Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

Les astuces d’une médecin pour avoir un rapport sain à l’alcool

Justine Rossius

Sigrid Sijthoff est médecin et spécialiste des addictions. Elle nous donne des astuces pratiques pour trouver une manière saine de gérer l’alcool.

« L’alcool est un outil formidable. Vous vous sentez peu sûr de vous ? Un verre de vin vous mettra en confiance. Vous êtes stressée ? Un verre calme vos nerfs. Vous êtes à une fête où vous ne connaissez pas grand monde et vous vous sentez un peu timide ? Il existe une solution : la boisson du courage. Ce qui est agréable le devient encore plus avec une bière en main et cette bière mène facilement à la suivante. Plus vous buvez, plus cette option magique vous séduit et plus il devient difficile de résister.

Dans un monde idéal, l’alcool n’existerait pas. D’ailleurs, si nous voulions amener l’alcool sur le marché aujourd’hui, il ne serait probablement pas approuvé. L’alcool est souvent à l’origine des violences domestiques, des agressions nocturnes et de nombreux accidents de la route. De plus, il est difficile de combiner un mode de vie sain avec une consommation excessive d’alcool. Une cigarette accompagne souvent une bière fraîche, un passage à la friterie est plus tentant après une nuit arrosée et le jour suivant, on se sent moins en forme.

L’alcool a également un impact psychologique et émotionnel sur notre état d’esprit. La morosité, le fait d’avoir une mauvaise image de soi, les problèmes relationnels et le stress vont souvent de pair avec la consommation d’alcool.

Les recherches démontrent même que les tendances dépressives diminuent et que les sentiments négatifs s’estompent lorsque les gens font une pause sans alcool. Votre vie change à bien des égards lorsque vous buvez moins. Je l’ai clairement remarqué dans ma pratique.

L’alcool est très clairement un élément perturbateur, mais il peut aussi être un connecteur, de temps en temps. Si vous le consommez avec modération. Je ne plaide donc pas pour l’abolition de l’alcool. Ce que je souhaite prouver, c’est que vous pouvez prendre le contrôle de vos pensées, établir une relation saine avec l’alcool et laisser la bouteille fermée plus souvent. Et ce conseil ne s’adresse pas qu’aux alcooliques, mais aux nombreux Belges qui boivent trop. »

Diminuer, ça fonctionne

La bonne nouvelle, c’est que si le problème n’est pas trop important, vous pouvez y remédier par vous-même. Tout ce que vous devez faire, c’est de vous assurer de ne pas être trop souvent confronté à l’alcool. Parce que voir des gens qui boivent, ça fait boire. Surtout si vous avez déjà bu un verre : vous en voudrez davantage. Si vous arrêtez de boire pendant un moment ou si vous ne buvez plus que le week-end, il vous sera plus facile d’abandonner l’alcool. C’est la clé du succès. En outre, ces dernières années, nous avons davantage pris conscience de l’impact de l’alcool sur nos vies et sur la société. J’applaudis cette évolution, avec les initiatives comme la Tournée Minérale ou l’arrivée sur le marché de nouveaux mocktails ou bières sans alcool. Il y a un changement de mentalité. Mais attention : la bière sans alcool n’est pas toujours sans alcool. Selon la loi, la bière sans alcool peut contenir jusqu’à 0,1 % d’alcool. Ce n’est que si l’étiquette mentionne vraiment 0,0 % qu’elle est entièrement sans alcool.

Je dis toujours : d’abord, arrêtez de boire pendant 66 jours. C’est à peu près le temps qu’il faut pour prendre une nouvelle habitude. Observez ce que l’arrêt de l’alcool fait à votre esprit et à votre corps. Utilisez ce temps pour faire quelque chose d’amusant.

Dépoussiérez ce vieil instrument de musique ou allez vous balader au grand air. Après cette période, vous aurez plus de contrôle sur vos actions et vous pourrez à nouveau boire un verre avec vos amis. Ne buvez plus parce que vous vous ennuyez, parce que vous êtes triste ou que vous souffrez de FOMO. C’est ce qui fera toute la différence. »

Comment savoir si j’ai vraiment un problème ?

