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© A rainbow flag on front of Trinity Church in New York.

Les évêques allemands reconnaissent l’homosexualité comme ““normale””, l’Eglise les taxe d’hérétiques

Kathleen Wuyard

Bien que la Bible y fasse référence, l’Eglise continue à adopter une position très dure envers l’homosexualité, 2019 ans après Jésus-Christ qui n’était pourtant qu’amour, s’il faut en croire les textes qui subsistent. En Allemagne, les évêques viennent pourtant de reconnaître l’homosexualité comme étant “normale”, ce qui leur a immédiatement valu d’être qualifiés d’hérétiques.


“Hérétique”, pour rappel, cela signifie qui soutient une hérésie, soit une opinion ou une doctrine contraire aux idées reçues. Soit, dans le cas de la Conférence épiscopale allemande, la décision d’affirmer haut et fort que l’homosexualité est “une forme normale de prédisposition sexuelle”. Un pas en avant d’autant plus ahurissant quand on sait que le dernier Pape originaire de la région, Benoît XVI, n’avait quant à lui pas hésité à lier la pédophilie au sein de l’Eglise aux “cliques d’homosexuels” qui se seraient installés dans ses rangs. Pas gai, le pontife. Qu’à cela ne tienne, dans un communiqué relayé par Têtu, l’archevêque de Berlin, Heiner Koch, a adopté une position rafraîchissante de tolérance sur la sexualité.

La préférence sexuelle de l’homme s’exprime à la puberté et adopte une orientation hétérosexuelle ou homosexuelle (...) L’une et l’autre constituent des formes normales de prédisposition sexuelle ni ne peuvent ni ne devraient être changées par une socialisation spécifique”.


Et de rappeler au passage qu’en 2016 déjà, le Pape François avait exhorté l’Église à prendre en compte les dernières découvertes scientifiques et théologiques sur la sexualité humaine, ce qui a poussé Heiner Koch à aller plus loin dans son communiqué et à condamner vertement “toute forme de discrimination envers les personnes ayant une orientation homosexuelle”. Un grand pas pour l’Eglise, vu comme un sacré pas de travers par certains de ses membres, qui se sont empressés de qualifier les évêques à l’origine du communiqué d’hérétiques.

Outre-Atlantique, où s’exerce dans certaines paroisses une forme particulièrement dure et intransigeante du catholicisme, une pluie de critiques s’est abattue sur la position des évêques allemands, un prêtre du New-Jersey ayant notamment tweeté que “Les Allemands hérétiques sont aux bord d’un schisme formel”, prouvant qu’on peut vivre avec son temps (et les réseaux sociaux) tout en ayant une mentalité parfaitement rétrograde. Si l’Eglise dans son ensemble ne semble pas prête à accepter enfin l’homosexualité, les initiatives se multiplient pour ouvrir les voies du Seigneur aux personnes LGBTQIA+, pour qui l’orientation sexuelle n’équivaut pas automatiquement à un rejet de la foi, même s’ils se trouvent souvent rejetés par leurs paroisses. En France, le Secrétaire du Conseil National des Grands Séminaires, le Père Jean-Marc Micas rappelait d’ailleurs récemment qu’on peut tout à fait être homosexuel et “bon catholique”, soulignant que “chaque personne est sur un itinéraire de vie qui tend vers la perfection de Dieu”, mais éliminant toutefois la possibilité pour l’Eglise d’ordonner un prêtre ouvertement homosexuel. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existent pas pour autant: en février dernier, une enquête passionnante du New York Times donnait la parole à des prêtres homosexuels, qui vivaient leur sexualité non pas comme étant “forcés de rester dans le placard mais bien dans une cage”, alors même qu’ils seraient des milliers dans le cas. Pour rappel, la Bible intime bien “d’aimer son prochain comme soi-même” (Matthieu 22:39), sans aucune référence à son orientation sexuelle, n’en déplaise aux hérétiques qui y voient un message de haine.

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