du podcast Tiramisu est né, parce qu’« on est beaucoup trop à ne pas aimer son corps sans être anorexique ou boulimique pour autant ».

Comme l’explique d’emblée, Marylin Merlo – psychologue – les complexes sont des sentiments complexes. « Ils renvoient à un sentiment de mal-être, ils indiquent qu’une personne n’est pas alignée avec elle-même et qu’elle ne se sent pas en harmonie entre ce qu’elle est, ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent. De la sorte, ce sentiment crée une dissonance entre ce que l’on pense de soi, qui ne correspond pas à ce que l’on ressent et ce que l’on est au niveau corporel.

Si la psychologue souligne qu’évidemment tout le monde a le droit de se plaindre peu importe son apparence physique, elle relève qu’au fond ce complexe et ce sentiment d’être légitime ou non d’en parler renvoient à un problème d’amour de soi. « Lorsqu’on n’est pas en équilibre avec soi, souvent c’est parce qu’on ne s’aime pas – ce qui n’a rien à voir avec l’estime ou la confiance en soi. Lorsqu’on ne s’accueille pas, on génère des croyances négatives, puis des émotions (qui sont des sensations corporelles) et les autres par résonance ressentent cette dissonance : on renvoie une image de quelqu’un qui est mal dans sa peau. »

Pour que ça change globalement, il faudrait d’abord que la société change. « Même si on n’y est pas encore aujourd’hui, il serait essentiel de travailler la société au niveau de la bienveillance et de l’acceptation de chacun. C’est un point primordial ».

Au niveau individuel, il faudrait apprendre à se détacher du jugement des autres et ré-analyser ses croyances. « Notre rapport au corps est complexe et d’un point d’un niveau psychologique, il prend naissance dans le mode de soin que l’on a reçu enfant. Comment a-t-on été soigné ? Comment nous a-t-on appris à considérer notre corps ? Comme un objet d’apparat ou d’expression de soi ? Les représentations du corps se forgent via l’éducation. Heureusement, il est possible de transformer ces croyances génératrices de souffrance » explique-t-elle.

Comment ?


Apprendre à faire la part des choses et se poser les bonnes questions : « L’avis que j’ai sur mon corps vient-il de moi ? De mon histoire ? De l’extérieur ? D’une certaine société qui veut me mettre dans des cases ? Il est important de faire un travail sur soi et son corps d’acceptation et de légitimité. Il faut comprendre d’où ça vient – une fois que l’on comprend comment ça s’est tissé/ mis en place, on peut commencer à prendre de la distance par rapport à ça. »

La psychologue insiste : apprenons à rayonner ! « Qu’y a-t-il de plus beau qu’une femme qui n’est peut-être pas dans les canons de beauté mais qui rayonne ? Si une femme est en accord avec elle-même, peu importe son style physique, la société lui rendra ce regard. Rappelons-nous aussi que comme le dit si bien, Manon Seclin, nous n’avons qu’un seul corps « que je t’aime ou pas, je vais avoir à vivre avec toi jusqu’à ce que tu crèves donc je vais tâcher de passer plus de temps à t’apprécier. (…) Merci toi, merci de porter mes organes, merci de me permettre de me déplacer dans l’espace, merci pour ces orgasmes, merci pour mon estomac, merci pour mes papilles, merci pour tout… »



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