Le fait d’être alcoolique ou non dépend de toutes sortes de facteurs. D’après le gouvernement belge, on peut boire plusieurs verres par jour : jusqu’à dix verres par semaine. Si vous buvez plus que ce qui est recommandé, le Conseil de la Santé considère que ce n’est pas sain. Dans certains pays, ce chiffre est inférieur. Mais en fait, il ne s’agit pas tant de savoir combien vous buvez, mais plutôt, de savoir quelle fonction l’alcool a pour vous. Un signe d’alcoolisme peut être : vous vous levez le matin et vous êtes sûr·e que vous n’allez pas boire d’alcool, sauf qu’après votre lourde journée de travail, vous plongez dans votre frigo à la recherche d’une bouteille de vin blanc. Vous buvez, même si vous vous étiez promis le contraire. L’alcool se voit donc attribuer une fonction claire dans votre vie : la détente.

Les chiffres

Dans le monde, chaque année, 3 millions de personnes mourraient d’une consommation excessive d’alcool. En Belgique, quelques 741.000 personnes boivent jusqu’à en mourir chaque année. Et ce alors que, selon les mesures de santé préventives du gouvernement, nous ne devrions pas dépasser 10 verres par semaine. En 2018, 7,4 % des hommes et 4,3 % des femmes (15 ans et plus) avaient rapporté une consommation dangereuse d’alcool (respectivement plus de 21 ou plus de 14 verres par semaine). En d’autres termes : nous buvons beaucoup trop. En outre, l’alcool est responsable de 12,5 % de tous les cas de cancer. Et 1/3 de ces 12,5 % surviennent auprès de personnes qui consomment moins de 10 verres par semaine. C’est curieux : la mesure préventive belge utilise ce chiffre comme ligne de conduite en matière de santé, alors que notre corps montre autre chose. L’augmentation de l’incidence du cancer du sein est particulièrement frappante. La Belgique, avec les Pays-Bas, en est l’un des chefs de files mondiaux. Dans notre petit pays, 1 femme sur 9 aura un cancer du sein au cours de sa vie. Autre chiffre alarmant : chaque verre d’alcool augmente de 10 % vos risques de contracter un cancer du sein.

PLAN ÉTAPE PAR ÉTAPE

Tenez un journal

Pendant un mois, notez-y combien de verres vous buvez, quand et avec qui. Comment vous sentez-vous quand vous buvez ? Pourquoi buvez-vous ? Notez également les avantages et les inconvénients de l’alcool dans votre vie.

Faites une pause sans alcool de temps en temps

Offrez une pause à votre corps et ne buvez pas pendant un certain temps. C’est la formule détox idéale pour votre corps et votre esprit. Essayez la formule de la spécialiste Sigrid Sijthoff: arrêtez pendant 66 jours.

Dressez une liste des raisons pour lesquelles vous souhaitez arrêter l’alcool

Quelles sont les raisons qui vous poussent à diminuer? Faites-en une liste. Et quand vous avez du mal, relisez-la.

Soyez attentifs aux déclencheurs

Préparez-vous aux situations compliquées. Quand serez-vous tenté·e ? Réfléchissez à l’avance à une manière d’y faire face. Nommer ces moments de faiblesse vous aidera à les gérer plus tard.

N’ayez pas d’alcool à la maison

Pas d’alcool à la maison signifie pas de tentation. Et puis, économiser sur l’alcool ne fera pas de mal à votre portefeuille.

Passez des accords clairs avec vous-même

Décidez à l’avance de la quantité d’alcool que vous voulez boire lors d’une soirée. Ce que vous allez boire et quand vous allez vous arrêter. Ne buvez pas seul·e, mais seulement avec d’autres personnes.

Alternez alcool et eau ou boissons gazeuses

Après chaque verre d’alcool, buvez un verre sans alcool.

Cherchez du soutien dans votre entourage ou demandez de l’aide

Parlez de votre projet à vos ami·e·s et demandez-leur de vous soutenir lorsque ça devient difficile pour vous.

N’oubliez pas de manger

Il est parfois difficile pour notre corps de faire la distinction entre la faim ou l’envie de boire. Il est donc préférable de manger un fruit ou quelques noix vers 17 heures. Il vaut également mieux ne pas boire de l’alcool si vous avez soif ou si vous avez l’estomac vide.

Planifiez vos soirées

Si vous voulez boire moins, prévoyez de chouettes soirées. Distrayez-vous. Faites du sport, bougez ou jouez à un jeu de société.

Rappelez-vous que la punition ne fonctionne pas, la récompense oui

Tout le monde commet des erreurs . Ne soyez pas trop dur·e envers vous-même. Tirez des leçons de vos expériences et notez-les dans votre journal. Récompensez-vous lorsque vous avez résisté à la tentation. Vous le méritez.

Infor-Drogues est joignable au 02/227.52.52 et via Infordrogues.be.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires