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PSYCHO: comment devenir une personne inspirante?

Justine Rossius


Dans son livre intitulé “Tout le monde peut être inspirant”, Jean-Charles della Faille confie les ingrédients qui nourrissent les personnalités inspirantes. Il donne les clés pour les reconnaître, pour s’en méfier parfois, mais aussi pour augmenter son propre potentiel d’inspiration.


Si on vous demandait de compter les personnes inspirantes que vous connaissez, vous n’en citeriez sans doute pas plus qu’une petite dizaine. Pourtant, le nombre de personnes qui nous inspirent quotidiennement est énorme et nous inspirons également des gens sans en avoir conscience. Comme l’explique Jean-Charle della Faille dans son bouquin intitulé Tout le monde peut- être inspirant:

Les inspirants sont attirants. On aime les suivre où qu’ils aillent, quoi qu’ils fassent, parce qu’ils nous élèvent, nous apportent quelque chose. (…)


Vous pensez ne pas être une personne inspirante? Détrompez-vous: tout le monde peut être inspirant. C’est une question d’apprentissage!

L’inspiration sous toutes ses facettes


Mais déjà, c’est quoi quelqu’un d’inspirant ? Cela dépend évidemment des gens! Pour Charlotte, 32 ans, la personne la plus inspirante qu’elle connaisse n’est autre que sa tante, infirmière dévouée, qui passe des jours et des nuits à propager de la bienveillance aux patients de l’hôpital. Pour Sacha, 28 ans, c’est plutôt sa boss, qui a créé sa boîte toute seule (qui cartonne aujourd’hui) tout en devant s’occuper en solo de deux enfants en bas âge. “Ce qui m’inspire, c’est avant tout l’indépendance de cette femme que rien ne semble arrêter” nous explique-t-elle. Pour Maxime, 34 ans, c’est son papa qui s’est toujours dévoué à sa famille, n’hésitant pas à travailler les week-ends, pour survenir aux besoins de tout le monde. “Je le vois comme un super-héros, qui a puisé son courage dans son amour pour moi et mes frères”. Certains voient plus loin que leur sphère proche, évoquant en tout premier lieu la figure de proue du mouvement écologiste Greta Thunberg ou encore le parcours politique d’un Barack Obama. Pour Jean-Charles della Faille, les personnes inspirantes incarnent quelque chose — le changement, la modernité, l’humour, etc. — qui les rend intrigantes, fascinantes ou même détestables. “De façon consciente ou inconsciente, les inspirants veulent nous transmettre ce quelque chose” écrit-il.

Une question de valeurs


Les inspirants voudraient donc avant tout transmettre leurs valeurs, qu’ils ont intégrées parfois dès leur plus jeune âge et dont la défense et la transmission font véritablement partie de leur mission de vie. “Lorsque nous faisons vivre nos valeurs avec force, c’est comme si des petites ampoules s’allumaient en nous”, explique l’auteur de manière imagée. “Et la lumière ainsi générée indique le chemin, tel un phare sur une falaise et le marin en pleine mer. Voilà pourquoi nous sommes inspirés par les inspirants.” Si les valeurs d’une Greta Thunberg ou d’un Barack Obama sont limpides, celles d’autres inspirants sont parfois moins clairement perceptibles.

Quand on demande à Sacha pourquoi sa boss l’inspire tant, en creusant un peu, on perçoit que c’est avant tout pour les valeurs d’indépendance et de féminisme qu’elle incarne: “Finalement, ce n’est pas le fait qu’elle gagne de l’argent ou qu’elle soit maman que j’admire, car ce ne sont pas des choses auxquelles j’aspire spécialement. Mais j’aime l’idée que ce soit une femme indépendante, qui n’a pas besoin d’un homme pour avancer et rayonner. Une vraie femme forte” souligne-t-elle. Les valeurs à partager sont nombreuses. Quelques exemples ? L’audace, la bienveillance (à l’instar de la tante infirmière de Charlotte), l’authenticité, le dépassement de soi, l’empathie, la fiabilité, la liberté, l’ouverture d’esprit, la justice, la rébellion…  Pour devenir quelqu’un d’inspirant, il faudrait alors tout d’abord déceler les valeurs que l’on souhaite incarner.

Les 4 types d’inspirants


Toujours selon l’auteur, il existerait en fait quatre catégories d’inspirants: les inclusifs, les exclusifs, les inspirants à deux visages et les pseudo-inspirants. Savoir les reconnaître, c’est pouvoir se rapproche de l’inspirant inclusif (le seul qui fait sens) et se détourner des autres profils.

  • Les inspirants inclusifs: ils consacrent le maximum de forces en présence pour atteindre un objectif commun, positif, plus grand qu’eux. Ils s’incluent eux-mêmes également en respectant les règles des communautés qu’ils intègrent. Concrètement, les inspirants inclusifs rassemblent avec bienveillance, font grandir les autres et les écoutent, sont authentiques et ont le sens du sacrifice. Un exemple? Malafa Yousafzai, militante pakistanaise des droits des femmes qui s’oppose aux talibans qui veulent interdire la scolarisation des filles. Elle a reçu en 2014 le prix Nobel, faisant d’elle la plus jeune lauréate en 114 ans de l’histoire du Nobel.
  • Les inspirants exclusifs: ceux qui inspirent de manière exclusive le font dans leur unique intérêt ou celui de leur communauté. Comme leur nom l’indique, ces inspirants excluent et montent certaines personnes les une contre les autres avec une malveillance assumée. Ils divisent, stigmatisent, ils mentent, trahissent, ils affichent des signes extérieurs de réussite, ils sont vantards et aiment se sentir au centre de l’attention, ils aiment se poser en victimes et accaparent le succès des autres. Un exemple? Donald Trump, 45e président des États-Unis, dont l’élection fut bâtie sur la division et la stigmatisation des élites, des femmes, des journalistes, des Mexicains ou encore des Musulmans, et dont le culte de la personnalité est une évidence.
  • Les inspirants à deux visages: ceux-là sont la plupart du temps inclusifs à l’extérieur et exclusifs à l’intérieur. Ce qui signifie qu’ils rassemblent à l’extérieur mais dirigent d’une main de fer à l’intérieur. Ils sont admirés à l’extérieur, craints à l’intérieur. Ils écoutent ce qui les arrange, ils ont souvent une excellente communication et manient l’art du story-telling. Un exemple? Margaret Thatcher, femme d’état britannique, surnommée la Dame de Fer. Elle a redressé l’économie en mettant en place des réformes radicales, et est connue pour sa fermeté face aux grévistes de la faim de l’IRA provisoire notamment. Elle reste l’une des figures britanniques les plus admirées et les plus détestées, car elle a réussi à restaurer la grandeur britannique, mais au « sacrifice » de nombreux travailleurs.
  • Les pseudo-inspirants : ce sont des très bons communicants, mais qui ne font souvent que cela. Ce sont des imposteurs, qui inspirent avec des valeurs qui ne sont pas véritablement les leurs. Ils jouent un rôle (ce sont de très bons comédiens), ils semblent incarner l’air du temps: ce sont des opportunistes qui comblent un vide à un moment donné mais qui ne tiennent pas leurs promesses sur la durée. Un exemple ? Lance Armstrong, qui, après avoir gagné 7 fois d’affilée au Tour de France, a été reconnu coupable de dopage.


Passion et contribution


Mais finalement, comment devenir soi-même inspirant? Ainsi que l’explique Jean-Charles Della Faille, la passion, tout comme les valeurs, font partie intégrante des ingrédients qui nourrissent l’inspirant. « À l’inverse, ceux qui n’inspirent personne ne semblent pas être passionnés par leur fonction, leur job, leur mission. Ils ont même parfois l’air de se forcer. » Pour être inspirant, il est donc utile de chercher ce qui vous passionne, qui peut donner sens à votre vie. Écoutez votre cœur et laissez-vous guider! En général, les personnes inspirantes apportent (ou essayent d’apporter) quelque chose au monde. Ils font les choses pour eux, mais aussi pour les autres: parce qu’ils veulent bousculer les choses, apporter leur pierre à l’édifice. Si vous souhaitez augmenter votre potentiel en matière d’inspiration, demandez-vous ce que vous aimeriez apporter au monde.

Prise de risque et remise en question


Que ce soit pour lancer sa boîte ou organiser une manifestation contre des décisions gouvernementales, nous prenons des risques et c’est ce courage qui force l’admiration, comme l’explique Tout le monde peut être inspirant. Cette audace va aussi de pair avec la volonté de ne pas plaire à tout le monde: quelqu’un de réellement inspirant prend aussi le risque de déplaire à certaines personnes en défendant une cause. Comme l’explique l’auteur, il ne faut pas avoir peur de déplaire à court terme pour nous imposant à long terme. Mais malgré cette prise de position, il est aussi important de se remettre en question de temps en temps pour rester inspirant.

Il faut pouvoir prendre de la hauteur par rapport aux critiques et feedbacks négatifs. Bien sûr, quelqu’un d’inspirant a une vision et de l’ambition, mais aussi de la bienveillance. Plus surprenant, l’auteur du livre évoque aussi la solitude comme ingrédient nécessaire aux inspirants: pour puiser l’inspiration, les solutions, les réflexions ou les remises en question sont nécessaires. Enfin, il explique l’importance et les clés pour être un inspirant inclusif, pour ne pas que le leadership s’apparente à de la manipulation. Pour être un leader inclusif, il faut avant tout le vouloir profondément, s’aligner à ses valeurs et se battre pour notre cause et non contre ceux qui nous attaquent, activer sa bienveillance et son empathie, en nous mettant à la place des autres et passer à l’action en posant des actes inclusifs et concrets. L’optimisme aussi, prend une place de choix dans le kit du parfait inspirant… Car comme prévient l’auteur: lorsque nous ne sommes pas du côté des inspirants, nous pouvons vite tomber du côté des désespérants. Pour être quelqu’un que l’on suit, qu’on admire, il faut faire preuve d’optimisme, n’en déplaise à ceux qui le confondent avec l’utopisme. “Pour changer le monde, il faut des gens qui osent rêver” encourage l’écrivain, tout en citant le discours d’Arnold Schwarzenegger à la gloire des rêveurs, prononcé le 28 mai 2019 lors du sommet mondial autrichien pour le climat:

Tout progrès débute avec un rêve. Les rêveurs détestent le statu quo. Quand les rêveurs entendent qu’une chose n’a jamais été faite, ils ne se dérobent pas devant elle, ils relèvent le défi (…) Greta (Thunberg, ndlr.) est une rêveuse dans tous les sens du terme. En août dernier, elle a entamé une grève scolaire jusqu’aux abords du Parlement suédois afin de demander des mesures pour un futur en énergie propre. Elle était seule au début. Mais comme la plupart des rêveurs qui ont changé le cours de l’histoire, elle ne le fut pas pour longtemps. Des millions de jeunes rêveurs, venant d’une centaine de pays de par le monde, ont rejoint Greta pour demander aux adultes d’agir, eux qui sont assis actuellement dans les couloirs du pouvoir…


Ce qu’on retient alors? Que pour être inspirant, il faut avant tout ne pas avoir peur de rêver. Rêver tout haut pour voir éclore les rêveurs les plus timides.



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